Vidéos, déclarations et analyse du SBK à Brno

En débarquant jeudi sur le circuit de Brno, Marco Melandri comptait 48 points de retard sur le leader du championnat, Max Biaggi. De nombreux observateurs - dont Moto-Net.Com, nous l'avouons bien volontiers -, estimaient alors que le n°33 aurait bien du mal à conserver cet écart en deçà des 50 points, soit l'équivalent de deux victoires.

Or force est de constater que le fossé séparant les deux vedettes italiennes n'est plus que de 21 points ce lundi ! Certes, Melandri avait déjà prouvé l'an dernier que Biaggi n'était pas imbattable sur "ses" terres tchèques : au guidon de feu sa R1 officielle, Marco avait égalé la prestation de Max. Mais de là à le battre à plates coutures...

Pour rappel, l'édition 2011 de l'épreuve de Brno avait vu ces deux meilleurs ennemis récolter chacun 45 points. Cette année en revanche, la balance penche sacrément : 50 points ont été empochés par le nouveau pilote BMW, contre 23 seulement pour le vieux l'expérimenté pilote Aprilia.

Mais dès vendredi après-midi, le n°3 éprouvait quelques difficultés. Après une première séance d'essais libres plutôt satisfaisante (quatrième temps), Biaggi rétrogradait de dix places durant la session de qualification ! En proie à des phénomènes de dribble - le redouté "chattering" -, le champion du monde 2010 n'a pas réussi à corriger le tir samedi et a du composer avec un avant rétif en entrée de courbe durant les courses de dimanche.

Pour la première fois depuis son arrivée dans l'arène du World Superbike en 2007, l'Empereur Romain loupe donc le podium tchèque ! À l'inverse, son grand rival au championnat profite de sa venue à Brno pour signer son premier doublé dans cette catégorie, le premier également pour la firme à l'hélice !

Melandri évince Biaggi

À l'écouter vendredi soir, on ne donnait pourtant pas cher non plus de la peau du Hérisson de Ravenne : lui aussi était victime d'un mystérieux chattering, amplifié par les montes de pneus qualif' ! Effectuant son meilleur chrono sur des gommes course le samedi, le n°33 décrochait néanmoins une cinquième place sur la grille, tandis que Biaggi devait s'élancer de la 14ème !

Le lendemain, le célébrissime n°33 a livré un récital sans - grosse - fausse note, que ni la piste piégeuse de première manche ni l'impressionnant Tom Sykes de seconde manche n'ont réussi à ternir. Dans le box Béhème on se félicite doublement de ces deux réussites.

Non seulement Melandri remet la pression sur le leader du classement des pilotes, mais la nouvelle recrue permet également au constructeur munichois - qui fabrique ces motos à Berlin et gère ses activités sportives en partie à Stephanskirchen - de sauter directement de la troisième à la première place de son propre classement !

Ainsi, contrairement à Ducati et Checa titrés un an après le retrait de l'équipe d'usine en 2011, BMW pourrait fêter ses titres pilote et constructeur au moment même de se retirer - partiellement, mais tout de même - de la compétition ! La mission de la S1000RR officielle serait accomplie, de justesse.

Un tel scénario ponctuerait aussi le changement d'ère que subit actuellement le Mondial Superbike : après deux premières décennies passées à voir Ducati se battre tour à tour face à Honda, Kawasaki, Suzuki ou Yamaha, ce championnat verrait deux marques récentes - BMW et Aprilia se sont engagées en 2009 - prendre le dessus !

De même, si Melandri parvenait à effectuer une meilleure fin de saison que Biaggi, le sacre d'un troisième pilote européen, ancienne star du MotoGP, tendrait à prouver que le World SBK est bel et bien devenu une destination de choix pour les pilotes de Grand Prix allergiques à la préretraite...

Fort heureusement, cette discipline ne se résume pas à cela : elle apparaît dans le même temps comme un vivier dans lequel peuvent piocher les responsables de team de MotoGP. Hervé Poncharal himself ne regrette sans doute pas la signature chez Tech3 du champion du monde de Supersport Cal Crutchlow !

Sacrés Français !

Ce week-end tchèque a d'ailleurs permis à deux jeunes pousses françaises de s'illustrer. Maxime Berger tout d'abord, a eu l'immense bonheur de boucler quatre tours en tête au début de la première manche, sur sa Ducati 1198 préparée par le team Ducati Liberty !

Du troisième au sixième tour, notre cher n°121 a profité de son pneu avant de type "intermédiaire" pour devancer Sykes et consorts. À la fin du quatrième tour, le Dijonnais possédait même une avance de plus de trois secondes sur son - notre ! - compatriote Loris Baz.

Le choix du pneu avant n'a pas été le seul facteur déterminant : comme il le déclare si bien sur la chaine officielle YouTube de son équipe, notre Mad Max est parti "the knife in the teeth" ! Malheureusement pour lui, la trajectoire a rapidement séché et a permis à ses rivaux, équipés en majorité de slicks, de lui repasser devant.

Maxime décroche néanmoins une belle neuvième place, devançant du même coup son coéquipier Jakub Smrz qui roulait pourtant devant son public ! Lors de la seconde manche, Berger est davantage rentré dans le rang : il récolte le dernier point de la 15ème place.

S'il n'a pas réussi à prendre les rênes de la course, Loris Baz n'en a pas moins marqué les esprits ce dimanche, notre "géant vert" profitant de l'incident de fin de course entre Rea et Sykes - et Checa, forcé de ralentir ! - pour s'octroyer son premier podium en WSBK, à tout juste 19 ans !

