Ce n'est pas une histoire drôle. Plutôt une histoire de gros sous ! En début d'année, la guerre du boeuf américain aux hormones risquait de descendre les ventes de petites et moyennes motos européennes aux États-Unis. Or le poulet chinois pourrait leur sauver la mise... Sceptiques ? Explications.
Les lecteurs de Moto-Net.Com - qui, comme chacun sait, ont un peu plus de mémoire vive que les autres - se souviennent que début 2017, la toute nouvelle et hyperactive administration Trump menaçait l'Europe de surtaxer de nombreux produits... dont certaines motos !
Les deux-roues motorisés de 51 à 500 cc se trouvaient en ligne de mire de ce projet : en clair et principalement, les petites motos de route et tous les modèles tout-terrain de KTM et Husqvarna (le motocross a toujours une énorme cote aux USA), ainsi que les scooters Piaggio, Aprilia et Vespa...
Naturellement, l'annonce avait entraîné une levée de boucliers de notre côté de l'Atlantique : l'Association des constructeurs européens de motocycles (ACEM) s'inquiétait des retombées néfastes d'une telle sanction pour ses membres autrichiens et italiens, bien entendu, mais également pour leurs clients américains.
Les motocyclistes américains avaient aussi fait entendre leur voix... et c'était le but du machiavélique plan de Donald, huhuhu : dans une lettre ouverte datée du 11 mai, l'American Motorcyclist Association (AMA) incitait ses membres à inonder de courriers et d'emails un certain Robert Lighthizer, le nouveau représentant américain du commerce (United States Trade Representative).
En acceptant de doubler (!) le prix des motos et scooters que les marques - de très grosses motos - américaines ne proposent pas dans leurs catalogues, l'USTR priverait "une portion non-négligeable de nos membres" de véhicules neufs, estime l'AMA.
D'autre part, une telle décision risquerait de pénaliser - et à moyen terme, d'anéantir - les activités de loisir et les compétitions : "les motos de moins de 500 cc sont utilisées dans une part significative des plus de 3000 compétitions auxquelles participent des centaines de milliers d'américains chaque année", redoute encore l'association.
Enfin, comme l'ACEM, l'AMA met en garde l'administration américaine contre les risques de voir toute une économie s'effondrer : "aux États-Unis, la majorité des motos de moins de 500 cc sont vendues dans de petites boutiques indépendantes".
"Ces concessions, bien que petites en taille, emploient des personnes qui vendent des motos, fournissent des pièces de rechange, proposent des vêtements et autres marchandises, entretiennent et réparent les véhicules et font ainsi tourner les magasins"... et qui, accessoirement, payent déjà trop d'impôts, comme tout le monde.
Or, bien que sans lien direct, une autre annonce faite le soir même de la parution de ce vibrant plaidoyer remontait le moral des motards américains et constructeurs européens : la Chine lève un embargo de 13 ans sur le boeuf aux hormones de l'Oncle Sam Donald ! En contrepartie, les Américains ont accepté d'ouvrir leurs frontières aux poulets "Made in China"...
Évalué à 2,5 milliards de dollars par le secrétaire américain au commerce Wilbur Ross, le marché du boeuf en Chine laisse entrevoir de juteux revenus pour les firmes US et leur Etat, qui pourraient facilement éponger la baisse de consommation sur leur marché national et l'absence de ventes en Europe.
Ainsi soulagés, les lobbyistes américains pourraient réduire la pression appliquée dans d'autres domaines moins primordiaux... Comme la moto ? C'est ce qu'espèrent les marques européennes et leurs clients américains. Une affaire que Moto-Net.Com suit depuis sa création à suivre : restez connectés !
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