Déclarations et analyse du Superbike à Portimao

Comme il y a deux semaines à Misano, Tom Sykes partait ce dimanche à Portimao de la première place sur la grille du World Superbike. Il s'agissait pour lui de la 22ème pole position de sa carrière, soit une de plus que le "King" Carl Fogarty... mais encore 21 de moins que "Mister" Troy Corser !

En s'installant derrière la Kawasaki n°1 au départ de la première manche - sous des nuages menaçants mais sur une piste sèche -, les adversaires de "Super" Sykes savaient qu'il leur faudrait sortir le grand jeu pour espérer le devancer à l'issue des 20 tours que comptait la course...

Partis en trombe devant Tom, Marco Melandri et Jonathan Rea n'ont finalement pas tenu respectivement plus de deux et trois boucles. Dans la quatrième, le Ninja anglais assommait ses rivaux en signant le chrono le plus rapide de la course : 1'43,167.

Le record de la piste n'est pas battu, mais peu importe pour le pilote Kawa puisque c'est son nom qui apparait sur les tablettes depuis l'an dernier. Tom Sykes s'était - déjà - montré le plus rapide sur une piste portugaise alors un peu moins bosselée.

Impérial pendant la première moitié de la première manche, le "Number One" de la discipline a préféré rendre les gaz à l'apparition de fines gouttes d'eau sur sa visière et sous ses pneus slicks ! En l'espace d'un seul tour, l'avance de Tom Sykes tombait ainsi de trois à deux secondes...

Mais le léger crachin est parti aussi vite qu'il était arrivé, permettant au champion du monde 2013 - et leader du championnat 2014 - de se maintenir à bonne distance de ses deux poursuivants sur la piste comme au championnat : Sylvain Guintoli et Loris Baz.

À l'issue de cette première manche portugaise, alors que Tom gravissait pour la troisième fois consécutive la plus haute marche du podium WSBK, le constat était limpide : seuls la météo, un pépin technique ou une chute - en course, ou dès le tour de formation ! - pouvaient empêcher Sykes de signer un quatrième doublé cette saison.

Or la seconde manche s'est comme par miracle disputée sous la pluie, parfois battante ! Bien malgré eux, les trois hommes forts du championnats ont dû céder leurs places aux seconds couteaux, parmi lesquels figurait bien évidemment la "lame de feu" (Fireblade, littéralement) n°65...

Monté à sept reprises sur le podium de Portimao en douze participations, Jonathan Rea n'avait jusqu'ici jamais remporté de course au Portugal. Qualifié en deuxième position, le pilote Honda n'avait rien pu faire en première manche aux commandes de sa CBR1000RR SP, mais il s'est montré plus efficace et endurant en seconde manche.

Sykes et Rea au Top

Alors que la gestion électronique du frein moteur de la Honda laisse encore à désirer en fin de course sur pneus usés, elle semble moins problématique sur pneus pluie. Par ailleurs, le fait que Pirelli ne propose qu'un type de pneumatique "Rain" - contre trois à l'arrière et deux à l'avant pour le sec - tend à limiter les surprises, bonnes comme mauvaises.

Rea le reconnaît humblement : la pluie nivelle les performances. La performance des motos d'une part, puisque la puissance maxi n'est plus l'atout maitre, et la performance des pilotes d'autre part, en modérant l'agressivité de ceux qui jouent le titre et en haussant la combativité des pilotes qui n'ont rien à perdre, et beaucoup à gagner.

"JR", quatrième du championnat, a justement vu dans cette deuxième manche l'occasion rêvée de revenir au contact des Frenchies "Guinters" et "Bazooka" au classement général. Il n'a donc pas hésité un instant sur la stratégie à adopter en deuxième manche : imprimer dès le début de course un rythme d'enfer, que même Sykes himself n'a pu maintenir.

Au fil des tours cependant, le pilote Honda a vu revenir sur lui les deux Aprilia officielles. Sa machine avait beau lui permettre de continuer à enchaîner les tours sous les 1'56, cela n'était pas suffisant face aux RSV4 d'usine de Melandri et de Guintoli, qui tournaient environ 1,5 seconde plus vite !

Alors que Marco venait de rejoindre "Johnny" en tête de la course, son coéquipier "Sylvano" a malencontreusement confondu vitesse et précipitation... Mais qui - à part les fans de Melandri, bien sûr -, pourrait en vouloir au n°50 : sur le mouillé et à ce niveau de compétition, la frontière entre les deux notions est encore moins nette !

