Triumph Sprint ST ou l'art de filer à l'anglaise

Il n'y a guère que dans les épingles que la Triumph - et son pilote surtout - se trouve véritablement à l'étroit. Dans les montées de col - il est vrai, pas très nombreuses en Normandie... - la butée de braquage intervient trop tôt et peut déstabiliser.

Prudence également au moment de prendre les freins en courbe : la Sprint ST a une légère tendance à refuser l'obstacle et il faut y mettre du sien pour conserver la trajectoire désirée.

Les freins sont des disques de 320 mm mordus par des étriers quatre pistons de marque - oh my god, les nippons sont partout - Nissin, et se montrent suffisamment puissants et endurants pour stopper efficacement le bolide. Le frein arrière - de 250 mm et double piston - est tout aussi capable.

Équipé de l'ABS, notre modèle d'essai a même démontré des facultés impressionnantes sur les petites routes grasses à souhait de Normandie : pas de tressautements dans les doigts et un freinage sûr et efficace. Contrat rempli niveau sécurité !

En revanche, le bilan s'assombrit nettement en ce qui concerne le ressenti en utilisation "normale". En effet, activé une première fois, le levier de frein avant ne réagit pas de manière identique au moment de mettre une seconde lichette pour aborder un virage plus sec que prévu... ou laisser passer une voiture sur un rond point !

L'attaque des freins avant intervient beaucoup plus tôt et peut surprendre le pilote, voire le pneu avant, en cas de - deuxième - freinage appuyé. Déroutante - puis désagréable une fois qu'on sait -, cette attaque précoce disparait rapidement, et le levier retrouve son fonctionnement "normal" le virage suivant.

À cause de cette seule irrégularité, le freinage devient la faiblesse de cette Sprint ST, même si les plus pointus veilleront à "amorcer" le levier avant d'aborder un gros freinage, tandis que les plus sages ne seront peut-être jamais gênés par cette différence de réaction...