Vidéos, déclarations et analyse du SBK à Assen

Les deux courses de World Superbike à Assen ont tout d'abord été marquées par le gestion délicate et décisive - elle l'est toujours, mais c'était frappant ce dimanche à Assen - des pneumatiques Pirelli. La preuve : les gommes italiennes ont été citées par de nombreux pilotes lors des bilans !

On imagine aisément l'ambiance dans la majorité des box samedi soir : "Bon, on chausse des gommes dures ou des tendres ? Et est-ce qu'on alterne entre la course de 12h et celle de 15h30 ?". Pour Biaggi toutefois, le choix a été imposé par son Aprilia, l'Italienne se montrant bien trop agressive avec les pneus tendres.

Or la RSV4 n'était vraisemblablement pas la seule machine incompatible avec cette monte : l'illustration la plus percutante est sans doute la prestation de Sykes et de sa ZX-10R en première manche...

Parti comme une flèche, le Ninja anglais signe le meilleur chrono de la course dans son troisième tour et se hisse en 3ème position quatre boucles plus tard. Mais la belle aventure s'arrête là : son pneu rincé, le pauvre Tom dégringolera jusqu'à la dernière place (14ème), franchissant la ligne d'arrivée 50 secondes après Rea !

Pilote le plus rapide en course en seconde manche, Leon Camier a connu une fortune inverse. Après avoir enregistré le record de la piste - record "2011" puisque celui de Jonathan Rea l'an dernier n'a pas été battu... -, le coéquipier de Biaggi est passé de la 11ème à la 4ème place, qu'il a pu conserver jusqu'au déploiement du drapeau à damier. Leon prouvait ainsi qu'il était possible d'être le plus rapide et bien placé au final.

Nécessairement policé dans le communiqué officiel, le discours de Troy Corser est plus critique sur son site personnel : après avoir passé le week-end sur des gommes dures, le vieux Croco australien aurait volontiers installé des gommes tendres sur sa BMW en seconde manche.

Seulement voilà, "on nous a averti que les pneus tendres pourraient ne pas tenir la distance et, à l'encontre de notre jugement, nous avons de nouveau utilisé les pneus durs", relate le double champion du monde.

Convaincu qu'une chausse différente lui aurait permis de briller à Assen - comment vérifier ! -, Corser en veut visiblement à ses pneus. D'après lui toujours, ils n'ont jamais fonctionné lors de la seconde manche ! Pire, ils auraient même causé sa chute : une banale perte de l'avant en cherchant à faire l'intérieur à Sykes...

Carlos Checa lui, qui ne possède la même expérience des Pirelli que Corser mais n'en est pas moins expert en pneus de course, a pu effectuer le changement de gomme que souhaitait Troy entre la course de midi et celle de l'après-midi.

L'opération s'est soldé par un succès retentissant : mis sous pression par Biaggi tout au long de la course, le n°7 de Ducati a craqué à deux tours de la fin, un faux point-mort permettant à l'Aprilia n°1 de s'emparer de la tête de la course...

Bien moins nerveuse et gesticulante que la RSV4, la 1098R - et ses pneus tendres ! - ont toutefois permis à Carlos de récupérer son dû et de s'imposer. Battant de manière magistrale le champion du monde 2010, l'Espagnol confirme son statut de potentiel champion 2011.

Attention toutefois, car la saison est longue et la roue tourne... Biaggi le sait pertinemment : oublié le désastre de Donington Park, l'Empereur Romain n'a cédé à Assen qu'un petit point à Checa, et il attend avec la plus grande impatience la venue du World Superbike sur "ses" terres à Monza...

Car c'est sur cette piste italienne que Max avait remporté l'an dernier le deuxième de ses quatre doublé. Aussi, si beaucoup saluent - à raison, et la rédaction de MNC en tête ! - l'excellent début de saison de Checa, il faut reconnaître que celui de Biaggi est loin d'être mauvais, surtout si on compare ses premiers résultats 2011 à ceux de 2010.

La saison dernière - elle suivait un périple légèrement différent -, Biaggi avait terminé 5ème et 8ème à Phillip Island, 6ème et 4ème à Assen. Sa série de 2èmes places en 2011 apparaît donc comme une nette progression et permet au n°1 de la discipline d'envisager la suite avec optimisme. C'est écrit - ou quasiment - : Biaggi vaincra à Monza !

