La Honda NC700S défie les Kawasaki ER-6n et Suzuki Gladius

Avec sa NC700S, Honda a décidé d'économiser l'essence, quitte à remiser au second plan la question des sens... Or les acquéreurs de motos basiques ne limitent pas tous leurs critères de choix à la consommation mini de leur future machine, pas plus qu'à son confort ou sa praticité !

Pour les petits nouveaux en particulier, ce premier gros cube n'est qu'une étape dans leur parcours de motard qui les mènera vers des motos plus puissantes, plus lourdes, plus affutées, plus exigeantes, etc. Afin de vérifier leur potentiel "pédagogique", Moto-Net.Com a donc attaqué un peu plus au guidon de ces trois motos...

Sur petites routes

Bien suspendue, la NC700S taille les courbes avec sérénité et permet de hausser progressivement le rythme. La stabilité au freinage comme à l'accélération est impériale, mais il faut avouer que les contraintes ne sont pas énormes non plus !

Assez vite d'ailleurs, les limites de la Honda sont cernées. Lors des dépassements par exemple, le pied gauche ne doit pas quitter le sélecteur car le rupteur intervient très tôt (à 6500 tr/min) et de manière brutale : pour un peu, on se croirait sur une grosse CBF125...

Poussif sous 4000 tr/min, le bicylindre dispose au final d'une plage d'utilisation trop courte qui oblige le conducteur à jouer constamment de la boîte pour ne pas perdre trop de terrains face à ses deux compères, notamment en sortie de courbes.

Sur l'ER-6n, l'apprenti pilote prend davantage son pied grâce à un moteur bien plus expressif ! Pas beaucoup plus souple que celui de la Honda, le moteur de la Kawa ne rechigne pas en revanche à prendre des tours et propulse très efficacement l'ensemble.

Malheureusement, les grésillements qui apparaissent vers 3500 tr/min dans les repose-pieds ont tôt fait de remonter vers l'entre-jambes... La nouvelle selle épaisse montée sur silent-blocks ne filtre pas suffisamment les vibrations qui finissent par agacer pilote comme passager, surtout sur voie rapide.

Sur voies rapides

Dans ces conditions, la Kawa accroche les 130 km/h à un peu plus de 6000 tr/min en sixième et distille toujours trop de vibrations pour être confortable. La Gladius en revanche, calée sur la même foulée, en est totalement exempte, tout comme la Honda dont le moteur tourne 2000 tr/min moins vite !

De retour sur petite route, le troisième larron aux commandes de la Gladius a le sourire : un peu moins sensationnel que le bicylindre en ligne Kawasaki, le bicylindre en V à 90° de Suzuki n'en est pas moins efficace. Il est même bien plus rond et élastique que ses compères : un bon point lors des premières arsouilles.

En outre, quelques tests de reprises permettent de découvrir qu'à partir de 5500 tr/min, la Suzuki se défait facilement de la Kawasaki (malgré des puissances annoncées identiques) et largue définitivement la Honda ! On regrette donc amèrement que l'injection de la Gladius - celle de cet essai, en tout cas - ne soit pas mieux calibrée...

À la coupure et à la remise des gaz, le hoquet du moteur ébroue la transmission et perturbe le pilotage. En entrée de courbe et à l'intérieur même du virage, le train avant de la Suz' - plus incisif que les deux autres, on l'a vu - perd un peu le fil et brouille la trajectoire, même sur revêtement parfaitement lisse.

Dans ces conditions, l'ER-6n reprend la tête grâce à son train avant plus posé et à sa rigueur supérieure. Derrière, la NC700S ne peut suivre le rythme et même en enroulant au maximum, la Honda se fait décrocher en raison d'une garde au sol limitée : les repose-pieds raclent bien plus vite que sur les deux rivales !

Mais lorsque l'état du bitume se dégrade et pour peu que son païlote se crache dans les gants, la Honda est capable de rejoindre le duo de tête dont les suspensions moins bien accordées - la fourche de la Suz' est réglable en précontrainte mais ça ne change pas grand chose - incitent à rendre la main plus rapidement.

L'école de la moto

Ces trois motos partagent la même cour, mais pas le même préau... Pour poursuivre la métaphore scolaire, on pourrait comparer la NC700S à cette élève sage et disciplinée, celle qui n'oublie jamais son livre de maths puisqu'elle l'a soigneusement logé la veille au soir dans son vaste cartable.

Avec elle, les ratures, les fôtes d'accord ou d'inattention sont bannies. Elle prend d'ailleurs grand soin de ne pas gâcher son encre. Bref, elle fait tout son possible pour ne pas se faire remarquer... Et elle y arrive, ce qui n'est pas du goût de tout le monde !

À l'inverse, l'ER-6n s'apparente à la coqueluche de l'école, la charmante voisine de classe que l'on est sûr de croiser à la prochaine boum ! Elle sait d'ailleurs y faire avec les garçons et les faits tous "vibrer"... Mais attention, car ses gesticulations et son omniprésence peuvent énerver ou lasser...

Enfin, la Gladius est la sportive de la bande, l'élève la plus turbulente. Dure à suivre en cours de sport et dure à cuire pendant les récrés, elle est moins à l'aise dans les autres matières ! Les professeurs, même les remplaçants d'un jour, se rappelleront d'elle longtemps pour ses qualités autant que pour ses défauts.