Le bilan provisoire de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) fait état de 3190 décès sur les routes de France en 2024, en légère hausse par rapport à l'année précédente. La mortalité motarde et scootériste atteint 23% du total.
"Pour la seconde année consécutive, le nombre de personnes tuées sur les routes reste sous la barre des 3 200 morts. Ces résultats sont encourageants et témoignent des efforts continus déployés pour améliorer la sécurité routière", constate le ministère de l'intérieur, en charge de la sécurité routière, devant son bilan provisoire de la mortalité sur les routes 2024.
Dans le détail, 3190 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine contre 3167 l'année précédente. Soit 23 morts de plus pour une hausse "statistique" de l'ordre de 0,7%. A ce total toujours dramatiquement trop élevé s'ajoutent les 241 décès constatés sur les routes d'outre-mer (DROM ET TOM), également en hausse de 4%.
A l'inverse, le nombre de blessés suite à un accident de la route est en léger recul : le total passe à 233 000, soit -0,8% par rapport à 2023. Parmi ces personnes, 16 000 ont été considérées comme "blessés graves", en léger repli (-0,6%) également. A noter que la catégorie qui enregistre la plus forte baisse du nombre de blessés est celle des deux-roues motorisés.
Le nombre de blessés graves à moto ou en scooter diminue sensiblement (-6%) pour s'établir à 5100. En comparaison, la proportion d'automobilistes blessés dans un accident augmente de 1%, tandis que celle des utilisateurs des "Engins de déplacements personnels motorisés" (EDPm), soit les trottinettes électriques et autres gyropodes, explose à +16% !
Cette baisse des blessés chez les deux-roues motorisés peut être liée à la progression des protections pour motards et scootéristes, dont les dispositifs airbag qui tendent à se développer depuis l'avènement de dispositifs électroniques autonomes. Reste que cette hypothèse positive est assombrie par une autre statistique, moins favorable…
Le nombre de morts à moto et en scooter est en effet à la hausse avec 726 tués en 2024, soit 20 morts supplémentaires. Cette augmentation de 2,5% implique que la catégorie des deux-roues motorisés représente 23% de la mortalité totale sur l'année. Une statistique qui sera à coup sûr reprise dans le débat public par les "anti" moto pour justifier de nouvelles mesures répressives…
Chez les automobilistes, le nombre de morts est également en augmentation (+1,5%) avec 1535 personnes décédées dans un accident de voiture contre 1512 en 2023. La mortalité piétonne s'établit quant à elle à 451 décès, celle des cyclistes à 222 et celle des "EDPm" à 44.
Comme chaque année, ce bilan fait ressortir la sur-représentativité de certaines catégories d'usagers dans les accidents mortels. Ainsi, presque 8 morts sur 10 sont des conducteurs masculins (78%) : 2477 hommes sont décédés sur la route contre 713 femmes. La même proportion s'observe au niveau des blessés avec 75% d'hommes hospitalisés.
Chez les deux-roues motorisés, ce taux de mortalité masculine grimpe en flèche pour atteindre "9 tués sur 10". A noter qu'il est équivalent dans la catégorie des cyclistes et des conducteurs poids-lourds. Autrement dit : les hommes sont nettement plus nombreux que les femmes à périr dans un accident de la route, à moto comme en voiture.
Rien d'étonnant, cependant, dans une société encore fortement guidée par l'influence masculine dans de (trop) nombreux domaines, notamment la conduite. Il suffit de prendre l'autoroute des vacances en ce mois de février pour le constater : la berline familiale est majoritairement et culturellement conduite par papa… tandis que maman tente (vainement) d'occuper la progéniture ! Un constat certes "cliché", mais toujours d'actualité.
Rappelons par ailleurs que la proportion de motardes, bien que croissante, reste encore minoritaire : entre 15 et 25% de femmes conduisent des motos, le taux variant sensiblement selon les sources des données. Malgré de nombreux appels du pied envers la gente féminine, la moto reste excessivement marquée par les différences de genre.
Les jeunes paient également un lourd tribut, surtout les 18-24 ans qui totalisent 531 décès (+ 34 morts) et 2800 blessés graves durant l'année écoulée. En clair : cette tranche d'âge est deux fois plus exposée que la moyenne par la mortalité routière. De quoi s'interroger, encore une fois, sur la pertinence d'abaisser l'âge de conduire une voiture - seul - de 18 à 17 ans depuis le 1er janvier 2024…
Autre catégorie de conducteurs fortement exposés à la mortalité routière : les seniors. Les usagers de "75 ans ou plus" sont la deuxième tranche d'âge la plus concernée par les accidents mortels, avec un risque une fois et demi plus élevé que la moyenne. "En 2024, 527 personnes de 75 ans ou plus (+ 10 tués) ont été tuées", dévoile l'ONISR.
Notons pour conclure que 60% des décès - toutes catégories confondues - sont concentrés sur des routes hors agglomérations (1928 morts), alors que l'autoroute reste de loin le réseau le plus sûr avec "seulement" 242 morts sur l'année 2024.
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