Après chaque course Moto GP, retrouvez les déclarations des principaux pilotes de la catégorie reine et l'analyse de leurs succès (et de leurs échecs) par la rédaction de Moto-Net.Com. Débriefing du Grand Prix d'Australie MotoGP 2013.
En arrivant en Australie, antépénultième épreuve de la saison MotoGP 2013, Marc Marquez comptait 43 points d'avance sur Jorge Lorenzo et 54 sur Dani Pedrosa...
Les explications de Bridgestone... |
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Fort d'une première campagne exemplaire en catégorie reine (14 podiums dont six victoires en 16 courses), l'officiel HRC jouait sa première "balle de match" à Phillip Island : il lui "suffisait" de prendre 8 points au n°99 et de maintenir l'écart sur le n°26 pour coiffer, à seulement 20 ans, la couronne mondiale. La confrontation promettait donc d'être palpitante, d'autant que Lorenzo avait immédiatement annoncé la couleur en signant le nouveau record de la piste en qualifications !
Malheureusement, un facteur inattendu est venu gâcher la fête : les pneus... Dès les premiers essais libres, Dunlop (fournisseur unique du Moto2 et du Moto3) et Bridgestone (fournisseur du MotoGP) se sont rendus compte que le nouveau revêtement utilisé lors de la rénovation du tracé australien cet hiver allait leur poser problème : plus abrasif que l'ancien, ce bitume mettait littéralement en pièces leurs pneus les plus durs au bout de quelques tours seulement !
Partagé entre son obligation d'assurer la sécurité des pilotes et ses engagements contractés avec les chaînes TV et ses partenaires financiers (sans parler des billets déjà vendus aux spectateurs), l'organisateur décide alors de prendre des mesures dans l'urgence pour que le spectacle tant attendu ait bien lieu...
Après moult hésitations et annonces rectifiées dans les heures suivantes, il est décidé que la course Moto2 sera réduite de moitié et qu'un arrêt aux stands sera imposé aux pilotes MotoGP, avec obligation de repartir avec leur seconde moto équipée de pneus neufs (lire MNC du 20 octobre 2013 et nos résumés des courses Moto GP, Moto2 et Moto3).
A ce stade, beaucoup s'interrogent alors sur la façon dont le championnat le plus prestigieux de la compétition moto a pu se retrouver dans une pareille situation : comment expliquer que ni Bridgestone, ni Dunlop n'ait anticipé ce changement d'adhérence pourtant très prévisible ? Et pourquoi Pirelli, fournisseur du championnat concurrent World Superbike, ne n'est-il pas retrouvé confronté aux mêmes problèmes lors de la manche australienne du WSBK ?
La réponse est simple : parce qu'aucun test MotoGP n'a été réalisé après les travaux, plaçant Bridgestone et Dunlop dans une situation d'improvisation, contrairement à Pirelli qui a profité des ultimes essais WSBK à Phillip Island en février pour préparer ses gommes.
Certes, les déplacements dans l'hémisphère sud coûtent extrêmement cher et on peut facilement comprendre pourquoi, en cette période de crise, il n'a pas été jugé opportun d'ajouter des essais en Australie pendant l'intersaison. Déjà que seuls les teams MotoGP les plus fortunés ont pu réunir les moyens nécessaires pour participer aux tests de découverte du nouveau circuit d'Austin...
Néanmoins, rien n'empêchait Bridgestone et Dunlop de dépêcher quelques représentants pour collecter les informations essentielles concernant ce nouveau revêtement visiblement très "accrocheur". Quitte à restreindre le déplacement à un ou deux pilotes pour chaque catégorie - en accord avec l'ensemble des teams - afin de contenir les coûts, mais réaliser des simulations réalistes.
Au pire, une séance d'essais exceptionnelle programmée le jeudi aurait évité tous ces soucis (Bridgestone et Dunlop auraient eu trois jours pour réagir), sans engendrer de gros frais supplémentaires puisque tous les pilotes, leurs motos et les pneus étaient déjà sur place.
"Bridgestone savait que Phillip Island serait été une piste difficile pour les pneus : ils auraient dû venir et faire des tests avant", s'est notamment agacé Nicky Hayden.
Bien sûr, critiquer ou donner des conseils façon "Y a qu'à, faut qu'on" est toujours facile après coup. Il ne s'agit pas ici de faire le procès des manufacturiers ou de l'organisateur, qui ont par ailleurs su faire preuve de réactivité face à une situation extraordinaire, mais simplement de s'étonner de ce manque d'anticipation de la part des plus expérimentés professionnels de la course moto...
Et surtout de regretter les effets de cet épisode sur le déroulement du championnat. Car en repartant d'Australie, Marc Marquez - disqualifié en vertu d'un règlement bâti à la hâte -, n'a plus que 18 points d'avance sur Lorenzo et 34 sur Pedrosa. Tant mieux pour le spectacle, jugeront certains. Et tant pis pour l'image du MotoGP, un sport qui a tendance à oublier que son âme se trouve sur la piste et non dans ses coulisses, observeront les autres...
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