Déclarations et analyse du Superbike à Aragon

Présent sur les deux podiums en Australie mais tombé à deux reprises en Thaïlande, Chaz Davies a merveilleusement bien réagi ce dimanche en Espagne en accompagnant jusque sous le drapeau à damier le vainqueur de la première manche, puis en dominant largement la seconde...

En milieu de semaine dernière (mardi et mercredi), l'équipe officielle Ducati Aruba.it s'était rendu à Misano pour effectuer une batterie de tests qui, selon "Chazie" Himself, devait leur permettre "de travailler sur une paire de problèmes que nous avons endurés à Buriram".

"Et puis c'est toujours utile de tourner avant un week-end de course pour se remettre dans le rythme", faisait remarquer le n°7 avant de conclure : "je suis confiant en ce qui concerne Aragon car c'est une piste que j'aime vraiment et sur laquelle j'ai enregistré de bons résultats".

C'est effectivement sur ce sublime, long et technique tracé espagnol que Chaz était monté sur son premier podium en catégorie WSBK, dès sa première saison alors qu'il pilotait une Aprilia privée. L'année suivante sur BMW cette fois, le pilote gallois y avait remporté son premier - et unique - doublé.

Passé sur la Ducati officielle en 2014, Chaz avait profité de la chute de son coéquipier Davide Giugliano pour s'emparer d'une belle quatrième place en première manche. En seconde manche en revanche, il avait à son tour trop forcé sur son train avant et n'avait pas pu terminer la course.

Contrairement à Aragon 2014 et à Buriram 2015, Chaz Davies n'a pas - trop - brusqué son pneu avant ainsi que son pneu arrière ce dimanche. Si bien que les tifosis n'ont pas eu à attendre le retour de Davide Giugliano à Imola (le 10 mai prochain) pour voir s'imposer la Panigale R en World Superbike.

Que de chemin(s) parcouru(s), de litres d'essence brûlés, de sueur transpirée et de pneus malmenés pour hisser la nouvelle génération de la Superbike sauce bolognaise, son twin Superquadro distinctif et son original cadre monocoque sur la première marche du podium !

Inscrite l'année de sa sortie (2012) en Superstock 1000, la 1199 Panigale R n'a décroché le titre dans cette catégorie - antichambre du Superbike - que l'an dernier avec Leandro "Tati" Mercado. En Superbike aussi, il a fallu attendre la troisième année d'activité pour que la Panigale gagne sa première course...

Cela faisait 58 courses qu'une Ducati n'avait plus gravi la plus haute marche du podium : la dernière victoire de la 1098 remontait au 7 octobre 2012, lors de la première manche française pendant laquelle un certain "Frenchie" Sylvain Guintoli avait chanté la Marseilllaise sous la pluie.

En revanche, les chances pour que Ducati remporte en 2015 un 18ème titre constructeur et/ou un 15ème titre pilote sont extrêmement maigres, tant Jonathan Rea et Kawasaki, mais également Leon Haslam et Aprilia se montrent compétitifs depuis l'ouverture du championnat à Phillip Island.

"Cette journée est très importante pour nous", déclarait tout de même hier soir le responsable du programme Superbike chez Ducati, Ernesto Marinelli. "La première victoire de la Panigale en World Superbike est une étape importante vers la récompense de l'excellent travail effectué par tous les gars à Borgo Panigale qui, avec dévouement, passion et engagement, ont travaillé sans relâche au cours de ces deux dernières années sans victoire".

Après avoir remercié ses hommes de l'ombre, le patron italien salue également "Chaz (qui) a été superbe et a parfaitement roulé en seconde manche pour nous offrir ce premier succès. Il l'avait raté de peu en première course mais il a remporté la deuxième avec une confortable avance, ce qui démontre tout le potentiel de notre moto ainsi que son grand talent".

Pour la marque Ducati toute entière, cette victoire est extrêmement précieuse : depuis ses origines, son fonds de commerce est "l'authentique performance italienne". Cette victoire de la 1199 Panigale R tombe à point nommée pour doper les ventes de la nouvelle 1299 Panigale !

Quelque peu éclipsé par les éblouissantes prestations de Davies, le "Dieu Rea" poursuit néanmoins sa formidable moisson. Avec les 45 points récoltés hier, l'avance du nouveau Ninja au championnat effectue un sacré bond : "JR" compte 26 points de plus que son plus proche rival Leon Haslam (plus qu'une victoire).

Or avant que ne débute le week-end, Johnny s'attendait à ce que ses adversaires mettent le feu à la piste espagnole ce dimanche et fassent flamber ses provisions de points. Chaz Davies figurait naturellement parmi ses favoris, ainsi que son coéquipier Tom Sykes...

Le Motorland d'Aragon étant le camp de base européen du team officiel Kawasaki depuis 2012, Sykes - pilote Kawa' depuis 2010 ! - était attendu de botte ferme par son nouveau coéquipier et par l'ensemble de son équipe, par ses adversaires comme par ses fans...

Auteur d'un imparable doublé l'an dernier, le Ninja n°66 est parti comme une balle hier en première manche avec la ferme intention de dupliquer son exploit, signant le meilleur temps en course dès la deuxième boucle : 1' 50,890 pour parcourir le circuit dans sa configuration "MotoGP", soit sans l'épingle et le pif-paf de toute fin de parcours parcourues en WSBK les années précédentes.

Après avoir mené 12 tours, le champion du monde 2013 - et vice-champion 2012 et 2014 - a du rendre la main, la faute à une pneu arrière trop fatigué. Comme à ses débuts sur la nouvelle ZX-10R (sortie en 2012), Tom a donc perdu de (deux !) précieuses places en fin de course.

