Alors que le Tourist Trophy débute sur l'Ile de Man, un motard franc-comtois de 49 ans prépare activement une nouvelle participation au Manx GP en août 2019, sur le même tracé que le célèbre TT. Rencontre avec un fan absolu des courses sur routes...
MNC : Richard Vuillermet, qui es-tu ?
Richard Vuillermet : J'ai 49 ans, je suis chef de projet et je vis depuis 29 ans avec Stéphanie qui me suit sur toutes mes courses et gère toute la logistique ainsi que les contacts avec les organisateurs. J'ai découvert la moto à l'âge de 5 ans et depuis, je suis piqué, mais je suis venu sur le tard à la compétition. Je viens de la voiture et je n'arrive pas à changer de trajectoires, donc à moto je suis rapide mais avec de mauvaises traj'... C'est pourquoi je vais prendre des cours auprès de Thierry Boyer (pilote et manager du Central Team, NDLR). Je roule exclusivement à moto, même l'hiver. Avec "Mamie Stinger", j'ai fait jusquà 60 000 km en un an.
MNC : Quelle est ton expérience ?
R. V. : J'ai terminé deux fois le Manx GP, dont une 12ème place en newcommer (Réplica) en 2016 et 2018. En 2017, mon camping car est tombé en panne le jour du départ ! J'ai aussi fait le championnat de France Montagne, la Spring Cup en Angleterre (4ème en 2016 en 600 cm3 et plusieurs fois dans le top 15 avec "Mamie Stinger" au milieu des modernes, 4ème au Pays-de-Galle à Anglesey en 400 cm3, plusieurs courses comme Chimay Cadwell, etc. Le week-end dernier j'étais aux 300 Virages d'Horice, en République tchèque, où je découvrais la nouvelle machine, la piste et la nouvelle fourche Maxton reçue la veille.
MNC : Pourquoi le ManxGP et le TT Classic ?
R. V. : Eh bien déjà car le Manx est le passage obligatoire pour envisager un passage au TT. Il y a un parcours d'intégration très long et très dur pour accéder au Graal ! D'autre part, c'est réservé aux teams amateurs et débutants et c'est une course mythique avec 90 ans d'existence. Nous prenons le même tracé que celui du TT, les mêmes 262 virages, les mêmes 60 kilomètres. Les différences viennent du fait que nous sommes limités à 600 cm3 et que nous ne faisons "que" quatre tours, soit 240 km de course. Et le TT Classic car je rêve de pouvoir poser ma grand-mère Stinger là-bas avant de la mettre en vitrine... J'ai déjà fait 400 000 km avec cette Mamie !
MNC : Quel est ton objectif ?
R. V. : Cette année j'ai plusieurs objectifs. D'abord être accepté sur cinq séries différentes (actuellement je suis pris sur quatre : deux courses en 600 en Junior et Senior). Ensuite rouler avec le 400 que je fabrique et avec lequel je vise la saison prochaine le podium chez nos amis Brits. Et enfin, réussir un 115 miles de moyenne (185 km/h, NDLR) et avoir le "chrono TT". Même si je n'irai jamais, le plaisir de se savoir assez rapide suffira à mon bonheur !
MNC : Quel est ton pire souvenir ?
R. V. : Mon crash aux derniers essais avant la Senior Race lors d'un dépassement et ensuite devoir gérer tout ça seul avec ma femme, notre équipe nous ayant laissés sur l'île. L'année suivante, mon retour avait été super compliqué. J'avais peur partout et j'ai dû tout reprendre pire qu'à zéro. Après avoir réussi à surmonter ça, je me suis fixé les objectifs cités.
MNC : Tu roules sur une vénérable ZX6-R de 2009 et un ZRX 400 ?
Pourquoi vénérable ? C'est la plus moderne dans mon garage (rires) ! Cette 600 m'a permis de rouler sur l'Ile de Man, puisque pour l'instant elle n'est pas acceptée au Classic, mais c'est surtout pour des raisons de budget.J'ai vendu deux de mes machines pour l'achat de celle-ci, qui avait une bonne base avec un boîtier et un faisceau Kawasaki. Depuis que je l'ai achetée il y a deux ans, je lui ai posé un amortissement complet Maxton (spécialiste des road races), la fourche reçue la semaine dernière, un freinage Beringer et un paramétrage moteur. Le ZXR 400, c'est parce que j'ai découvert cette petite machine sympa en roulant avec celle de ma fille et me suis éclaté. Je veux désormais mon podium après avoir fini plusieurs fois très près !
MNC : Quel est ton programme d'ici le départ en août ?
R. V. : J'ai prévu deux jours de stage de roulage avec Thierry (Boyer, NDLR). J'aurai aussi la course de Chimay en endurance avec mon vieux Stinger et bien sûr beaucoup d'entraînement physique (vélo, stretching, abdos) et des démarches. Grâce au moto-club des Tontons flingueurs, on prépare un repas et une tombola et j'ai repris mon dossier de recherche de partenaires que je tente de distribuer. Et bien sûr, ma femme travaille énormément en sous-marin pour la gestion des ferries, le paiement des inscriptions, etc. Une femme qui accepte que je passe mon temps au garage ou sur circuit et qui accepte que toutes nos vacances ne soient dévolues qu'aux courses : sans elle, je ne pourrais pas faire tout ça ! Enfin, je termine les préparations machines à l'aide d'un jeune mécanicien, François, qui me fait gagner un temps fou. J'ai la chance de tout faire moi-même (peinture, méca, polissage pièces carbone, etc.), ce qui me permet de rouler. Vu que je finance tout moi-même, ce ne serait pas possible autrement.
MNC : Aucun sponsor ?
R. V. : Si, heureusement j'ai quelques sponsors que je remercie énormément car ils m'aident avec des tarifs spéciaux sur les pièces, mais rien de gratuit. Il s'agit d'Ixtem Moto, Le salon du 2 roues de Lyon, Beringer, Graph spirit, AJ Restauration, Hemery Compétition, Paint Ball Pirey, Sellerie Romero, Moto Casse Vesoul et bien sûr les Tontons Flingueurs ! Je roule en pneus d'occasion et grâce à cela on boucle les budgets, sachant que nous ne jouerons jamais la gagne avec notre matériel. Mais en termes de plaisir pris, nous sommes champions !
Richard Vuillermet organise avec le moto-club Les Tontons Flingueurs un repas de soutien samedi 15 juin 2019 : rendez-vous à 19h30 à l'Auberge de la Tour à la Tour du Meix (39) pour rencontrer ce passionné de moto et de courses sur route !
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