Les courses sur route sont aussi grisantes que cruelles. Cette édition 2023 de l’Imatranajo disputée sur le mouillé en est la démonstration... Présent pour le baptême en IRRC de son boss Peter Hickman, Pierre-Yves Bian a perdu un grand ami : Joey den Besten, disparu 23 ans après le "King" Joey Dunlop, jour pour jour. Interview.
Moto-Net.Com : Salut Pierre-Yves, tu participais à la course d’Imatra il y a dix jours et l’IRRC est en deuil...
Pierre-Yves Bian : Oui, c’était vraiment glauque car mon pote Joey den Besten est décédé en Superbike. On a beau tous connaître les risques, c’est toujours dur de perdre l’un des nôtres.
MNC : La chute d’un pilote de pointe de l’IRRC pendant le tour de formation, c’est étrange, non ?
P-Y. B. : Il y a une enquête en cours, je ne peux rien te dire de plus...
MNC : Niveau météo, ça changeait du Tourist Trophy 2023 et du grand beau...
P-Y. B. : Oui, c’est sûr. C’était du bon fun sous la pluie, c’était cool. Mais du coup, on n’a pas pris de risque.
MNC : Sur l’Ile du Man quand il pleut, on ne court pas. C’est plus "sage" ?
P-Y. B. : Oui c’est certain, vu les vitesses qu’on prend là-bas (Peter Hickman a été chronométré à plus de 200 mph, soit 321,8 km/h cette année au "TiTi"), c’est bien qu’ils aient arrêté de lancer le Tourist Trophy sous la pluie.
MNC : Ton petit protégé, un certain Peter Hickman, a bien roulé ?
P-Y. B. : Sur le sec en qualifications j’étais devant lui. Mais il a pris son temps, et il n’avait franchement pas besoin de mes conseils (rires) : c’est vraiment le "King of the Moutain" à l’heure actuelle, donc il sait faire de la moto !
MNC : Il venait pour découvrir l’épreuve ?
P-Y. B. : Il adore la course, il ne fait vraiment pas ça que pour l’argent. Il est venu pour se faire plaisir, découvrir un nouveau pays, rencontrer de nouvelles personnes. Et puis, il était vraiment fier de rouler sur le circuit de l’ancien "Grand Prix de Finlande".
MNC : Comment était l’accueil du public ?
P-Y. B. : Imatra nous a vraiment super bien reçu... C’est génial d’avoir des gars comme lui en IRRC, et même ma venue n’est pas passée inaperçue ! J’ai vu la différence, ça m’a vraiment fait plaisir : les gens étaient trop contents que je vienne, ils m’ont félicité (pour sa deuxième place en Supertwin, le premier podium d’un français au TT, cocorico, NDLR). J’ai commencé par ce championnat il y a cinq ans, la Road Race est une grand famille.
MNC : Et comment est perçue l’arrivée de Hicky par les pilotes de pointe ?
P-Y. B. : C’est sûr que ça fait un petit peu chier certains pilotes aux avant-postes, ceux qui aiment être les "Kings" dans leur discipline. Mais au final, les très rapides et intelligents sont contents que des mecs du Tourist Trophy viennent se mesurer à eux. Quels que soient les résultats, c’est bénéfique pour tout le monde.
MNC : Parle nous de tes courses.
P-Y. B. : Peter et moi n’avons rien voulu risquer sous la pluie. Je regrette le drapeau rouge en première manche Supersport car j’étais revenu dans le dosseret de Peter et je pense que nous aurions pu remonter sur les gars devant. Sur la deuxième course, je n’avais pas trop de feeling donc je n’ai pas forcé. "Hicky" s’est fait sortir juste devant moi, il est tombé et a cassé sa fourche et compagnie...
MNC : Heureusement pour "PeTTer", il avait aussi chargé sa M1000RR dans le camion.
P-Y. B. : Oui, et il a bien fait car il a terminé quatrième de la première épreuve samedi, puis troisième et deuxième le dimanche. Sur la quatrième et ultime course SBK appelée la "King of Imatra", il a bouclé huit tours derrière Kostamo (indétronable en SBK, NDLR) mais s’est rendu compte que le Finlandais flirtait avec les limites et il l’a laissé partir. Peter termine à nouveau deuxième, mais il était content et c’est le principal.
MNC : On risque de le revoir sur le continent, donc ?
P-Y. B. : Oui, il devrait participer à d’autres courses sur route l’année prochaine parce qu’il a vraiment bien accroché. Il était curieux de goûter à autre chose que le Tourist Trophy, et il a aimé !
MNC : Le titre de champion international de courses sur route, ça le tenterait ?
P-Y. B. : Nan, pas forcément car Peter n’a plus rien à prouver. Ce qu’il souhaite avant tout c’est découvrir de nouvelles courses, comme moi, aller dans des lieux différents, voir d’autres choses et croiser d’autre personnes.
MNC : Le titre Superbike t’intéresse, pour compléter le Supersport de 2021 ?
P-Y. B. : Boh franchement, un jour pourquoi pas, mais ce n’est pas ma priorité. Je veux avant tout évoluer et progresser au TT.
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