Trois mois après son historique victoire au GP de France devant son public, Johann Zarco espère remporter un second succès en 2025, aux 8H de Suzuka ce dimanche sur les terres de son employeur Honda. Notre n°5 vise un troisième back-flip sur le circuit nippon, la Fireblade d'usine une quatrième victoire consécutive... Demandez le programme !
Les promoteurs du championnat du monde d'Endurance moto sont d'ores et déjà comblés ! La branche sportive de la Warner Bros. Discovery (WBD) annonce en effet que 55 écuries participeront ce premier week-end d'août 2025 aux vénérables 8 Heures de Suzuka, dont 15 équipes inscrites à l'intégralité du championnat...
"Le record de teams permanents engagés pour la manche japonaise du championnat FIM EWC est battu : une première dans l’histoire des 8 Heures de Suzuka", peut se vanter la compagnie américaine qui a repris le guidon de l'EWC il y a 10 ans et entend toujours développer sa franchise.
Les fans de cette discipline essentiellement francophone - puisque ses trois autres épreuves mondiales, les 24h du Mans, les 8h de Spa et le Bol d'Or se déroulent chez nous et nos voisins belges -, se souviennent peut-être que l'an passé, seulement 11 équipes participant à l'ensemble du championnat EWC s'était rendues au Japon.
Sous son ère, "le précédent record de 13 teams permanents engagés à Suzuka datait de la saison 2018-2019", souligne WBD. Soit juste avant que le vilain coronavirus n’empêche le monde entier de tourner normalement, et ne stoppe avec lui la petite mais divertissante ronde des motos de course sur les circuits.
"La liste des engagés aux 8 Heures de Suzuka (publiée en bas d'article, NDLR) témoigne non seulement de la popularité de cette course emblématique, mais aussi de l'intérêt croissant pour l'endurance", estime Jean-Baptiste Ley, directeur des événements mécaniques chez Warner Bros. Discovery Sports.
Outre ces 15 grandes écuries qui "feront le déplacement depuis l'Europe pour se mesurer aux meilleurs teams japonais", les organisateurs se réjouissent de "la présence de pilotes du MotoGP et du World Superbike" et s'attendent à ce que cette "46ème édition (soit) mémorable".
Les Moto-Nautes - qui, comme chacun sait, ont un peu plus de mémoire vive que les autres - se rappellent que la 45ème édition avait déjà été exceptionnelle puisque le record du nombre de tours avait été battu : depuis 2002 (!), aucun équipage n'était parvenu à battre les 219 tours bouclés par le regretté Daijiro Kato et Colin Edwards sur la VTR1000SPW.
En 2024, deux motos se sont permises d'améliorer cette marque : la victorieuse Fireblade officielle n°30 (avec un 30 prémonitoire, correspondant au nombre de victoires de Honda sur cette épreuve et sur le circuit qui lui appartient, à ce jour) ainsi que la R1 n°7 du YART (alors n°1 car championne 2023) arrivée huit minuscules secondes derrière. Toutes deux avaient parcouru 220 fois le long, rapide et exigeant tracé nippon.
Aux commandes de la CBR1000RR-Rrrrrrr pour le départ l'an dernier, Takumi Takahashi s'était également illustré en décrochant une troisième victoire de rang et surtout, une sixième victoire en tout aux 8 Heures de Suzuka, soit une de plus que le légendaire pilote japonais - et Honda - Toru Ukawa ! Or Takahashi San revient cette année...
À bord de la Honda n°30 à nouveau lui aussi, Johann Zarco vise à Suzuka un troisième back-flip victorieux, un an après après celui exécuté à l'issue de de sa toute première participation aux 8h de Suzuka - grande première à une épreuve d'Endurance moto ! - et une décennie après son salto réalisé en célébration de sa victoire au Grand Prix du Japon et de son premier sacre mondial en Moto2.
Notre "Jojo la MotoGP" vise aussi une seconde victoire avec Honda cette année : début mai au Mans sur sa RC213V et dans des conditions météorologiques dantesques, le n°5 du Team LCR avait remporté le Grand Prix de France devant les siens. Le cannois a-t-il invité ses parents au Japon pour augmenter ses chances de l'emporter une seconde fois devant les grands patrons de la firme au blason ailé ?
Attention toutefois, notre vedette inter-nationale n'est pas la seule pointure de vitesse mondiale à faire le déplacement : doivent aussi rouler Albert Arenas (3ème avec le SERT l'an dernier), Loris Baz (qui n'a encore jamais couru à Suzuka), Jonas Folger, Leon Haslam (vainqueur en 2013 et 2014 sur Honda, 2019 sur Kawasaki), Andrea Locatelli, Jack Miller, Marcel Schrötter et Michael van der Mark (vainqueur en 2013 et 2014 sur Honda, 2017 et 2018 sur Yamaha).
