Triumph Sprint ST ou l'art de filer à l'anglaise

Sur voies rapides, la "Sprinteuse" sait jouer les marathoniennes : à 5 000 tr/min en 6ème, la foulée de l'anglaise atteint les 140 km/h "compteur". À ce régime et sur ce rapport, les reprises sont énergiques. Pour les traversées de patelins en revanche, il faudra tomber quelques vitesses pour ne pas brusquer le triple.

Sur autoroute, on s'aperçoit que le carénage large isole parfaitement les jambes du vent et des intempéries. Les mollets sont même agréablement réchauffés par un flux d'air émanant des ouïes. Un petit confort en hiver, qui se transformera en petit désagrément l'été venu...

La tête et les épaules du conducteur ne sont pas aussi bien isolées : la bulle gagnerait à remonter davantage, comme celle proposée à 145 € dans le catalogue d'accessoires. Côté passager, sa selle surélevée lui permet de profiter du paysage mais il devra en contrepartie lutter contre le vent sur voie express.

Les poignées de maintien et les repose-pieds du copilote sont bien placés et les valises ne gênent pas ses jambes. Par contre, les feulements du pot finissent par saouler les passagers "non-mélomanes". Le sifflement du moteur n'arrange rien : chez certains couples, l'achat de boules quies sera même à envisager pour effectuer de longues distances.

De nuit, malgré les efforts consentis par les ingénieurs anglais, l'éclairage du nouvel optique n'est pas franchement convaincant. Pas plus que le béquillage qui, sur la Sprint 2010, mériterait d'être revu et corrigé...

Que ce soit l'ergot de la latérale caché sous repose-pied ou la centrale nécessitant deux bonnes doses de synchronisation et d'effort, les pauses - courtes ou longues - avec la Triumph se méritent !

Lors des arrêts à la station essence néanmoins, la Sprint sait se faire pardonner : pas de goulet de réservoir ralentissant inutilement la fin du plein et une conso moyenne estimée à 6,3 litres au 100 km. Sur un total de 700 bornes de routes en tous genres, avalées dans des rythmes en tous genres - la plupart du temps à deux et chargé -, c'est satisfaisant !

Autres bonnes surprises que Triumph réserve à ses clients : une seule clé sert à tout faire fonctionner. "Un canon supplémentaire est même livré pour le Top-case", nous précise un mécano de Triumph France. De même, petite chose toute bête mais fort agréable, les valises sont parfaitement identiques : pas de droite ou de gauche, c'est plus facile à gérer !

Pour 12 290 € (comptez 12 990 € avec l'abs), la firme d'Hinckley propose donc une routière attachante, au potentiel sportif bien présent mais qui n'en oublie pas pour autant sa vocation GT. Le moteur pousse fort, la partie cycle suit sans sourciller, le duo est confortable et les valises spacieuses...

En somme de quoi prendre beaucoup de plaisir à tracer la ou plutôt "les routes", de filer à l'anglaise - "take the french leave" - avec ou sans sa moitié, avec ou sans valises, avec ou sans l'envie d'attaquer...

Finalement, seul ce frein avant "à deux temps" plombe vraiment l'excellent niveau de cette Sprint ST 1050. La sonorité des pots peut également fatiguer à la longue les gros rouleurs, mais c'est surtout le sifflement du moteur - une spécialité Triumph - qui irrite. Çà et ces satanées béquilles... Mais que voulez-vous : "Nobody's perfect" !