Pour tester ses motos dans le cadre de son projet de rallye raid, l’équipe Team 3 Diapasons avait besoin d’une épreuve adéquate… Comme le Hard Défi Tour, par exemple ! Compte rendu.
Le Team 3 Diapasons, c’est une bande de trois larrons un peu décalés, autant géographiquement (l’un, Jérémie Bazile, vivant dans les Bouches du Rhône (13), à Arles, l’autre, Julien Didier, dans l’Hérault (34), à Montpellier, et le troisième, l’ex-rallyman sur route, Marcus moi-même, dans les Landes (40) près de Mont de Marsan) que dans leurs folles et passionnantes ambitions.
Les trois (faux) frères ont monté leur équipe avec un projet un brin osé : participer à un rallye raid, le Rallye des pionniers Dakhla Classic, au guidon de trois 125 Ténéré du siècle dernier restaurées et un poil modernisées (lire MNC du 27 Juillet 2021 : Rallye des Pionniers 2022, le Dakar à l'ancienne).L’épreuve, initialement prévue fin janvier 2022, a été reportée mi-septembre à cause du Covid 19 et de la fermeture des frontières marocaines (lire MNC du 4 décembre 2021 : Dakhla 2022, un projet "suspendu") . Ce qui ne tombait finalement pas si mal que ça, vu que les motos n’auraient pas été prêtes à temps !
La première à peu près terminée a cependant été exposée au salon du deux roues à Lyon début mars. Maintenant, les machines sont (presque) prêtes toutes les trois : il ne reste plus qu’à les tester pour une mise au point finale. Et quoi de mieux qu’une épreuve un brin sélective pour tester les engins « à domicile » en conditions réelles ?
Cette épreuve test, c’est la sixième édition du Hard Défi Tour qui s’est déroulée du 10 au 12 juin 2022. Une « balade » trail organisée par James Simonin et son équipe de « Passion et découverte » autour des volcans, entre Auvergne et Limousin : près de 400 km le samedi et pareil le dimanche sur une autre boucle, dont 80 % du parcours en off road avec des passages typés plutôt enduro au franchissement un brin délicat. Cette épreuve réservée aux gros trails et autres machines adaptées au tout-terrain était le crash test idéal pour nos 125 2-temps de l’espace !
Avec la présence d’un assistant de choc en la personne de Philippe Papazian (encore un « ex-rallyman sur route, spécialiste de restauration de Ténéré(s) en tous genres, intégré au Team 3 Diapasons et venu soutenir et assister les copains.
Mais tout ne va pas se passer aussi bien que nous l’aurions souhaité... En effet, ça commence mal avec la moto de Marcus qui fait des siennes, avant même d’être chargée sur la remorque pour partir à Singles (63), point central du Hard Défi Tour.
Toutes les pièces, notamment du côté du moteur, ne sont pas neuves sur ces antiquités restaurées tant bien que mal. Et bien que le bloc moteur ait été refait à neuf par le magicien Lionel Bottero, ex-mécanicien Yamaha de renom, pas mal d’éléments d’allumage ou encore le carburateur et autres pièces diverses, récupérées sur une épave de 125 Ténéré (offerte à titre de sponsoring par Angel motos à Dijon (21), bouclard tenu par un ex-top pilote de rallye routier, Rhosettos Angéniliadis, encore merci Angel !), ont été conservées d’origine.
Pour le reste : fourche inversée de moto de cross, amortisseur haut de gamme EMC, suppression du mécanisme de graissage séparé, boîtier CDI « racing » et tête de fourche « Rallye raid » faite maison...
Préparation terminée in extremis avant le jour J, ma moto n’ayant que très peu tourné jusqu’alors en raison de divers petits soucis, notamment d’allumage. Il était indispensable de faire un petit tour d’essai avant de charger la moto !
Et là, au bout de 2 km à peine : beuuuuu… coupure moteur ! Je bidouille un peu, couche la moto au cas où ce soit un problème d’essence qui ne passe pas d’un coté à l’autre du réservoir, redémarre et ça repart pour 1 km… re-coupure moteur ! Même opération mais plus rien… Le timing étant devenu serré, je décide de déclarer forfait : je n’irai pas au Hard Défi Tour.
7h30 samedi matin : c’est parti pour l’équipe des 3 Diapasons réduite à deux parmi les plus de 300 engagés ! Les départs s’effectuant si possible 3 par 3, c’est un pote à Julien Didier, Théo Castel, au guidon d’une Yamaha 600 TT, qui remplacera Marcus (pourtant irremplaçable !) aux cotés de ses acolytes.
