La cinquième épreuve du World SBK 2015 s'est disputée hier à Imola, en Italie. Pour compléter nos comptes rendus en direct, voici les déclarations des pilotes Superbike ainsi que l'analyse Moto-Net.Com des deux courses italiennes.
Ce dimanche à Imola, la majorité des 65 000 spectateurs venus acclamer leurs compatriotes sont rentrés chez eux un brin verdâtres puisque trois des quatre catégories du WSBK ont été remportées par des Kawasaki chevauchées par des pilotes étrangers !
Il n'y a qu'en Superstock 1000 que les Tifosis ont été royalement servis : Lorenzo Savadori et sa RSV4 préparée par le team Aprilia Nuova M2 se sont imposés pour la deuxième fois consécutive ,devant Roberto Tamburini sur S1000RR (BMW MotoxRacing) et Ondrej Jezek sur Panigale (Ducati Barni).
On note au passage que Florian Marino s'est malheureusement blessé (fracture du radius gauche) dès le deuxième tour. En tentant de faire les freins à Rafaelle de Rosa, notre cher n°21 a perdu l'arrière de sa R1 qui a subitement raccroché et l'a envoyé valser à deux bons mètres du sol. Aïe...
En Superbike, nous y reviendrons, les Ninjas ont été particulièrement efficaces. Mais Moto-Net.Com tenait à souligner la performance d'un autre pilote Kawasaki, impressionnante à plus d'un titre : celle de Kenan Sofuoglu, membre de l'équipe Kawasaki Pucetti...
Des Verts aux trois quarts plein
D'un point de vue purement sportif tout d'abord, le triple champion du monde a du se cracher dans les gants pour devancer son meilleur ennemi Jules Cluzel, que l'on sentait encore déçu de s'être fait battre dans l'ultime chicane à Assen il y a trois semaines.
Notre "Coq Supersportif" a effectivement volé dans les plumes de Kenan durant les 17 tours que comptait la course italienne... ou plutôt "leur" course, puisque Zanetti et Jacobsen n'ont pu se battre que pour une lointaine troisième place, et que leurs autres pilotes ont très vite dégagé de l'arrière plan.
Auteur du meilleur temps de la course dans son ultime boucle malgré une petite erreur en fin de parcours - une demi seconde plus vite que le champion Lowes en 2013 ! -, Jules n'a clairement rien à regretter, et n'a rien à reprocher non plus à sa MV Agusta F3 qui lui a permis de se battre jusqu'au bout... contrairement à Buriram et Aragon !
"Julo", le plus rital des pilotes français, s'est incliné face à un Kenan extrêmement efficace sur la piste et incroyablement solide dans sa tête. Car si le n°54 bénéficie à la fois d'une Kawasaki impeccable d'un point de vue mécanique et d'un physique irréprochable, son moral a été soumis à rude épreuve depuis plus d'une semaine.
Quelques heures après son arrivée en Italie, le triple champion du monde de Supersport émettait une annonce officielle bouleversante : "ce week-end, tout le monde me posait des questions sur Hamza, comme d’habitude, parce que personne ne savait qu’il était malade, et c’est pourquoi je tiens à donner ces explications"
"Samedi dernier (le 2 mai dernier, NDLR), durant la nuit, mon fils Hamza est tombé malade et nous l’avons emmené à l’hôpital", exposait Kenan. "Les médecins ont découvert qu’il avait une hémorragie cérébrale et que son coeur s’était arrêté un moment".
Transféré à l’hôpital d’Istanbul dans un état critique, son garçon de sept semaines a été opéré mardi matin, sans grand espoir. Pourtant, "après l’opération, il a commencé à bouger ses doigts et à réagir avec ses bras. Il est encore sous respiration artificielle et son état global est encore critique mais nous pensons qu'il est en train de récupérer".
Kenan et Hamza : tel père, tel fils
Alors qu'il avait prévu de ne pas participer à l'épreuve d'Imola pour rester auprès des siens, le jeune papa a été ému par la réaction de son fiston : "quand j’ai vu qu’il se battait autant pour survivre, je me suis dit que je ne pouvais pas abandonner mon travail".
Encouragé par sa femme et son beau-père à rejoindre son équipe en Italie, le pilote turc a finalement participé à la cinquième manche de la saison et remporté sa troisième victoire consécutive. "Cette course a été très dure car Cluzel a été fort, plus que prévu, mais je me suis répété que si j'étais là, c'était pour gagner".
"Je n'allais pas accepter la deuxième place, pas aujourd'hui", insistait Kenan à sa descente de moto. "Il y aura des jours où je devrai m'en contenter mais pas aujourd'hui. Je suis heureux d'avoir pris 25 points et maintenant je retourne directement en Turquie", avec un total de 105 points au championnat (contre 68 pour Jacobsen et 65 pour Cluzel) mais un tout autre combat à mener auprès de son bébé...
Outre sa respectable victoire en Supersport, Sofuoglu peut être félicité pour les résultats de son poulain engagé en Superstock 600 sur une... Kawasaki, exactement ! Toprak Razgatlioglu - essayons de retenir son nom ! - demeure en effet invaincu dans une catégorie qu'il découvre.