Monté sur deux podiums en six occasions cette saison (premières manches de Buriram et Aragon), Sykes doit encore peaufiner les réglages de sa machine . Car bien que la Kawasaki d'usine ressemble à s'y méprendre à celle de 2014, elle a du se soumettre au nouveau règlement technique WSBK 2015. Et celui-ci n'est pas tout à fait au goût de Tom apparemment !

Dans le coup durant la première moitié de la première manche qu'il a terminé troisième, Sykes comptait se refaire lors de la seconde manche.... Au lieu de cela, "Major Tom" s'est satellisé dans le quatrième tour alors qu'il butait sur Leon Haslam.

Erreur humaine ou bug informatique : l'origine de la faute n'est pas indiquée. Toujours est-il que le n°66 a eu de la chance de se relever sans gros bobo... "Vraiment, merci beaucoup pour tous les sympathiques messages", gazouillait-il ce matin. "Dainese et Shark ont fait un travail incroyable comme toujours. Tout est donc en place pour Assen". Ouf !

"Sur" place à Assen, l'équipe Honda Pata compte sur son épreuve nationale programmée ce week-end (!) pour réapparaitre au premier plan. Car en Espagne malheureusement, leurs deux champions Sylvain Guintoli (SBK) et Michael van den Mark (SSP) ont brillé par leur absence...

Aux Pays-Bas, les deux uniques Fireblade du plateau devraient être plus compétitives : préparées depuis de longues années par l'équipe batave Ten Kate, les CBR1000RR connaissent parfaitement le tracé néerlandais et l'ancien pilote "maison" Jonathan Rea y a toujours été très rapide.

Cette épreuve à domicile ne pouvait pas mieux tomber pour notre cher Guinters dont le moral pourrait logiquement commencer à faiblir : lui qui avait terminé "sa" saison 2014 sur une impressionnante série de huit podiums, n'a signé que deux Top 5 en six courses 2015.

Plus marquant, le "Numéro Un" de la discipline est parti à la faute hier après-midi durant la seconde manche espagnole et n'a pas inscrit de point, ce qui ne lui était plus arrivé depuis 43 courses, un record absolu en World Superbike ! Le compteur est donc remis à zéro...

À l'inverse de Sylvain Guintoli, Leon Haslam a troqué sa CBR contre une RSV4 cet hiver. Bien moins délicate à régler que la Honda, l'Aprilia s'est toutefois montrée plus efficace dimanche après-midi pour la seconde manche (18° et 48% d'humidité dans l'air, 32° au sol) que dimanche matin pour la première (respectivement 12°, 75% et 18°).

Lors de l'édition précédente déjà, Guintoli avait été particulièrement ralenti par les fraiches températures matinales aux commandes de son Aprilia d'usine. Haslam a été victime du même "bridage" : quatrième à 15 secondes du vainqueur Rea hier matin, le n°91 a terminé troisième dans la roue du même Rea quelques heures plus tard.

Paradoxalement, la "Pocket Rocket" s'estimait plus satisfait de ses 4ème et 3ème places à Aragon que de ses deux 2èmes places à Buriram ! En empochant 29 points, Leon reste d'ailleurs au contact de Jonathan au championnat et ne se fait pas déborder par Chaz.

Selon le coéquipier de Haslam, le toujours joyeux Jordi Torres, les changements de conditions entre les deux courses représentent l'une des principales difficultés du Superbike... Et selon nous, simples observateurs, ils font l'un de ses grands intérêts : assister à deux courses, parfois très différentes et souvent très belles !

Quelque soit le circuit et l'heure de la course néanmoins, il existe une constante en ce début de saison : trois "famous" Union Flag flottent invariablement sur les podiums depuis le début de saison ! Rea, Haslam, Davies, Lowes, Sykes... Les sujets de sa majesté Elizabeth II ont trusté les trois premières places des six premières courses.

Il ne manque à l'appel que Leon Camier, mais le changement d'électronique sur sa MV Agusta F4 risque de le tenir éloigné du podium un certain moment encore. Tout comme Alex Lowes d'ailleurs, ainsi que son coéquipier Randy de Puniet, dont les GSX-R1000 ont échangé ce week-end leur centrale Motec contre une Magneti Marelli...

"Honnêtement, Alex a donné une fausse bonne impression sur la moto et a réalisé un travail incroyable étant donné les circonstance", témoigne le team manager de Suzuki Voltcom Crescent, Paul Denning. "Son rythme pendant les 10 derniers tours de la deuxième course était plus rapide que celui du pilote occupant la sixième place".

Aussi, lorsque la greffe du système électronique italien sur la Suzuki préparée par Yoshimura (!) sera complète, il ne fait aucun doute, aux yeux du boss Suzuki toujours, que son n°22 retrouvera la voie du podium.

"Je voudrais également remercier Randy pour sa patience et ses efforts ce week-end", poursuit Mister Denning, "au moins nos deux pilotes ont vu le drapeau à damiers, et rentrer dans les points en deuxième manche est un résultat sur lequel nous pouvons nous construire".

Derrière les anglais (le gallois et le nord-irlandais), les "rookies" espagnols continuent d'engranger de l'expérience et se tiennent à l'affût de la moindre erreur de la part des leaders... Le "Spanish Elvis" Torres est fin prêt à monter sur le podium on l'a vu, et ce dimanche, il était accompagné par l'un de ses compatriotes...

Plus rapide que Nico Terol et sa Ducati Althea, Xavi Forés sur la Ducati officielle - celle de Giugliano - a fait très forte impression ! Or le n°112 affirme déjà qu'on pourra également compter sur lui à Assen, cette autre piste qu'il affectionne tout particulièrement...

Rendez-vous donc ce samedi pour suivre en quasi-direct la Superpole, et dimanche pour vivre sur Moto-Net.com toujours les deux courses Superbike et la course Supersport : restés connectés !