N'en déplaise aux motards purs et durs qui souvent ne l'ont jamais essayé, le TMax envahit nos villes... et nos routes ! Effet de mode ou machine bien née en adéquation avec son marché ? Essai.
Une chose est sûre : le TMax ne laisse personne indifférent : on aime ou on méprise ! Apparu en 2001, le maxiscooter de Yamaha a tout de suite accentué le clivage entre scooters et motos. Parce que justement, par ses prétentions sportives, il vient piétiner les plates-bandes des machines dotées d'une boîte mécanique...
Le TMax est à lui seul une petite révolution dans le monde du deux-roues motorisé. De nombreux candidats au permis A s'inscrivent dans les moto-écoles pour passer du scooter 125 cc au 500et il est fréquent de voir des motards faire reprendre leur sportive pour acheter le trublion de Yamaha... Alors qu'est-ce qui fait courir tous ces TMaxmaniaques ?
Depuis sa sortie, le TMax a connu quelques modifications. En 2004, il est passé à l'injection, gagnant au passage 4 chevaux. Il a en outre adopté une fourche de plus gros diamètre et un second disque de frein avant. Enfin depuis 2005, il peut être livré avec l'ABS en option à 450 €.
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Paris, 10/11/2006 - La référence française en termes de maxiscoot se met sur son 31 ! Vidéo Moto-Net.Com. |
Le TMax de notre essai revêt sa très classieuse livrée "Black Max". Une série limitée qui n'est malheureusement pas disponible avec l'ABS et qui coûte 155 € de plus que la version de base. Pour ce prix, elle propose une peinture noire mate du plus bel effet, des étriers de freins rouges, une selle bicolore rouge/noire et des bords de jantes polis.
Or ces artifices vous promettent un succès inattendu à tous les feux ! Du coursier au cadre sup', ils n'ont d'yeux que pour l'engin ! A croire que tout garçon normalement constitué qui a entre 15 et 55 ans rêve d'un TMax...
Une épée de Damoclès : le vol
C'est aussi ce qui en fait son principal défaut : le TMax attire la convoitise dans des proportions rarement atteintes en France. Dès son lancement en 2001, ce scooter a caracolé en tête des vols de deux-roues motorisés. L'adoption en 2004 d'un antidémarrage à clé codée a quelque peu atténué le phénomène, mais celui-ci reste préoccupant.
De plus, comme les voleurs ne peuvent plus dérober la machine quand elle est verrouillée, ils se tournent vers le vol avec violence, le "bike-jacking", qui peut s'avérer beaucoup plus dangereux et traumatisant qu'un vol classique durant le stationnement... Don, immanquablement, au guidon d'un si joli TMax, on ne peut s'empêcher de songer à ces tristes périls...
A l'arrêt, le TMax paraît bas et très long. Et ce n'est pas qu'une impression, car son empattement fait dix bons centimètres de plus qu'une moto moyenne, soit 1 575 mm. Mais une fois en selle, on oublie vite les dimensions respectables de l'engin.
Si sa hauteur de selle de 795 mm ne pose pas de problème, sa largeur, en revanche, pourra gêner les moins d'1,80 m tant elle impose d'écarter les jambes à l'arrêt. Cela dit, ce n'est pas un souci rédhibitoire car le centre de gravité du scooter est très bas et son équilibre parfait.
La position est agréable et naturelle - pour un scooter. On peut choisir une position assise avec les pieds sous soi, ou une position plus allongée avec les pieds en avant. Cette dernière position, confortable en apparence, sera néanmoins dure à tenir sur long parcours car le bas du dos fait alors office d'amortisseur pour le haut du corps : mal de dos garanti !
Pas le plus pratique
Si la finition est excellente, l'équipement quant à lui propose le minimum syndical par rapport aux autres maxiscooters : pas d'ordinateur de bord, ni de prise 12 V, ni de freinage couplé ou de rétros électriques : le TMax se rapproche davantage des standards motos.
