La Haute-Marne (52) et la Seine-et-Marne (77) sont les deux premiers départements en France à revenir aux 90 km/h sur une - petite - partie de leur réseau secondaire, en accord avec l'assouplissement de la limitation de vitesse à 80 km/h votée par les députés. Explications.
Près de 500 km de routes sont de nouveau limitées à 90 km/h depuis le 9 janvier en Haute-Marne, un an et demi après l'entrée en vigueur de l'abaissement à 80 km/h sur les routes à double sens sans séparateur central. Ce département de la région Grand Est - et ses longs axes plats et rectilignes - est le pionner français dans ce "retour" au 90.
"Ici, la voiture c’est la vie", explique le président du conseil départemental de la Haute-Marne. "Perdre son permis, c’est risquer de perdre son emploi", plaide Nicolas Lacroix (52) en assurant n'avoir vu aucune "amélioration en matière d’accidentologie depuis le retour aux 80 km/h".
Rappelons que si la limitation à 80 km/h reste la règle en vigueur sur tout le territoire national, un "assouplissement" de cette mesure contestée a été voté par l'Assemblée nationale afin de laisser aux départements qui le souhaitent la liberté de rétablir les 90 km/h sur certains de leurs tronçons. A l'annonce de cette décision en juin dernier, 48 départements y étaient favorables !
Depuis, plusieurs d'entre eux sont cependant devenus plus hésitants sur la marche à suivre : les élus locaux craignent d'être désignés comme responsable en cas d'accidents, comme le sous-entendent habilement les responsables du gouvernement dont le premier ministre Edouard Philipe - avocat général des 80 - et le ministre de l'intérieur.
En juillet 2019, Christophe Castaner prévenait que le choix des départements de revenir aux 90 km/h entraînait à ses yeux "la responsabilité de décider de cette augmentation de vitesse qui fera certes plaisir à quelques-uns, permettra de faire gagner une seconde par kilomètre, mais pourra aussi causer la mort de quelqu'un"... Le décor était planté !
Autre motif d'hésitation : la liste des recommandations technocratiques et des coûteuses tracasseries inventées cet été par le Conseil national de sécurité routière (CNSR) à l'attention des présidents de départements désirant revenir à la normale aux 90 km/h...
Parmi elles, la limitation de ce relèvement de la vitesse aux seuls axes de 10 km minimum, sans arrêt de transport en commun ni maisons sur la bas-côté ou de traversées de communes. Par ailleurs, les engins agricoles ne doivent pas y circuler, ce qui complique volontairement les choses dans les régions rurales où tracteurs et petits villages rapprochés font partie du paysage !
C'est la raison pour laquelle la Haute-Marne rétablit les 90 km/h sur 476 km seulement, alors que son réseau en compte 4000 km : le reste n'est pas éligible ! Et dire que le remplacement des panneaux atteint déjà à lui seul "100 000 euros", à la charge du département, révèle son président. Tout ça pour ça...
La Seine-et-Marne est le deuxième département à avoir annoncé en ce début d'année 2020 le relèvement de la vitesse sur une partie de ses routes, qui entrera en vigueur au printemps pour un coût estimé de "500 000 euros" - toujours à la charge du département... et donc de ses habitants !
Avant de se décider, ce département de la banlieue parisienne explique avoir réalisé une étude sur "l'accidentologie, le type de trafic, les vitesses constatées, la configuration de la chaussée, l'environnement" - comme l'exige le législateur - pour identifier "490 km de routes qui pourront repasser à 90 km/h dès la fin du mois de mars en toute sécurité".
Selon Patrick Septiers, président (UDI) du conseil départemental, l'abaissement de la vitesse à 80 km/h "pénalisait les usagers de la route, en particulier les Seine-et-Marnais qui ne bénéficient pas d'un réseau de transports publics dense".
Comme le prévoit la loi, la collectivité seine-et-marnaise va désormais saisir la commission départementale de sécurité routière qui émettra un avis simplement "consultatif". Dans le cas de la Haute-Marne, le département est repassé aux 90 km/h sans même attendre la remise de l'avis de la commission !
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