Pour la première fois la Fédération française de motocyclisme (FFM), la Fédération française des motards en colère (FFMC) et le Collectif de défense des loisirs verts (Codever) s'unissent publiquement contre les dangers qui menacent la moto. Explications.
Dès son arrivée à la tête de la Fédération française de motocyclisme, Jacques Bolle avait prévenu : l'une de ses chantiers prioritaires serait la lutte contre la motophobie, "un sujet que l'on rencontre trop souvent aujourd'hui", déplorait-il il y a un an et demi (lire Moto-Net.Com du 8 septembre 2008).
Une "vraie révolution" qui aurait surpris les anciens...
Ce matin, en réunissant publiquement pour la première fois les anciens "frères ennemis" de la FFMC et les défenseurs de la moto verte du Codever, Jacques Bolle poursuit ce combat : "c'est une vraie révolution qui aurait pu surprendre les plus anciens il y a quelques années", a-t-il admis en référence à la rivalité - voire l'hostilité - qui opposait encore récemment la FFM et la FFMC.
Les raisons de cette salutaire "réunification" tiennent en peu de mots : la lutte contre la motophobie pour la "sauvegarde des activités motorisées". Coïncidence : nos confrères de Moto Journal lancent aujourd'hui même une campagne intitulée "Oui à la moto". Sur le modèle de l'initative espagnole "Si a la moto" lancée il y a 10 ans par l'Association nationale des entreprises du secteur des deux-roues et Motociclismo (lire MNC du 20 juillet 2003 : Grave crise de la moto en Espagne) ou du collectif suisse Pro Moto rassemblant importateurs, associations de motards et presse spécialisée (lire Moto-Net.Com du 15 mai 2003 : La révolte gronde en Suisse), l'hebdomadaire français entend "éclairer le débat" face à "l'étau qui se resserre sur notre liberté de rouler à moto".
Car il y a urgence : "la situation s'aggrave !", s'alarme Patrick Huet, président du Codever. "Le seuil d'alerte est dépassé depuis longtemps !", poursuit son directeur Charles Péot. "Il y a le feu dans la maison !", renchérit Jacques Bolle.
"Notre empreinte carbone est très faible !" |
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Alors que l'obsession sécuritaire du risque zéro réprime violemment toute activité "hors normes" - en gros, toutes celles qui ne consistent pas à s'affaler dans son canapé trois fois sans frais pour regarder Nikos Aliagas pleurnicher sur Johnny Hallyday - et que l'écologie est mise à toutes les sauces pour le meilleur et pour le pire, les menaces et discriminations qui pèsent sur notre pratique sont en effet légion : la loi des 100 chevaux, cette "absurde exception française" selon le délégué général de la FFMC Eric Thiollier, qui a également rappelé les sanctions encourues en cas de vente d'un véhicule "non conforme à sa réception" (6 mois d'emprisonnement et 7500 euros d'amende pour les particuliers, y compris pour un simple changement de rétro ou de clignotant !), l'obligation de déclarer en préfecture les balades en groupe, l'interdiction du tunnel de l'A86 "au détriment de notre sécurité", les PV "à la volée" pour la circulation entre les files, les difficultés de stationnement en ville et les prunes qui vont avec, la loi Lopsi 2 sur la sécurité intérieure, le contrôle technique moto qui ne devrait plus tarder à refaire surface, l'éventuelle interdiction des casques jets, les plaques à l'avant, le gilet jaune, l'augmentation à 16 ans de l'âge minimum pour accéder aux cyclomoteurs, etc.
Faire entendre nos arguments pour que cessent les préjugés
Hors de la route et de la ville, la situation n'est guère plus enviable pour le Codever, qui se bat "depuis 23 ans" pour la liberté de circuler sur les chemins. Selon la FFM, plus d'une trentaine de terrains de moto-cross seraient menacés de fermeture, sans compter les annulations ou interdictions d'épreuves qui se multiplient (lire notamment MNC du 25 novembre 2009 sur le Moto Club de Goult et MNC du 10 décembre sur la Rond'Europe) ni les difficultés croissantes pour l'organisation d'événements tout-terrain.
Dans ce contexte hostile, la FFM, la FFMC et le Codever ont pris l'engagement de s'unir pour "parler d'une même voix". "Je crois que notre position est renforcée aujourd'hui", estime Jacques Bolle. "on a l'impression que notre avis est important pour Mme Merli (la déléguée interministérielle à la sécurité routière, NDLR), on se bat, il y a quasiment une réunion par semaine".
Ce combat se poursuit sur le terrain - "à l'échelle départementale, nationale et européenne", précise Eric Thiollier -, mais "il nous faut du monde pour défendre notre point de vue", rappelle Charles Péot : "nous devons rentrer dans toutes les instances qui parlent de notre activité , les commissions, les groupes de travail... Il faut faire entendre nos arguments pour que cessent les préjugés".
Si l'on ne peut que se féliciter de la constitution de ce front commun, on pourra toutefois regretter la faible implication de l'industrie et des chambres syndicales, ainsi que l'absence de calendrier précis de la part de ces trois entités qui ont au moins le mérite de se bouger : la création d'un poste de lobbyiste en partenariat avec la Fédération française du sport automobile (FFSA) pourrait représenter une avancée, ainsi qu'une manifestation monstre dans les rues de la capitale au printemps, suivant les résultats du Grenelle de la moto ?
Tout dépendra visiblement de la mobilisation des motards et autres utilisateurs de deux-roues... Mais l'esprit de famille existe-t-il encore suffisamment au sein de cette population "d'utilisateurs" de plus en plus disparate ? Réponse dans les mois qui viennent sur le Journal moto du Net, qui suit avec attention cet épineux dossier du lobbying moto depuis maintenant plus de 10 ans. A suivre... Restez connectés !
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