Malgré son emploi du temps surchargé, Johann Zarco a bien voulu répondre à cinq questions posées par l'organisateur de l'EWC. Interview, façon Sprint de MotoGP !
Endurance World Championship : Après avoir remporté votre première victoire en EWC à Suzuka la saison dernière, qu'est-ce qui vous a incité à revenir et dans quelle mesure êtes-vous confiant quant à la possibilité de réitérer votre exploit, d'autant plus qu'Iker Lecuona rejoint Takumi Takahashi et vous-même dans l'équipe Honda HRC ?
Johann Zarco : "Je suis très heureux d'être de retour en tant que membre de Honda HRC dans cette course traditionnelle et prestigieuse. Je vais mettre à profit ma bonne dynamique en MotoGP à Suzuka et, avec ce trio, nous sommes clairement en lice pour la victoire. Je ne sais pas si nous aurons suffisamment d'avance pour gagner, et nous devrons tout faire correctement. Mais Iker a réalisé de très bons essais après moi. Mes essais se sont bien passés. Nous avons pu travailler efficacement et nous familiariser avec la pluie. Cela a également été très instructif sur une piste qui sèche, en particulier sur un circuit où chaque tour dure plus de deux minutes. Cela nous a permis de recueillir des informations pour la gestion des pneus. Puis, le deuxième jour, nous avons pu faire plusieurs tours sur piste sèche et tester de nombreux réglages".
EWC : Qu'est-ce qui a changé sur votre Honda par rapport à 2024 ?
J. Z. : "Le changement le plus important concerne la suspension. L'année dernière, nous roulions avec une suspension Showa, tandis que cette année, nous utilisons une suspension Öhlins. C'était donc la priorité des essais : régler la moto avec cette nouvelle suspension. J'ai beaucoup apprécié la stabilité offerte par les Öhlins lors du freinage. Je pense qu'il reste encore du travail à faire, notamment pour faciliter la conduite et aller plus vite sans avoir à pousser plus fort".
EWC : L'année dernière, vous avez déclaré que vous aviez beaucoup à apprendre de vos coéquipiers et que vous deviez vous adapter. Compte tenu de votre expérience et de votre victoire en 2024, votre contribution a-t-elle été plus importante jusqu'à présent en termes de réglages ?
J. Z. : "Comme j'ai réussi à établir un très bon rythme dès le premier test, j'ai pu essayer différents réglages sur la moto. L'objectif était de donner mon avis et des informations à Honda et de les comparer avec ce que Takumi Takashi, mon coéquipier, pourrait apprécier. Malgré tout, je pense que Suzuka est un circuit très technique, et c'est en connaissant le circuit que l'on peut gagner le plus de temps, plutôt qu'en essayant de régler la moto à la perfection pour différents styles de pilotage".
EWC : Jack Miller participera également à l'épreuve japonaise de l'EWC cette année. Pensez-vous que votre participation il y a 12 mois et votre victoire ont suscité un intérêt encore plus grand pour les 8 Heures de Suzuka ?
J. Z. : "Je le pense sincèrement. J'ai osé relever le défi l'année dernière et j'ai beaucoup apprécié cette expérience, sans oublier la victoire qui a été formidable. Je pense que la présence de Jack est une bonne chose pour Yamaha : cela leur permettra d'avoir une moto supplémentaire en plus de celle de YART. Il aura également de bons pilotes à ses côtés. D'ailleurs, pour Jack, ce n'est peut-être pas le meilleur moment pour lui en ce moment, mais si ça marche bien, ça lui permettra certainement de marquer des points avec Yamaha".
EWC : Comment gérez-vous tous ces déplacements pendant votre saison de MotoGP, surtout avec tous les décalages horaires ?
J. Z. : "C'était prévu, ça valait le coup, car c'est une expérience supplémentaire qui permet d'apprendre à mieux gérer ces saisons de MotoGP d'année en année. L'année prochaine, je ne ferai probablement qu'un seul test. Cette année, deux tests, c'était peut-être un peu trop, même si cela m'a permis de me familiariser avec Suzuka sous la pluie. Maintenant que j'ai acquis cette expérience supplémentaire, je ferai plus attention à donner la priorité à ma saison MotoGP, car c'est là que le niveau est le plus exigeant. La moindre baisse d'énergie ou de forme se ressent immédiatement".
Au 11 juillet, susceptible d'être modifié
En gras, les teams permanents inscrits au FIM Endurance World Championship (EWC) et à l'Endurance World Cup (STK)
8h de Suzuka 2025, catégorie Production : zéro engagé
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