Le groupe autrichien Pierer Mobility ouvre une procédure de restructuration judiciaire pour sa marque principale KTM, en proie à d'importantes difficultés financières. La marque Orange voit rouge : il lui manque plusieurs centaines de millions d'euros !
"Au cours des trois dernières décennies, nous sommes devenus le plus grand constructeur de motos d'Europe", rappelle le PDG de KTM dans une allocution vidéo dévoilant la mise en restructuration judiciaire de son entreprise. (...) "Aujourd’hui, nous faisons une halte pour préparer l'avenir. La marque KTM est l'œuvre de ma vie, et je me battrai pour elle", affirme le combatif Stefan Pierer.
Cette annonce préoccupante n'est hélas pas une surprise : KTM traverse une mauvaise passe depuis un certain temps déjà, et cette situation empire. Rappelons que la marque Orange - propriétée du groupe Pierer aux côtés de GasGas, Husqvarna et MV Agusta - avait supprimé 300 postes dans son usine de Mattighofen (Autriche) fin 2023, avant d'annoncer une nouvelle restructuration et la revente de ses marques de vélos Raymon et Felt durant l'été 2024.
Les causes ? Des ventes en berne sur ses principaux marchés : l'Europe et les États-Unis. KTM estime aussi pâtir du manque de compétitivité du "Made in Europe", fustigeant entre autres "des salaires élevés et des coûts croissants liés aux réglementations et à la bureaucratie". Raisons pour lesquelles les volumes construits en Autriche se réduisent chaque année, aux profits de stratégies de délocalisations...
Mais faire fabriquer ses motos par le partenaire et actionnaire indien Bajaj et le chinois CFMoto ne suffit pas : KTM doit également les vendre pour renflouer sa trésorerie et rentabiliser ses investissements ! Or, les carnets de commandes ne semblent pas se remplir suffisamment vite…
"Les besoins de financement de KTM sont actuellement d'une somme de plusieurs centaines de millions d'euros", chiffrent ses gérants. "Le management ne pense pas être en mesure de réunir le financement nécessaire dans les temps". Les pertes s'annoncent sévères pour l'exercice 2024... Raison pour laquelle le conseil d'administration de Pierer Mobility place KTM en "restructuration juridique auto-administrée" au 29 novembre. Cette procédure proche du redressement judiciaire permet de continuer à gérer ses actifs dans l'attente d'un plan de financement pour honorer les créanciers. Les détails sont à retrouver dans cet article.
KTM va parallèlement réduire sa production et accélérer l'épuration de ses stocks physiques, afin de limiter les coûts liés à ses immobilisations. La marque autrichienne peut aussi continuer à proposer des prises de participation, de manière à échanger des actions contre du cash... ou des annulations de créances de ses partenaires, au choix.
La rumeur voyait notamment Red Bull, sponsor historique de Katoche, prendre place parmi les actionnaires de KTM… Un rapprochement fermement démenti la semaine dernière par voie de communiqué : "Pierer Mobility affirme qu'il n'y a pas de discussion sur une arrivée de Mark Mateschitz (propriétaire de Red Bull, NDLR) chez Pierer Mobility et KTM".
Cette procédure de restructuration court sur un délai de 90 jours, soit jusqu'à fin février 2025. Au terme de ces trois mois, KTM doit être en mesure de repartir sur de bons rails ou, a minima, de convaincre ses créanciers. "Pierer Industrie AG est en mesure de s'acquitter intégralement de ses obligations en prenant les mesures appropriées", (r)assure le groupe.
Cette restructuration judiciaire concerne "KTM AG" et ses filiales "KTM Components" et "KTM F&E". Elle n'englobe pas les filiales de distribution comme KTM France. Rappelons que KTM génère l’essentiel du chiffre d’affaires du groupe Pierer, loin devant Husqvarna et MV Agusta dont le rachat et les investissements pour les (re)développer ne sont probablement pas neutres sur l'évolution de la trésorerie…
.
.
.