Son tableau de bord se compose d'un compteur de vitesse et d'un compte-tours analogiques très lisibles qui entourent une fenêtre digitale. Celle-ci propose une jauge d'essence, un odomètre, deux trips partiels (plus un qui se déclenche lors du passage en réserve), une horloge et la température moteur. Bref, rien de plus qu'une moto récente !
Les commodos sont spécifiques au pilotage d'un scooter : le frein arrière est à la main gauche ! On trouve également un frein de parking qui bloque le frein arrière lors des stationnements en pente dans la mesure où on ne peut laisser l'engin en prise.
Un petit vide-poches assez peu pratique (étroit et trop profond) et non verrouillable trouve place dans le tablier à droite. L'espace de rangement sous la selle - éclairé, s'il vous plaît ! - paraît très volumineux quand on vient de la moto mais irrite le "scootériste" qui avait plus de place sur son scooter 125 ! En effet, le TMax ne permet de loger qu'un casque intégral pas trop grand et un pantalon de pluie.
Ce manque de place sous la selle est dû à ce qui fait la particularité du TMax par rapport à ses concurrents, hormis le Suzuki Burgman 650 : le moteur n'est pas solidaire de la roue et de la suspension arrière, mais implanté dans un châssis proche de celui d'une moto.
Autre spécificité, le Yamaha a une roue de plus grand diamètre à l'arrière (15") qu'à l'avant (14"). L'inverse du Burgman 650, notamment. Tout cela est censé conférer au TMax un comportement dynamique bien au dessus de celui des scooters traditionnels.
Le roi de la ville
Il est impossible de démarrer avec la béquille latérale. Comme avec tous les scooters, on ne peut faire chauffer le TMax que sur sa béquille centrale mais les deux sont aisées à utiliser. Pas de starter, l'injection gère le ralenti qui se situe aux alentours des 1200 tr/mn.
La transmission automatique commence à tracter vers 1 500 tours si l'on tourne franchement la poignée et vers 1 900 tours si l'on y va en douceur. C'est appréciable car peu brutal lors des manœuvres au pas. La boîte auto offre aussi l'avantage de gommer les à-coups d'injection dont souffrent bon nombre de motos récentes.
Dès les premiers tours de roue à faible allure, l'équilibre général du TMax est réellement bluffant. Le train avant est parfaitement neutre et la stabilité de la partie cycle est impressionnante. En arrivant au feu au pas, on en oublierait presque de sortir la jambe pour s'arrêter tant on est serein !
Si le "scootériste" se sentira tout de suite chez lui, le motard sera un peu décontenancé au départ de ne rien avoir entre les jambes. Attention, rien de sexuel, mais il est déconcertant de ne pas sentir les réactions de la machine en serrant les cuisses sur le réservoir et de ne pas pouvoir non plus mettre d'appui sur les cale-pieds.
Au bout de quelques kilomètres pourtant, on comprend vite que le TMax se conduit - voire se pilote - le plus simplement et naturellement du monde. On se contente de contre-braquer avec les bras et de mettre un peu de son poids à l'intérieur du virage.
Sa stabilité n'entrave en rien sa vivacité et sa maniabilité. Le maxiscooter de Yamaha est un vrai vélo. Quand il s'agit d'évoluer dans les embouteillages, la douceur du moteur et de la transmission conjuguée à la facilité de la partie cycle font merveille. Quant au rayon de braquage, sans être extraordinaire, il reste correct.
Seules les dimensions généreuses de l'engin pourront être un handicap pour se glisser dans des trous de souris. Les rétroviseurs très lisibles et dénués de vibrations sont parfaitement positionnés : ils passent au-dessus de ceux de la plupart des berlines et en dessous de ceux des camionnettes. Seuls les rétroviseurs des monospaces l'empêchent de se faufiler dans les embouteillages.
Pousse-au-crime !
Mais le principal atout du TMax est bien sûr son moteur et sa fameuse transmission automatique qui en font la terreur des villes... Au démarrage au feu, il met tout le monde d'accord. S'il est un peu paresseux sur les cinq premiers mètres, il s'énerve très franchement pour se propulser à 80 km/h en moins de temps qu'il ne faut pour le dire...