Déjà vainqueur de sa première course STK600 en tant que pilote invité à Magny-Cours l'an dernier (!), le n°54 - facile à mémoriser, c'est le même numéro que Sofuoglu - a gagné les quatre premières courses de la saison 2015. On n'ose imaginer son succès en Supersport si l'élève Toprak venait à dépasser son maître Kenan...
En catégorie SBK, Jonathan Rea confirme qu'il a très bien fait de troquer sa Fireblade quelque peu émoussée contre une Ninja parfaitement affutée cet hiver. Pour rappel, le pilote nord-irlandais remportait chaque année entre une et quatre victoire(s) avec la CBR1000RR.
En six saisons complètes de SBK chez Honda, "Johnny" avait ainsi empilé 15 victoires, auxquels s'étaient ajoutés 27 podiums supplémentaires. Un butin respectable certes, mais insuffisant pour espérer empocher le titre mondial face aux champions Bayliss, Spies, Biaggi, Checa, Sykes ou Guintoli.
Un seul dieu en Superbike : Rea
Cette année, en dix courses seulement chez Kawasaki, la nouvelle divinité du World Superbike en est déjà à huit victoires et deux deuxièmes places ! D'après les spécialistes, il s'agit ni plus ni moins du meilleur début de saison jamais observé sur Moto-Net.Com...
Le Journal Moto du Net suit pourtant le WSBK depuis plus 10 ans. Ainsi, Jonathan Rea prend un meilleur départ que Carlos Checa en 2011, lorsque l'Espagnol avait raflé quatre victoires et deux troisièmes places lors des trois premières épreuves avant de caler à Monza, un circuit problématique pour sa Ducati 1098 privée - de chevaux...
L'excellente recrue de Kawasaki en 2015 effectue également une meilleure entame de saison que Troy Bayliss himself en route vers ses sacres en 2006 et 2008 ! Pour voir les magnifiques statistiques du n°65 battues, il faut donc remonter à 2003, lorsque Neil Hodgson avait remporté les neuf premières courses de la saison.
Contrairement à Kenan Sofuoglu, tout roule parfaitement pour Jonathan Rea : son petit gars d'un an et demi prend la pose chaque week-end dans le parc fermé. Fièrement assis la moto de papa, Jake n'oublie jamais de pointer son index vers le ciel, signifiant que son père est l'actuel n°1 de la discipline, n'en déplaise à Sylvain Guintoli et ses propres bambins !
Conscient du bonheur parfait qu'il file aujourd'hui avec Kawasaki mais également sa petite famille et ses amis au sein du paddock, Jonathan a tenu à dédier ses victoires de ce week-end à un ancien membre de l'équipe officielle Kawasaki : Joan Lascorz.
Le sympathique "JR" voulait rappeler que c'est sur ce terrible tracé d'Imola - au sens propre comme au figuré - que le pilote espagnol a été victime d'un tragique accident au cours d'essais officiels organisés au lendemain de l'épreuve italienne du WSBK 2012.
Passé tout près de la mort en heurtant en bord de piste un mur non protégé, Lascorz n'en est pas moins resté paralysé. Le n°17 - on retrouve son numéro un peu partout sur le matériel du team officiel Kawasaki - a donc du tirer un trait sur sa carrière de pilote Superbike.
Les fans de "Jumbo" savent toutefois qu'il n'a pas perdu son goût pour les sports mécaniques : il est cette année le premier pilote tétraplégique à participer au championnat espagnol de rallye, aux commandes d'un buggy spécialement aménagé pour lui.
Lors de sa dernière sortie, fin avril, Joan est d'ailleurs monté sur le podium. En Supersport, sur Honda puis sur Kawasaki, il en avait gravi 17 et avait terminé troisième du championnat WSSP 2010, malgré une saison raccourcie par plusieurs blessures...
Toujours en compétition - plus que jamais même ! -, l'ancien coéquipier de Lascorz, Tom Sykes s'est montré rapide et combatif ce dimanche mais a fini par reconnaitre que cette journée appartenait à Rea. Et comme beaucoup d'observateurs, le n°66 doit sentir que l'année 2015 entière risque d'être celle de son nouveau voisin de box.
Le cap de la mi-saison sera franchi dans un mois, à la fin de la première course à Portimao très exactement. Or le n°65 n'a pour le moment laissé filer que 10 points sur les 250 mis à disposition... À ce rythme, Jonathan Rea pourrait bien être sacré dans trois petits mois en Malaisie !
Est-ce parce qu'il n'est plus complètement en course pour le titre - quoique, après avoir perdu deux fois le championnat pour 0,5 et 6 points, Tom sait qu'il ne faut "jamais dire jamais" en WSBK -, que le "Grinner" parait plus détendu que l'an dernier ?
