Pour éviter de se trimbaler un second écran - ou racheter un casque à écran solaire intégré -, les propriétaires de Shoei peuvent investir dans un écran adaptatif dont la teinte varie en fonction de la luminosité. Moto-Net.Com l'a testé et approuvé sur son - second - NXR...
Dans la gamme Shoei actuellement, seuls trois casques (sur onze) sont équipés d'un pare-soleil rétractable : le jet J-Cruise II, l'intégral GT-Air II et le modulable Neotec II. Cet appendice intégré est pourtant bien utile : il dispense les motards de jongler entre un écran clair et un écran fumé en fonction des conditions.
Fidèle pendant six ans à son casque Shoei NXR (en coloris noir-passe-partout), Moto-Net.Com a dû rouler avec un deuxième écran rangé dans son sac à dos - ce qu'on déconseille à ceux qui ne portent pas de dorsale, car en cas de chute ça peut faire mal - ou placé autour de son ventre - ce qui n'est pas donné à tout le monde, ni recommandé...
Pour simplifier - et protéger - la vie de ses clients, le fabricant nippon commercialise des écrans adaptatifs conçus en collaboration avec Transition Optical. Cette société américaine - détenue par le groupe français Essilor - est spécialisée depuis 1990 dans les verres "intelligents" qui foncent à la lumière... et s'éclaircissent à l'ombre !
Exclusive et brevetée - top secrète ! -, cette haute technologie se traduit assez simplement : lorsqu'elle est exposée aux rayons ultra-violets, "la structure de trillions de molécules photochromiques commence à se modifier. Cette réaction déclenche le processus d’assombrissement du verre", expliquent les américains.
Appliquée à la surface des écrans Shoei "made in USA", la formule quasi-magique permet de "moduler les teintes de l'incolore au foncé, en passant par toutes les nuances intermédiaires", de sorte que "quelles que soient les conditions, la quantité de lumière qui pénètre dans l'oeil est toujours optimale", promettent les japonais.
Profitant d'un second casque NXR (en coloris Zork cette fois, plus fun !), le Journal moto du Net a décidé de tester cet écran adaptatif. À en croire son argumentaire de vente, cet accessoire pourrait idéalement compléter ce casque qui nous satisfait grandement...
Très compact et léger, le NXR est joliment dessiné, sans fioritures. Son spoiler arrière lui confère une touche raisonnablement sportive, tandis que sa fermeture par boucle double-D permet de l'utiliser en compétition. Le programme peut donc être double : route et circuit !
Pas facile à enfiler - il faut saisir les sangles et bien les écarter contre les mousses -, le NXR est ensuite extrêmement confortable. On bénéficie notamment de grands dégagements au niveau des oreilles et de découpes fines mais bien placées pour passer d'éventuelles branches de lunettes.
La garniture n'est pas excessivement douce mais se révèle extrêmement endurante : elle résiste très bien aux lavages, comme les mousses qui se démontent toutes. On apprécie au passage que Shoei fournisse d'origine le cache-nez, la mentonnière et le pin-lock (ainsi que la housse, des autocollants réfléchissants et une fiole de silicone pour le joint de l'écran).
Très efficaces, les aérations évitent ou retardent les coups de chaud. On regrette juste que la petite aération frontale et celle de derrière ne soient pas plus préhensibles. Ouverte, celle du menton est un soupçon bruyante et dirige son flux d'air vers les yeux, mais cela dissipe rapidement la buée - qui apparaît uniquement si le pin-lock n'est pas installé.
Totalement apparent, le mécanisme de l'écran semble complexe avec ses multiples découpes, ressorts et vis. À l'utilisation, il s'avère extrêmement simple et efficace. Les dix crans d'ouverture permettent de laisser passer un mince filet d'air, ou au contraire de se passer totalement d'écran.
Au final, que ce soit dans les bouchons en ville, à bon rythme sur route ou à fond sur circuit, le NXR n'est jamais dépassé et son pilote non plus. Ou presque jamais : il faut impérativement s'arrêter pour démonter son écran fumé lorsque le roulage s'éternise et que la nuit tombe... D'où l'intérêt de l'écran adaptatif !?
En l'installant chez soi (maison ou garage), l'écran photochromique parait aussi clair que l'écran d'origine. Moto-Net.Com doit vraiment comparer les deux côte à côte pour détecter une teinte imperceptiblement plus grise sur son nouvel écran.
De nuit "clairement", les motards habitués à l'écran transparent ne noteront pas de différence. Mais dès que le soleil se lèvera, ils seront sans doute surpris : en une trentaine de secondes, l'écran photochromique peut arborer une teinte proche de celle de l'écran le plus sombre disponible au catalogue Shoei, mais tire un peu plus sur le rouge que le vert.
En plus d'être rapide, la transition se révèle sécurisante : on peut continuer de rouler plein Est le matin, ou plein Ouest le soir sans cligner des yeux, sans râler voire sans pleurer. Le passage du foncé au clair est plus lent (environ 1' 30 en été, de froides températures peuvent ralentir le processus) mais cela importe peu : le soleil met plus de temps pour se coucher !
MNC entrevoit tout de même un petit soucis : en raison de cette relative inertie, il faut ouvrir la visière lorsqu'on entre dans un tunnel. Si ce dernier est suffisamment long, on peut refermer son écran et voir à travers comme en plein jour. Et à la sortie sous un grand soleil, le motard retrouve son écran sombre en peu de temps.