On est bien plus inquiet en revanche au sujet de Chris Vermeulen... Avant chaque épreuve, le sympathique et courageux Australien annonce avec conviction son "retour en pleine forme". À l'issue de ce troisième rendez-vous manqué, force est de reconnaitre que la déception cède sa place à une certaine amertume.

Tel l'enfant qui criait au loup, le pilote officiel Kawasaki perd peu à peu de sa crédibilité et risque de ne plus attirer l'attention du tout... Jusqu'à ce qu'il revienne effectivement au meilleur de sa forme et parvienne à hisser la nouvelle ZX-10R sur le podium, voire tout en haut ? Espérons-le, son style tout en glisse manque à de nombreux fans !

Remporter une épreuve, les Verts en rêvent depuis qu'ils ont entamé les premiers croquis de leur toute dernière Superbike. Mais comme Aprilia et BMW l'ont montré ces dernières saisons : briller en World SBK avec une nouvelle moto demande de l'investissement, du talent et un "certain" temps !

Disposant tous des deux premiers ingrédients, les Noalesi ont du disputer 20 manches avant de gagner une course tandis que les Munichois attendent - travaillent ! - toujours. Tout aussi motivés et capables, les hommes d'Akashi commencent sans doute à se demander combien de temps ils mettront pour porter leur ZX-10R sur le podium !

En attendant, leurs big boss doivent voir d'un mauvais oeil leur marque figurer, encore une fois, en queue du classement des constructeurs ! Même Suzuki, son unique pilote et sa "vieille" Gex (mais qui a encore gagné en au Bol d'Or, lire notre Dossier spécial Bol d'Or 2011) parviennent à devancer leurs quatre pilotes - "et demi" pour Vermeulen... - inscrit au Championnat !

Du côté de chez Honda, on doit un peu mieux respirer depuis la victoire et la troisième place de Jonathan Rea ce dimanche ! Le constructeur numéro un dans le monde retrouve cette saison les couleurs Castrol, et cela n'est pas pour déplaire au jeune et fougueux Johnny, quatrième pilote à s'imposer cette année...

En effet, le jeune Irlandais avouait en début de saison avoir nourri sa passion de la compétition moto en regardant à la télévision les spectaculaires bastons des caïds du Mondial Superbike. L'une des plus mémorables ? Celle qui opposait Edwards sur sa Honda VTR Castrol à Bayliss sur sa Ducati 998 à Imola et devait décider du titre mondial de 2002 !

Mal parti cette année - il s'est blessé au dos et à la main cet hiver aux essais -, Rea se verrait bien tourner le remake 2011 de ce scénario d'enfer face à Checa lors de l'ultime course à Portimao... Avant cela, il lui faudra combler l'écart qui le sépare du n°7 : 53 points, soit un peu plus de deux victoires. Chiche ?

Enfin, nos petits français ont quelque peu manqué de Bol (d'or, hohoho) ce week-end puisque Sylvain Guintoli n'a pas pu éviter son coéquipier tombé juste devant lui en première manche et a terminé à la queue du groupe se disputant la 8ème place en seconde...

Victime d'un nouveau problème d'embrayage sur sa Ducati pas si "Supersonic" que çà, Maxime Berger a récolté ses premiers points en World Superbike, devançant à l'occasion Ruben Xaus mais aussi et surtout son meilleur ennemi du championnat Superstock 1000 l'an passé, Ayrton Badovini.

Pas de bol non plus pour notre grand espoir Florian Marino en Mondial Supersport, shooté par Luca Scassa lors de la troisième (!) partie de course dimanche. Plus chanceux, et il le mérite avec toutes les crasses qui lui sont tombées dessus ces dernières saisons, Fabien Foret est monté sur la deuxième marche du podium et inscrit ses premiers points de l'année.

La quatrième épreuve du World Superbike se tiendra les 5, 6 et 7 mai prochains en Italie, sur la piste de Monza. Comme pour Assen, Moto-Net.Com suivra la Superpole et les trois courses (SBK et SSP) de très près : restez connectés !