Pour avoir roulé à Portimao à plusieurs reprises, Moto-Net.Com doit reconnaître que déclencher une attaque dans le virage 5 est très tentant : cette épingle, qui se situe au fond d'une cuvette, offre une vue dégagée et plongeante sur ses adversaires... contrairement à la majorité des autres virages, en aveugle !

Cette position dominante et la profonde aire de dégagement qui suit, totalement dépourvue de bac à graviers, peuvent rendre un brin optimiste... Malheureusement pour Guintoli, l'état de la piste - qu'il connait par coeur, il aurait pu se méfier ! - ne lui a pas permis de rester sur ses roues et d'achever son "block pass" sur Melandri...

Faut pas confondre, y a le bon et le mauvais pilote...

En compétition moto c'est bien connu, il y a le bon et le mauvais pilote : "celui qui se sent bien sur sa moto, qui voit un espace et qui se lance", et puis "celui qui se sent bien sur sa moto, qui voit un espace et qui se lance"... Libre à chacun de classer Guinto - et ses petits camarades - dans l'une ou l'autre catégorie !

Dimanche midi, supporters et détracteurs de Guintoli ne pouvaient qu'approuver l'audace dont pilote anglo-drômois avait fait preuve en première manche. Deuxième du championnat, il prenait néanmoins de gros risques sous la fine pluie pour aller chercher la deuxième place et ses 20 - gros - points...

Quelques heures plus tard, le n°50 passait pour un pilote téméraire et trop pressé : pas facile, la vie de prétendant au titre de World Superbike ! Melandri peut d'ailleurs nous le confirmer : l'ironie veut que l'Italien n'ait pas pu repartir suite à "sa" chute, contrairement à Sylvain qui a pu assurer la 7ème place, derrière Baz mais devant Sykes !

Outre Jonathan Rea qui a pu s'offrir sa quatrième victoire de la saison (la 15ème de sa carrière en WSBK, autant que Melandri), la bourde de Guintoli a profité aux deux Ducati officielles : Davide Giugliano et Chaz Davies étaient pour la première fois réunis sur le podium cette année !

Très fiers d'offrir à leur équipe et à l'usine de Borgo Panigale ce "double podium", l'Italien et le Gallois ne seront véritablement satisfaits que lorsqu'ils obtiendront un véritable doublé, voire un quadruplé, comme l'ont réalisé Sykes et Baz à Aragon, Donington Park puis Misano pour Kawasaki, et Melandri et Guintoli à Sepang pour Aprilia !

Malgré les faibles chances de précipitations - qui ont bien aidé les 1199 Panigale ce dimanche après-midi -, la prochaine épreuve programmée dès ce week-end à Laguna Seca, sur la côte ouest des États-Unis, pourrait bien sourire aux deux hommes de Bologne...

Les lecteurs de Moto-Net.Com - qui, comme chacun sait, ont un peu plus de mémoire vive que les autres - se rappellent en effet que Niccolo Canepa avait brillamment remplacé Carlos Checa l'an dernier lors du "round" américain : le pilote de Superstock 1000 avait hissé la Panigale en haut du deuxième rang de la grille de départ !

En course malheureusement, le n°59 n'avait pas pu confirmer, le train avant de "sa" Ducati lui fuyant par deux fois entre les gants. Mais cette année, la Superbike sauce bolognaise semble mieux campée sur sa fourche - Davies a signé le chrono le plus rapide de la seconde manche portugaise pour résister au retour impressionnant d'Alex Lowes ! - et devrait permettre à Giugliano et Davies de briller à nouveau.

On note au passage que l'année dernière, le n°34 et le n°7 avaient bien tourné sur le petit circuit californien aux commandes de leurs Aprilia et BMW respectives et s'étaient relayés sur la deuxième marche du podium américain, derrière la Kawasaki de Sykes puis l'Aprilia de Laverty...

Enfin, pour conclure l'épisode portugais de ce week-end, Moto-Net.Com tient à tirer son casque à Jérémy Guarnoni et Sylvain Barrier qui ont tous deux décroché leurs meilleurs résultats en Superbike ce dimanche à Portimao ! De bon augure pour l'épisode américain, à suivre en quasi-direct sur Moto-Net.Com bien évidemment : restez connectés !