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Paris, le 5 décembre 2025

Pourquoi Ural limite sa production au sidecar chinois Neo 500

Pourquoi Ural limite sa production au sidecar chinois Neo

Le célèbre constructeur de motos avec side-car Ural, né en 1941 dans l'ex Union Soviétique, est dans la tourmente depuis le conflit Russie-Ukraine. Son président, Ilya Khait, décrit avec franchise les raisons qui le poussent à stopper la production de ses modèles historiques pour se recentrer sur le Neo 500, fabriqué en Chine par son partenaire Yingang.

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Si les effets de l'invasion de l'Ukraine par la Russie sur la moto sont essentiellement indirects, un constructeur en subit pourtant de lourdes conséquences : Ural Motorcycles. Face aux velléités belliqueuses de son pays, le constructeur des indestructibles motos attelées a dû transférer sa production d'Irbit (Russie) à Petropavlovsk (Kazakhstan) en août 2022. Le siège social est quant à lui "passé à l'ouest", à Woodinville aux États-Unis, dès 2006.

"Nous avons piloté l'entreprise à travers la crise financière de 2008, la pandémie de COVID-19 et le début de la guerre en Ukraine ainsi que d'innombrables autres crises de moindre ampleur. À l'image de nos motos, nous sommes trop obstinés pour abandonner !", souligne le site officiel d'Ural, qui tire son nom de la chaîne de montagnes entre l'océan Arctique et le Kazakhstan.

Mais cette remarquable obstination ne suffit plus à faire prospérer cette entreprise indépendante - autonomie suffisamment rare pour être soulignée -, qui emploie une centaine de salariés pour fabriquer entre "800 et 1200 unités par an". Une production drastiquement revue à la baisse depuis le début du conflit et qui pâtit des effets de l'exil forcé vers le Kazakhstan…

"Nous perdions de l'argent sur chaque moto produite"

"J'ai encore du mal à trouver les mots justes pour décrire ce qui est arrivé à Ural lorsque la guerre a éclaté en 2022", se remémore le président d'Ural Motorcycles. "Le mieux serait de dire que c'est comme si notre usine d'Irbit avait explosé : il a fallu prendre une décision rapidement. Certains ont suggéré d'arrêter complètement, mais cette idée a été immédiatement écartée. Nous avons donc transféré l'assemblage final au Kazakhstan", explique Ilya Khait.

 

"Cela nous a permis de continuer à fabriquer des motos. Cependant, opérer entre deux pays - l'un sous sanctions et l'autre quasiment dépourvu d'infrastructures pour une entreprise comme la nôtre - s'est avéré extrêmement complexe. Fin 2024, il était évident que ce modèle ne pouvait pas durer : nous perdions de l'argent sur chaque moto produite", relate le dirigeant. 

"Puis, en avril 2025, les droits de douane sont entrés en vigueur : non seulement la production était devenue inefficace, mais la vente sur notre principal marché, les États-Unis, est devenue quasiment impossible", détaille Ilya Khait dans un post publié le 18 novembre 2025 sur le blog d'IMZ-Ural. Cet écroulement du marché américain est l'obstacle de trop à franchir pour la vaillante marque russe : si Ural est présent dans plus 40 pays, l'Amérique représente "près de la moitié de ses ventes".

Dans ce long message, le PDG d'Ural Motorcycles se livre avec une étonnante franchise sur ses difficultés. Une lettre touchante car sincère, sans filtres marketing ni blablas juridico-économiques. Ilya Khait y expose sans détour l'inexorable dégradation de son entreprise, son refus de vendre le nom "Ural" comme un simple faire-valoir puis son rapprochement avec un constructeur chinois, Yingang.

Du rétro russe au Neo chinois

"Lorsque nous avons commencé à chercher des solutions pour poursuivre notre développement, nous savions précisément ce que nous ne voulions pas : devenir un simple logo apposé sur le produit d’un tiers (oui : nous avons reçu de telles propositions). Nous recherchions des partenaires qui comprennent le concept de sidecar et qui soient prêts à collaborer", développe le PDG d'Ural.

 

"Nous avons exploré l'option de délocaliser la production aux États-Unis (le siège d'Ural est dans l'État de Washington, NDLR) et bien d'autres encore, mais les chiffres ne le permettent pas : la réplication de l'infrastructure de production exigerait des investissements de plusieurs millions de dollars", détaille le dirigeant en évoquant des prix de vente qui seraient devenus "inaccessibles à la plupart des utilisateurs".

"Nos recherches nous ont menés à Yingang, une entreprise familiale forte de plusieurs décennies d'expérience dans la fabrication de motos avec side-car pour le marché local. Leur savoir-faire et leur volonté de collaborer avec nous pour perfectionner le produit en ont fait le partenaire idéal", dévoile-t-il.

"Ensemble, nous avons commencé à développer ce qui allait devenir l'Ural Neo 500, basé sur une plateforme existante, testée et perfectionnée avec notre contribution et notre supervision et construite selon nos spécifications et nos exigences de qualité".