Il s'agissait uniquement de la neuvième course de Bazooka au plus haut niveau : le jeune Français monté du Superstock 1000 vers le Superbike à partir de l'épreuve de Donington Park, afin de remplacer le malheureux pilote espagnol au n°17, Joan Lascorz, a su saisir sa chance (tout comme le "chanceux" Foret en Supersport !).

Accessoirement, cette course aura permis d'effacer la déconvenue d'Aragon : en Espagne, Baz n'avait pas pu rallier la ligne d'arrivée suite à deux casses au niveau de son sélecteur. Rien de tel qu'un podium pour conjurer le sort !

Huitième de la seconde manche disputée in-té-gra-le-ment sur le sec, Loris égale d'ailleurs le meilleur résultat de sa courte saison. Terminant à moins de 3,5 secondes de Biaggi et de sa quatrième place, le n°76 prouve qu'il est en bonne voie. Tout comme Kawasaki d'ailleurs, qui confirme son statut de numéro un japonais !

On sait depuis le début de l'année, voire la fin de la saison dernière, que la récente ZX-10R est très rapide. Sur un seul tour et pilotée par Tom "Superpole" Sykes, elle est la moto la plus véloce du plateau et surpasse aisément les machines européennes !

En neuf épreuves, seules trois machines - toutes des Ducati - ont réussi à boucler un tour de circuit plus rapidement que la Ninja n°66 : la n°50 de Guintoli sur le mouillé à Imola et les n°96 et n°7 de Smrz et Checa à Salt Lake City...

Or ce dimanche après-midi à Brno, on a découvert que la Kawasaki pouvait - enfin ! - maintenir un excellent rythme sur l'ensemble d'une course. En dépit du style toujours aussi généreux de Tom Sykes, les Pirelli ont tenu la distance et ont permis à l'Anglais d'entretenir le suspense jusque dans l'ultime boucle ! Pourvu que ça dure...

Kawasaki, premier Japonais

Chez les deux autres constructeurs nippons au contraire, les résultats ne vont pas en s'améliorant. Les deux Suzuki du team Fixi Crescent n'ont ainsi récolté que neuf points ce week-end, les neuf points de Leon Camier, John Hopkins terminant par deux fois derrière son coéquipier.

Après avoir bataillé en début de saison contre des blessures à répétitions, l'anglo-américain affirme avoir récupéré l'essentiel de ses capacités physiques. Mais parti du côté droit de la piste - le plus trempé en première manche -, Hopper n'a visiblement jamais réussi à se mettre "dans le bain", ou plutôt s'est-il noyé dans la gestion de sa Gex...

"Je me suis retrouvé dans un groupe en queue de peloton et j'ai réussi à presser le mauvais bouton de mon contrôle de traction, le désactivant involontairement", racontera le n°21 à sa descente de moto ! "Involontairement" ou inconsciemment peut être : en effet, en British Superbike - d'où il revient avec un "titre" de vice-champion en poche -, le traction control n'est plus admis cette année !

"Je suis très déçu par la première course", tonne du coup Jack Valentine, big boss de l'équipe Suz', "et je pense que les résultats auraient pu être meilleurs si nos deux pilotes avait su gérer leur système de contrôle électronique embarqué".

Car parallèlement, le team manager des Jaunes se déclare "très satisfait par tout le travail effectué par l'équipe Crescent Suzuki Fixi depuis Aragon". D'après lui, "l'accélération de la moto a été améliorée et Leon et John peuvent désormais prendre l'aspi' des autres motos, ce qu'ils ne pouvaient pas faire avant".

"Nous retournons directement à nos ateliers afin de nous remettre au boulot et essayer de trouver de nouvelles améliorations", avertit Mister Valentine. Leon Camier pour sa part a mis le cap vers Suzuka, où il disputera la célèbre épreuve d'endurance de 8 heures au guidon de la GSX-R1000 entièrement préparée par Yoshimura.

Jonathan Rea et Hiroshi Aoyama seront eux aussi de la partie au guidon, cela va de soi, de Fireblade. Les deux pilotes Honda auront à cœur de mieux rouler à Suzuka qu'ils ne l'ont fait à Brno : après leurs chutes en première manche, l'Anglais n'a terminé que 12ème de la seconde manche tandis que le Japonais a été victime d'un pépin technique.

Au fond du trou donc, le team Ten Kate a posté ce midi sur sa chaine officielle un résumé de course original... Pas une seule image de leurs pilotes en manque de résultat, mais un duel sur la ligne droite des stands de Brno entre plusieurs Honda CBR1000RR Pan European et BMW S1000RR R1150RT : du grand art !

Espérons pour Suzuki et Honda que les effets des décalages horaires ne se feront pas trop sentir chez leurs pilotes : Leon, Johnny et Aoyama ont rendez-vous avec Max, Marco, Tom, Carlos et tout la bande dans à peine deux semaines sur la piste de Silverstone !

Syl'll be back...

Et attention : Sylvain Guintoli en sera également ! Contraint par son ancien team Ducati Liberty à regarder ses petits camarades tourner sur le magnifique tracé tchèque, notre n°50 favori a promis à ses fans qu'il piloterait "chez lui" en Angleterre puis tout le reste de la saison, jusqu'à la grande finale de Magny Cours.

Reste à savoir sur quelle machine et au sein de quelle équipe ? Postant une photo de l'arrière de son casque, Guinters50 - à "follower" sur Twitter ! - signale déjà d'un ton revanchard que c'est "la vue qu'auront les motos jaunes à Silverstone !"... Comprenez les Ducati sponsorisées par la marque de bières Effenbert, son ancien employeur. Allez Sylvain !