Quelle moto choisir pour débuter en compétition ? Le Journal moto du Net ne s'était jamais posé la question... Et n'a pas plus réfléchi lorsque Ducati lui a proposé de participer à sa première course, au guidon d'une 959 Panigale et face à des Panigale V2 et V4, S1000RR ou RSV4. Défi relevé !
"Ange de la route" devant Valentino Rossi l'Éternel, Moto-Net.Com ne conçoit pas de se rendre au circuit pour participer à sa toute première course officielle autrement qu'à moto. Pour s'échauffer, le Journal moto du Net a donc piqué à Ducati West Europe une 959 Panigale toute d'origine.
Toute ? Non ! Car la filiale française de la marque italienne a notamment doté "notre" moto de route de silencieux Akrapovic plus élégants - et ronflants ? - que les modèles d'origine. Impossible de démarrer cette satanée Ducat' sans réveiller ses voisins et l'ensemble des résidents des rues parcourues ensuite !
Mille Neuf cent cinquante-neuf excuses donc à tous ceux dont le sommeil a été troublé, voire définitivement interrompu par MNC ce dernier week-end du mois d'août 2018, dimanche compris ! Mince consolation pour eux : le pilote lui aussi est brutalement plongé dans un environnement sportif. Et pas uniquement sonore !
La position que l'on doit adopter sur cette belle italienne est extrême...ment inconfortable : mains écartées, poignets cassés, buste incliné, fesses surélevées, pieds reculés ! Il n'y a guère qu'au niveau des genoux que le conducteur se satisfait de son - mauvais - sort : la finesse du réservoir permet de bien enserrer sa compagne.
Tous deux réglables en écartement, les leviers de la 959 Panigale exigent du doigté. À gauche, l'embrayage manque de douceur et de progressivité, ce qui complique les démarrages sur le premier - long - rapport. À droite, le frein est aussi mordant que puissant : heureusement que l'ABS veille sur les pavés ou le "gramouillé" !
Après un démarrage plutôt fastidieux - on plaint le démarreur chargé d'animer les deux pistons de 100 mm de diamètre ! -, le moteur distille au ralenti de "good vibrations" à son pilote. L'inertie du L-Twin est incroyablement faible : les coups de gaz se traduisent par de vives montées et descentes de régime !
Coupleux, linéaire et doté d'une injection finement calibrée, le Superquadro est "super" facile à utiliser en ville et sur route. Le quickshifter facilite encore le travail du pilote en autorisant des montées de rapports bas dans les tours et sans à-coups, à condition de ne pas trop pivoter la poignée des gaz.
Pour descendre les vitesses en revanche, il faut impérativement utiliser l'embrayage - et, accessoirement, mettre un coup de gaz. Sur une moto sportive d'une valeur de 17 000 euros, on aurait apprécié que le shifter assure aussi la fonction "down", non ?
De même, certains clients ne manqueront pas de critiquer le tableau de bord : en plus d'être terne - noir et blanc uniquement -, il fait l'impasse sur la jauge à essence ! La petite Panigale qui se vante d'être à la pointe de la technologie ne mériterait-elle pas un compteur à la fois complet et en couleurs ?
Au bout de cinq minutes d'utilisation seulement, la température monte à bord. Appréciable lorsqu'on part comme MNC aux aurores, équipé d'une simple combinaison en cuir perforé, la chaleur qui émane du moteur et des collecteurs devient insupportable dès que la température extérieure dépasse les 20°C.
Le pilote suffoque vite : au feu rouge, il se perche sur l'arrière et le haut de la selle pour s'éloigner au maximum de la source de chaleur. La mécanique résiste tant bien que mal, grâce au ventilateur qui évacue les calories vers les mollets du pilote ! Bien avant d'entrer en piste donc, Moto-Net.Com mouille déjà son maillot et son slip !
Sur les grands axes, la 959 Panigale accepte de trotter à 50 km/h sur le 4ème rapport, mais pour affronter la circulation en plein centre-ville, il est impératif de faire tomber une, voire deux vitesses. Le rayon de braquage complique les manœuvres dans les parkings deux-roues.
Sur les quais de Seine ou le périphérique, le Superquadro accepte de maintenir les 70 km/h réglementaires en 6ème sur un filet de gaz, mais ne tolère guère de descendre en-dessous. Au moindre ralentissement, il faut donc jouer du sélecteur et de l'embrayage dur, donc fatigant à la longue.
L'insertion sur voie rapide soulage le moteur : à 90 km/h, la Panigale tourne enfin parfaitement rond. À partir de 110 km/h, les reprises sur le dernier rapport deviennent musclées. Mais si les poils du pilote commencent à se hérisser, c'est aussi à cause des grésillements qui apparaissent dans le guidon et le réservoir.
Notre Panigale de route étant équipée de la bulle haute "Racing", elle permet d'isoler la tête des turbulences et donc de faire sensiblement tomber le niveau sonore à l'intérieur du casque. On a beau se recroqueviller sur le large réservoir - large en haut, évasé dessous ! -, les épaules demeurent en revanche secouées par le vent.
C'est donc avec un certain soulagement que Moto-Net.Com descend de sa "première" moto et la gare sous la tente Ducati. Petite astuce MNC : la béquille de la 959 va se chercher avec la pointe de la botte, et non avec le talon. Elle s'avère ainsi bien moins pénible que la latérale de la Panigale V4.
Une demi-heure de route suffit pour comprendre que derrière ses lignes épurées et sous sa robe blanche se cache un véritable démon ! La 959 Panigale est usante en ville et éprouvante sur route. Mais pour ce(s) programme(s), la récente SuperSport est bien plus recommandée. C'est sur circuit que la petite Panigale est censée se révéler : en piste !
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959 PANIGALE "DE ROUTE" | ||
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959 PANIGALE "DE COURSE" | ||
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POINTS FORTS 959 PANIGALE | ||
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POINTS FAIBLES 959 PANIGALE0 | ||
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