En comparaison, un casque équipé d'un simple écran fumé oblige à ouvrir sa visière durant toute la traversée du tunnel. Rouler ainsi n'est pas problématique sur de courtes distances... Mais dans le cas d'une balade qui dure plus longtemps que prévu et se termine de nuit, cela peut vite devenir désagréable et dangereux.
Pour s'adapter à de brefs passages dans la pénombre, un second écran à gâchette est ce qu'il y a de plus commode. Idem quand on roule l'été et qu'un sombre orage menace entre deux magnifiques éclaircies,. C'est également pratique l'hiver lorsqu'on part travailler de bon beau matin et qu'on rentre le soir dans le noir...
L'écran photochromique dispose cependant d'un avantage : ce n'est pas un simple "2-en-1"... Lorsque le ciel se voile, il adopte des teintes intermédiaires que ne peuvent proposer les casques à double écran (comme le GT-Air II par exemple, plus volumineux et lourd que le NXR) ! Un bel atout pour ce système tout-automatique et progressif, dépourvu d'électronique donc de batteries à charger, recycler, etc.
Cet écran adaptatif "3-en-1" est affiché à environ 180 euros (selon les revendeurs). Un tarif extrêmement élevé dans l'absolu qui correspond chez Shoei, comme par hasard, au triple d'un écran clair, faiblement ou fortement foncé. La facture passe mieux en considérant aussi que cet écran donne une seconde jeunesse à votre casque et évite d'acheter un nouveau modèle à double écran.
Seul véritable regret au sujet de ce "cher" écran : le traitement photochromique est posé sur la surface externe de l'écran. S'il résiste au soleil (encore heureux, quoique Shoei conseille d'entreposer son écran à l'abri de la lumière), aux insectes, à la pluie et à la grêle, il n'est pas à l'épreuve des gravillons...
Les futurs acheteurs qui seront globalement très satisfaits de leur achat, doivent redoubler de précaution : toujours transporter leur casque dans sa housse et surtout, prendre leurs distances avec les véhicules qui les précèdent sur des routes en travaux ou sur des sentiers !
En négligeant ces conseils MNC, les utilisateurs de l'écran photochromique risquent de voir apparaitre dans leur champ de vision de microscopiques points qui ne réagissent plus à la lumière. À la manière d'un pixel mort sur un écran de smartphone ou de téléviseur, ce type de accroc n'empêche pas de se servir de sa visière. Mais étant donné le prix, on s'attendait à une résistance à toute épreuve.
Moto-Net.Com : Depuis quand proposez-vous cet écran photochromique et sur quel modèle de casque est-il le plus employé ?
Shoei Europe : Nous l'avons lancé en 2015 pour sur les NXR et X-Spirit 3 puis RYD (référence écran CWR-1), et nous l'avons décliné depuis sur le Hornet Adv (CNS-2), le J.0 et le EX-Zero (CJ-3). C'est sur le NXR qu'il est le plus utilisé.
MNC : Cet accessoire est-il utilisé par les pilotes professionnels, notamment en endurance, en rallye ou en vitesse par météo incertaine ?
Shoei Europe : Quelques pilotes amateurs l'utilisent et en sont très contents. Nos pilotes pro utilisent des écrans plats (2D) compatibles avec les tears-off, ce qui n'est pas le cas du Photochromique. Je pense toutefois qu'il y a un vrai intérêt à l'utiliser, principalement parce qu'il est très reposant pour les yeux.
MNC : Nous avons observé que le traitement "Transitions" est sensible aux gros impacts (gravillons), ce qui occasionne de micro points qui ne réagissent plus à la lumière. Etait-il impossible de traiter l'intérieur de l'écran, bien moins exposé ?
Shoei Europe : Nous n'avons pas eu de retour similaire à ce jour, la longévité du traitement extérieur étant au contraire connue pour sa durabilité car le revêtement Photochromique est plus épais que celui d'un écran standard. S'agissant du traitement Photochromique, il ne peut effectivement être qu'extérieur car le traitement Anti-UV injecté dans nos écrans empêcherait la réaction des molécules s'il était intérieur. C'est à ce jour la seule solution pour produire un écran Transitions qui soit totalement anti-UV.
MNC : Le tarif est élevé mais correspond au tarif de trois écrans (clair, légèrement teinté et fumé) qu'il remplace à lui seul... Est-ce un heureux hasard ?
Shoei Europe : Cela n'a rien a voir et nous n'y avons pas pensé... mais c'est un bon argument de vente, merci ! Le coût de revient de ces écrans est très élevé en raison de la qualité des composants et de la complexité à produire un produit durable dans le temps. Le cahier des charges imposé par Shoei a eu pour conséquence une augmentation des prix de la part de Transitions et in fine du prix public. Sachez toutefois que notre marge sur cet écran est la plus faible de toute la gamme...
MNC : Enfin, simple curiosité, pourquoi produire vos écrans aux USA plutôt qu'au Japon ?
Shoei Europe : Il y a deux sites de production d'écrans, au Japon et aux USA, qui utilisent les mêmes moules appartenant à Shoei. La production au Japon est plus faible, elle est plutôt utilisée pour le marché domestique et les casques à faible volume. Celle des USA est plutôt destinée au marché "export" et les gros volumes. Mais il n'y a aucune différence de qualité entre les produits.
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