Le tirage assez court de la poignée de gaz contribue encore plus à multiplier ces départs canon à tous les feux. Bien sûr, n'importe quelle moto d'au moins 500 cc peut enrhumer un TMax au démarrage. Mais son pilote s'épuisera vite s'il renouvelle cet effort à chaque carrefour !
A titre de comparaison, le concurrent direct du Yamaha, le Suzuki Burgman 650 - fort de ses 150 cc et de ses 11 ch supplémentaires - fait mieux en accélération et vitesse de pointe, mais procure beaucoup moins de sensations.
C'est aussi ce qu'on aime dans le TMax : son côté pousse-au-crime ! Mais attention au revers de la médaille : il est difficile de rester calme avec cet engin ! Comme la partie cycle encaisse sans broncher les facéties de la mécanique, le rythme en ville comme sur petites routes viroleuses peut être vraiment élevé...
En agglomération, il faut franchement se raisonner si l'on tient à garder encore quelques points sur son permis. De plus, la sonorité du pot d'échappement est extrêmement plaisante et participe beaucoup au plaisir de conduite. Le son rageur se rapproche plus de celui des monocylindres de 450 cc des dernières motos d'enduro que de celui d'un bicylindre classique. D'ailleurs, de nombreux propriétaires de TMax équipent leurs montures de silencieux adaptables... pas si silencieux que cela !
Un scooter pour pilotes... et voyageurs
Le TMax est donc le premier scooter à pouvoir proposer un pilotage sportif... Sans danger ! Pour s'en convaincre, il suffit d'en compter le nombre toujours croissant qui participent au Moto Tour ! Ils sont d'ailleurs loin d'être ridicules dans cette épreuve qui fait la part belle à la facilité de conduite plutôt qu'aux performances pures.
Si l'on arrive donc à passer outre cette position quelque peu antinaturelle pour l'attaque, le TMax se comporte très bien et reste sain. Le train avant semble rivé au sol tandis que le châssis reste neutre et imperturbable.
Son freinage puissant se montre efficace et rassurant. On reprochera juste aux étriers avant à double pistons un manque de mordant à la prise du levier. En raison de l'empattement assez long de l'engin, le frein arrière est plus qu'un ralentisseur : il est réellement efficace. Mais gare aux blocages lors des gros freinages !
Le TMax, grâce à son moteur et à ses qualités dynamiques, offre de réelles aptitudes au voyage et autorise une vitesse de croisière tout à fait respectable sur autoroute. Le pare-brise d'origine protège bien mais renvoie quelques turbulences dans le casque des pilotes les plus grands. À haute vitesse, il crée aussi dans le dos du pilote une dépression peu agréable qui le pousse vers l'avant.
L'autonomie, quant à elle, n'est pas extraordinaire. Cela n'est pas dû à une consommation très élevée - quoique le TMax consomme pas mal pour un 500 cc (5,9 l/100 km sur l'ensemble de notre essai) -, mais plus au réservoir qui ne contient que 14 litres. Dans le meilleur des cas, on passe en réserve après 180 km.
Ce maxiscooter peut aussi s'apprécier à deux sous réserve d'opter pour un top-case ou un dossier passager. Sinon, la position trop droite du passager l'empêche de résister efficacement aux accélérations ainsi qu'aux freinages. En duo avec quelques affaires, la puissance se révèle du coup un peu juste. Beaucoup de propriétaires de TMax rêvent d'ailleurs d'un successeur de 600 ou 700 cc...
Le TMax n'est peut-être pas le meilleur en performances ou en tenue de route, mais il brille par son homogénéité et la parfaite harmonie qui s'accorde entre son moteur et son châssis. Cette alchimie explique probablement le plaisir que l'on éprouve à son guidon et le succès incroyable qu'il rencontre.
Que les motards purs et durs se rassurent : le maxiscooter de Yamaha n'est pas non plus prêt de détrôner les motos tant en agrément qu'en efficacité pure. Mais le TMax comble le vide qui existait entre la moto et le scooter, et il le fait très bien !
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