PHOTOS départ diapasons, départ (photos Philippe papazian)
Ah elles claquent leurs petites mobs bleues relookées façon rallye raid ! Mais l’aventure ne fait que commencer… Jérémie Bazile non plus n’avait pas eu le temps de tester l’engin avant de partir, contraint l’après-midi de la veille du départ de régler des problèmes de fuites diverses après le montage d’un cylindre acheté d’occasion pour remplacer le sien, un peu « fatigué »…
Et ce qui devait arriver arriva : « ah elle marchait nickel la moto, je me régalais à rouler à plus de 80 km/h dans les chemins en sous-bois, le top ! » raconte Jérémie… Puis les premières difficultés du parcours arrivèrent, créant d’inévitables embouteillages… Jusqu’ici rien d’alarmant. Sauf qu’à peine une vingtaine de kilomètres après le départ, c’est la panne totale pour la moto de Jérémie Bazile !
Quelques prémices avaient fait leur apparition les kilomètres précédents : trois fois la moto a calé, après un sentier en montée de plusieurs kilomètres, durant lesquels la petite 125 donnait tout ce qu’elle avait. Trois fois Julien s’est arrêté pour prêter main forte à son coéquipier : démontage du carbu, soufflage dans les gicleurs, remontage et ça repartait sur quelques kilomètres, puis ça calait à nouveau… Là, c’en était trop ! Conscient de la distance qu’il restait à parcourir, Jérémie dit à Julien de continuer avec son pote Théo et qu’il attendrait l’assistance (bénévole !) de l‘organisation pour se faire rapatrier au camping de Singles.
Continuant à démonter pour tenter de réparer, Jérémie attendra plus de 5 heures l’assistance en question ! S’étant mis à l’ombre près d’un ruisseau, il eut le temps de communier avec la nature, approché par un lièvre, puis par une famille de chevreuils… Il put ainsi constater que le passage des 300 motos ne perturbait pas plus que ça la faune environnante.
Et pendant ce temps, Julien, lui, il roule !
20 heures, au camping de Singles, pour l’instant seulement une trentaine de motos ont bouclé la boucle et sont arrivées. Jérémie Bazile et Philippe Papazian s’affairent à rechercher la panne. Comme dit la règle : rien ne ressemble plus à une panne de carburation qu’une panne d’allumage et ils trouveront rapidement que celle-ci n’était due qu’à une mauvaise connexion sur le boîtier CDI DEV moto (un élément qui booste la 125 de 16 à 22 chevaux, lui donnant également plus de couple et de souplesse). Connexion mal faite, je ne te félicite pas Jérémie !
21h30, Julien Didier arrive ! Les 5 CP (contrôles de passage) validés, ce contrebassiste de jazz professionnel a bouclé la boucle !
Ce matin, Jérémie Bazile est au départ. Tant pis pour la plaque « finisher » qui ne lui sera pas décernée cette année, même s’il boucle le tracé d’aujourd’hui, n’ayant pas terminé la première étape. Il faut la tester cette 125 Ténéré ! Et puis le plaisir est quand même plus important que la performance, non ?
Jérémie et Julien Didier avaient parcouru entièrement le Hard Défi Tour (au kilomètre près) l’an dernier, au guidon de 600 Ténéré.
Pas en super forme physique avant cette édition du Hard Défi Tour (importante perte de poids, affaiblissement général), Jérémie avait l’air d’avoir surmonté tout ça jusqu’à aujourd’hui où au bout d’une centaine de kilomètres du parcours, il se retrouve affaibli au point de ne plus pouvoir rouler en sécurité. Le corps a des limites qu’il faut savoir respecter et il fera le choix d’abandonner sa progression pour rentrer au bercail à Singles.
De son côté, Julien Didier s’accroche et continue son avancée. Sa moto est au point, elle tient tête sans problème aux plus grosses cylindrées. Une merveille, cette petite Yam’ ! Ou comment prendre du plaisir avec une petite cylindrée car c’est bien connu, ce ne sont pas les plus grosses les meilleures…
Julien roulera pratiquement toute la journée en compagnie de Théo Castel, le « remplaçant » de l’irremplaçable Marcus dans l’équipe « Team 3 Diapasons ». Une association qui tourne comme une horloge puisque les deux compères du moment achèvent cette deuxième boucle infernale non sans petits aléas, dont le soutien moral de Jérémie qui ne tenait pratiquement plus debout en fin de matinée.
Victime de plusieurs petites chutes, Julien aura lui aussi du mal à ouvrir les yeux ce matin mais il se reprendra vite et le voici à l’arrivée à Singles aux alentours de 21 heures ! Il a failli arriver de nuit, ce qui ne l’aurait pas gêné plus que ça puisque notre 125 est équipée en mode « plein phares », les deux du haut, de spots à led « Ball » de Tecnoglobe qui éclairent comme s’il faisait plein jour ! Après avoir avalé deux boucles « délicates » de près de 400 bornes chacune au guidon de cette fabuleuse 125 Ténéré deux temps - qui a fait ses preuves durant ces dernières décennies mais qu’on pensait déjà enterrée plus de trente ans après sa sortie - qui prouve ici et qui prouvera encore au rallye des pionniers Dakhla Classic en septembre 2022 qu’elle est immortelle !
Bravo Julien, bravo le Team 3 Diapasons et rendez-vous pour le rallye des pionniers Dakhla Classic 2022 à la mi-septembre : restez connectés !
.
.
.