En clair : ce Neo 500 ci-dessus est une moto attelée d'origine chinoise améliorée par Ural, puis fabriquée localement par Yingang. Loin, très loin même, des increvables moto side-car conçues en Russie depuis 84 ans, les seules au monde à recevoir une transmission deux-roues motrices (voir encadré ci-dessous) ! Lucide, Ilya Khait est conscient de la portée de son choix rationnel, car indispensable à la survie d'Ural.

"Nous savons que le design de Neo ainsi que l'orientation générale de l'entreprise ne correspondent pas aux attentes de nombre de nos clients de longue date", reconnaît-il. "Une nouvelle génération découvre les side-cars pour d'autres raisons : le partage d'expériences, le côté pratique et la curiosité. L'Ural Neo est conçue pour eux : laissons-leur l'opportunité de se faire leur propre opinion".

Les sidecars Ural traditionnels "sur pause"

"Si les modèles 2-roues motrices faisaient encore partie de notre gamme, Neo ne leur ferait pas concurrence : il les compléterait", ajoute Ilya Khait en mettant noir sur blanc ce que tous les passionnés d'Ural redoutaient depuis un certain temps déjà : l'arrêt de la production des motos attelées Ural "traditionelles" à propulsion intégrale…

 

Un arrêt définitif ? "Nous parlons de mise en pause... ce qui signifie en clair que nous ne savons pas", répond le PDG. "Ce dont nous sommes certains, c'est que nous n'avons pas encore abandonné l'idée : la clé de la reprise de la production, si elle devient possible, réside dans la préservation de la documentation, des équipements, de l'outillage et, surtout, de nos ingénieurs expérimentés et de nos ouvriers qualifiés

"Nous mettrons tout en œuvre, aussi longtemps que possible, pour maintenir cette infrastructure", poursuit Ilya Khait, qui continue à faire tourner l'usine historique d'Irbit avec un "effectif réduit" pour construire un nombre "limité" de motos destinées à son marché domestique. L'usine réalise également des "assemblages" pour un constructeur automobile local.

Un nouveau chapitre écrit en Chine. Pour l'instant ?

A la question de savoir pourquoi la poursuite de l'activité passe par la Chine, le PDG d'Ural répond là encore avec transparence : "La Neo 500 est fabriquée en Chine car c'est le choix le plus judicieux aujourd'hui (...) : à mesure que le projet se développera, nous continuerons d'évaluer où et comment les futurs modèles devraient être fabriqués".

"La Chine est le premier centre de production de motos au monde, avec un vaste réseau de fournisseurs spécialisés de pièces et de composants. Aucun autre pays au monde ne peut fabriquer des side-cars d'une qualité comparable et à un prix aussi abordable", reconnaît-il. 

"C’est précisément pour cela que ce projet s’appelle Ural Neo : c’est un nouveau chapitre, et nous en assumons pleinement la différence", termine Ilya Khait. "L’alternative aurait été de perdre tout simplement le nom Ural : nous préférons voir ce nom perdurer plutôt que d’être gravé sur une pierre tombale. Nous espérons que vous partagez cet avis".

Le sidecar Néo a reçu ses premières certifications et entre désormais en phase finale des tests et homologations. Ural espère pouvoir dévoiler ses premiers modèles "fin janvier, début février aux États-Unis" pour une arrivée en concessions prévue "fin mai 2026". Moto-Net.Com suivra l'évolution de ce dossier : restez connectés !

Ural : un nom, un mythe.

L'histoire d'Ural débute en 1941 à Irbit, à un tour de roue des plaines glaciales de la Sibérie, dans ce qui se nomme alors l'Union soviétique. Son premier modèle de moto side-car, la M-72, est conçue pour l'armée de la "Mère patrie" pendant la Seconde Guerre mondiale. Si l'attelage est de conception maison, la moto, elle, est une copie assumée de la BMW R71 de 1938. La Ural M-72 s'appuie notamment sur l'architecture bicylindre plat chère à la marque allemande.

Cet attelage - réputé pour sa robustesse - traverse les époques avec des améliorations comme la marche arrière de série, puis une transmission à deux-roues motrices : la roue arrière de la moto, évidemment, et celle du panier. L'arbre de transmission qui relie les deux roues de 19 pouces, débrayable, ne comporte pas de différentiel. Son usage est donc réservé à de forts besoins de motricité à faible allure. La suspension avant non conventionnelle, avec un système de bras-articulés et de combinés-ressorts exclusifs, compte parmi les autres particularités de cet engin hors normes.

Son moteur est toujours resté fidèle à l'architecture "Boxer". Sa dernière évolution, homologuée Euro5 et injectée depuis 2021, cube 749 cc. Son refroidissement par air, ses soupapes latérales et sa boîte 4 vitesses (plus la marche arrière de série) en font une mécanique "éprouvée", mais fiable.

La moto side-car Ural était commercialisée à partir de 19 999 dollars et grimpait jusqu'à 26 999 dollars pour le modèle Expedition ci-dessous (hors frais de préparation, de livraison et montages à la carte).

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