Une étude française menée auprès de 2000 motards révèle que ces derniers se méfient de la conduite des autres usagers de la route et reprochent à leurs compères certains comportements qu'ils adoptent pourtant eux-même. Y-aurait-il un bon et un mauvais motard ? Sondage.
"À la veille du Bol d’Or qui se déroulera du 12 au 15 septembre 2024 sur le circuit du Castellet, la Fondation Vinci Autoroutes et 2-roues Lab’ publient les premiers résultats d’une enquête inédite sur les conducteurs de deux roues motorisés", annonce la Mutuelle des Motards fondée en 1983 en marge du… Bol d'Or (!) et à l'origine en 2011 du "premier laboratoire de recherche au service des conducteurs de 2 et 3-roues à moteur".
Le spécialiste de l'assurance moto et le premier concessionnaire autoroutier français (4443 km de bitume) ont interrogé pas loin de 2000 motards (des "vrais" pour l'immense majorité, lire l'encadré plus bas) afin de mieux connaître leurs craintes et leurs comportement au guidon...
"Inattention, somnolence, vitesse excessive, alcool… : quelle perception ont les conducteurs de 2-roues motorisés des risques sur la route ? Quels comportements adoptent-ils pour prévenir les dangers éventuels ? Comment perçoivent-ils la conduite des autres conducteurs sur la route ?", s'interrogeaient les enquêteurs.
Premier constat : quatre motards sur cinq s'inquiètent du comportement des autres usagers sur la route. Une peur bien légitime puisque la moto n'offre pour ainsi dire aucune protection contre les chocs. Logique dès lors, "qu’en 2023, les usagers de deux-roues motorisés représentent 22% des tués sur les routes françaises soit 706 personnes" (source ONISR, Bilan des accidents mortels 2023).
Méthodologie de l’étude et profil des répondants |
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Pour les enqeêtur, "l’équipement complet est reconnu comme gage de sécurité en cas de chute : 98% (des interrogés) roulent toujours avec des gants, 91% utilisent toujours un équipement adapté". Hélas, le casque et gants (obligatoires pour rappel) ainsi que les blouson, pantalon renforcé et bottes (conseillées) ne suffisent pas toujours à éviter les bobos. MNC a déjà traité ce douloureux sujet…
"Des craintes qui semblent justifiées car 62% d’entre eux ont déjà eu ou failli avoir un accident en raison d’une manœuvre dangereuse d’un automobiliste ou d’un conducteur de poids-lourd", révèle aussi l'étude des laboratoires de la Mutuelle et de Vinci.
Selon les sondés, les principales causes d'accidents mortels causés par un tiers sont "l’inattention (pour 71 % d’entre eux en ville, 54 % sur autoroute et voie rapide, 45 % en campagne), la somnolence (pour 40 % d’entre eux sur autoroute et voie rapide, 4 % en campagne, 1 % en ville), une manœuvre dangereuse (pour 62 % d’entre eux en ville, 40 % en campagne, 37 % sur autoroute et voie rapide), une vitesse excessive ou inadaptée (pour 56 % d’entre eux en campagne, 36 % sur autoroute et voie rapide, 31 % en ville)", rapporte l'étude.
"Toujours selon eux, les causes d’accidents mortels sans tiers sont une vitesse excessive (75 % en campagne, 61 % en ville, 53 % sur autoroute) et la perte de contrôle (68 % en campagne, 55 % en ville, 42 % sur autoroute)". Les autres motards qui se tuent sur nos routes seraient-ils donc des pilotes frustrés et/ou incompétents ?
Paradoxalement, la quasi totalité des motards interrogés (99% !) confessent "dépasser de quelques kilomètres/heure la limitation de vitesse indiquée". Un léger écart de - bonne - conduite qui n'est d'ailleurs pas le seul puisque les motards concèdent également prendre quelques libertés avec le code de la route… et prendre des risques ?
Parmi les motards interrogés, "84 % reconnaissent ne pas respecter les distances de sécurité, 73 % franchissent une ligne continue pour dépasser un véhicule ou faire demi-tour, 71 % reconnaissent dépasser la vitesse autorisée lorsqu’ils roulent en inter-files, 61 % oublient de mettre leur clignotant, 45 % reconnaissent doubler par la droite, 37 % téléphonent en conduisant avec un système de conversation Bluetooth, 21 % paramètrent leur GPS en conduisant, 14 % ont eu, ou failli avoir, un accident en raison de l’utilisation d’un téléphone portable".
Trop dangereux les motards ?! Et trop honnêtes !? Ils seraient en tout cas plus prudents lorsqu'ils roulent avec un passager derrière eux puisque 83% déclarent réduire leur vitesse, 70% augmentent la fréquence ou la durée de leurs pauses lors des longs trajets, 50% circulent moins en inter-files, 20% téléphonent moins. De leur propre initiative ou sous la contrainte ? Ce n'est pas précisé...
Enfin, Moto-Net.Com retient que de nombreux motards sous-estiment l'impact (sic) du manque de sommeil et de la fatigue sur la conduite lors des longs trajets : 82% reconnaissent se coucher plus tard que d’habitude avant un long trajet - pour boucler les valoches ! -, 29% avouent avoir pris le guidon alors qu’ils se sentaient très fatigués, et 23% ont eu ou failli avoir un accident en raison d’un assoupissement ou d’un endormissement au guidon ! Là encore, MNC pourrait vous en parler… Prudence !
Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation Vinci Autoroutes :
"Les conducteurs de deux-roues motorisés sont, comme l’ensemble des usagers de la route, soumis à une dualité entre le sentiment d’être victime du mauvais comportement des autres conducteurs, effectivement trop fréquent, et leurs propres prises de risques qui les mettent en danger. Leur sécurité sur la route passe indéniablement par une plus grande attention de la part des autres conducteurs mais également par un meilleur respect des règles du code de la route de leur part. C’est grâce à cette prise de conscience mutuelle que le nombre de victimes chez les motards et scootéristes pourra diminuer".
Patrick Jacquot, PDG de la Mutuelle des Motards
"Le motard a conscience de sa vulnérabilité, l’absence de carrosserie lui rappelle assez souvent. Pour autant, le risque ne peut pas se limiter à « l’autre » : chacun doit prendre sa part. Depuis plus de 40 ans, nous prônons le partage de la route car nous pensons que mieux se connaître, c’est déjà anticiper un risque accident. Le rapport MAIDS disait en 2005 qu’un automobiliste qui était aussi titulaire d’un permis moto avait 2 fois moins de risques de percuter une moto : c’est bien la preuve que le partage des pratiques est un des leviers de prévention les plus efficaces, et c’est aussi le sens de cette étude commune avec la Fondation Vinci Autoroutes".
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