Sykes double Davies, remonte sur Haslam
Vindicatif à l'égard de notre "Géant Vert" Loris Baz l'an dernier, Tom se montre plus souriant aux côtés de "Johnny" et se marre carrément avec Jordi Torres, qu'il a lui même surnommé le "Spanish Elvis", rapport à ses rouflaquettes et à son grand sens du spectacle.
C'est même dans l'hilarité que le champion de Superbike 2013 et le meilleur rookie 2015 - pour le moment - ont tourné une petite vidéo, avec la complicité de nos confrères du site officiel WorldSBK. Sykes rira-t-il autant lorsque son nom sera précédé par celui du jeune espagnol sur les feuilles de résultats ? Espérons-le.
En attendant, grâce à son "petit doublé" de deuxièmes places, Tom Sykes remonte au classement général et figure aujourd'hui en troisième position à 112 points (plus de quatre victoires !) du Dieu Rea, mais 5 points devant Chaz Davies et 25 points derrière Leon Haslam.
Les deux adversaires directs de Sykes ont connu un bien mauvais dimanche, marqué pour le Gallois n°7 par deux pannes sur sa Ducati, et pour l'anglais n°91 par une lointaine quatrième place en première manche et un magistral "volume" en seconde.
"C’est évidemment un désastre pour nous", analysait un Chaz Davies dépité : son compteur resté bloqué à 123 points ce dimanche lui vaut la perte de la troisième place au provisoire et balaye quasi définitivement tout espoir de titre en 2015. Andrea Iannone lui même n'en revenait pas !
"Nous étions en mesure de faire deux bonnes courses aujourd’hui mais nous repartons sans rien. Un problème technique m’a stoppé dans la première course et j’espérais rattraper ça dans la deuxième. Mais dès le départ, j'ai su qu’il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas. c'est une journée à oublier", conclue "Chazie".
"C’était un gros highside", relate de son côté Leon Haslam. Contraint d'attaquer sur une moto qui n'était pas parfaitement réglée, le pilote Aprilia n°91 avoue être sorti de la piste à trois ou quatre reprises. Il est d'ailleurs à l'origine de la chute de Michael van der Mark.
"J’avais vraiment du mal sur les entrées en virage", justifie Leon. "J’attaquais trop fort et je suis parti dans un très, très gros highside. C’était l’un des plus gros que j’ai connus et je suis assez content d’avoir réussi à me relever", nous prie de croire la bien nommée "Pocket Rocket".
"Mon pouce (gauche) me fait mal et j’ai trois côtes cassées mais il n’y a rien de déplacé ou de vraiment brisé", évaluait Leon à la sortie de sa visite médicale. "Mes côtes sont douloureuses actuellement mais à part ça je vais bien"... Mme la marquise ?!
"J’ai été projeté dans les graviers et je vais avoir mal durant quelques jours mais nous avons deux semaines avant Donington et ça devrait donc aller", prévoit le deuxième du provisoire qui repart d'Italie avec 87 points de retard sur Rea, contre 50 à son arrivée.
Next stop : Donington Park
Naturellement, la prochaine épreuve programmée en Grande-Bretagne est très attendues par Rea, Haslam, Sykes et Davies. Mais leurs petits camarades viseront eux aussi le premier rang et les bons points. Davide Giugliano notamment, aura à coeur de confirmer son - grand ! - retour en compétition.
Alors qu'il n'avait plus touché à sa Panigale depuis le mois de février, le n°34 romain établissait le deuxième meilleur temps de la toute première séance d'essai vendredi matin et signait la pole position devant Tom "Superpole" Sykes samedi après-midi.
Critiqué pour ses chutes en course trop fréquentes, le champion de Superstock 2011 s'est montré aussi fiable que courageux : dimanche midi, il aurait hésité à déclarer forfait pour la seconde manche. Finalement, il a bien fait de prendre le départ : outre ses 13 points empochés, sa sortie lui a permis d'offrir à son public une belle bagarre face à Torres, alors que Rea et Sykes se tiraient la bourre par chronos interposés.
Enfin, le clan français espère que l'épreuve de Donington Park sourira davantage à ses pilotes que celle d'Imola. Certes Christophe Ponsson a inscrit ses premiers points avec sa nouvelle équipe Pedercini, mais Randy de Puniet lui peine toujours à régler l'électronique de sa Suzuki - comme son coéquipier Alex Lowes cela dit.
Demeurant à quelques kilomètres du circuit anglais, notre Frenchie Sylvain Guintoli compte sur cette sixième épreuve du championnat 2015 pour revenir au premier plan. En Italie, le "Numéro Un" de la discipline a manqué de chance : victime d'un problème de capteur en SP2, il a du s'élancer de la 15ème position.
Au tout début de la deuxième manche, la cohue au sein du peloton l'a mené à la chute. Mais le pilote Honda Pata préfère retenir sa belle remontée en première manche, de la 8ème place sur la grille (pour le second départ suite au drapeau rouge) vers la 5ème place finale.
Rendez-vous dans deux semaines à Donington Park donc, pour suivre en quasi-direct et sur Moto-Net.Com la Superpole du samedi et les trois courses du dimanche - deux SBK et une SSP, comme toujours - : restez connectés !
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