Chevaucher une Triumph Bonneville, ce n'est pas simplement conduire une belle moto. C'est aussi - surtout ? - l'occasion de sentir souffler par procuration le vent des seventies... Essai urbain.
Déroutante, la Bonneville l'est à plus d'un titre. Son look d'abord, fidèle à l'original des années 70, ne passe pas inaperçu. Au feu, il n'est pas rare qu'un motard engage la conversation, au-delà du traditionnel salut.
Car chevaucher une 800 Bonnie, ce n'est pas simplement conduire une belle moto. C'est aussi - surtout ? - l'occasion de sentir souffler par procuration le vent des seventies, tandis que les plus anciens pourront sans doute se rappeler leur premier concert punk, leur premier troupeau de chèvres ou tout simplement leur première meule....
De l'huile a toutefois coulé sous les carters, car contrairement aux idées reçue, la Bonneville du XXIème siècle - ou toute autre Triumph moderne - ne pisse aujourd'hui pas plus d'huile que n'importe quelle japonaise !
Essai urbain en parallèle avec la Kawasaki W 650, imitation japonaise de l'original britannique (lire Quand l'élève dépasse la maîtresse, Moto-Net du 11 novembre 2003).
L'emplacement du contacteur, en haut de la fourche à gauche du phare, est également très déroutant... pour ne pas dire complètement saugrenu ! Au début, il faudra donc vérifier attentivement que les clés sont bien dans votre poche avant de vous éloigner de la moto, sous peine de grosse galère (vécue !).
Rien de spécial concernant les commodos hormis le starter au moteur. Réglementation européenne oblige, les codes s'allument automatiquement sur les deux machines dès le démarrage. Sur la Triumph, le compte-tours est en option (309 €). Ni l'anglaise ni la japonaise ne sont équipées de manette d'appels de phare. Il faudra donc jouer de l'interrupteur, très utile en ces temps de prolifération de radars.
L'assise, très droite, surprend au début mais on s'habitue très vite. La selle plutôt dure n'incite guère à partir avaler des milliers de bornes pendant des jours, mais suffit largement en usage urbain. A l'arrière en revanche, la situation est plus délicate. A moins d'investir dans une poignée proposée en option (209 €), rien n'est prévu pour le maintien d'un(e) passager(e) hormis une vague courroie à mi-selle. D'ailleurs, au (vaste) rayon des options, Triumph propose une solution encore plus radicale pour régler définitivement la question du duo : une selle monoplace (259 €).
Déroutante également la position des genoux, qui vu l'étroitesse du réservoir se retrouvent un peu abandonnés comme des pantins désarticulés. Dans ces conditions, serrer la moto avec les jambes demande un vrai effort de volonté alors que sur la Kawasaki W650, la tâche est facilitée par des rajouts sur les flancs de réservoir (disponibles uniquement sur la version T100 de la Bonneville, comme le compte-tours). Enfin, attention aux éclaboussures lors du premier plein sur la Bonneville, en raison de la très faible profondeur du réservoir !
Par rapport à la japonaise, Triumph marque des points sur le look global, grâce notamment aux petits rétros ronds situés juste au dessus des poignées. Ce n'est certes pas du cinémascope, mais c'est correct tandis que chez Kawa, les rétros rectangulaires sont carrément moches.
Au freinage, les deux machines se valent. Légèrement plus progressifs à l'avant sur la Triumph (simple disque 310 mm à deux pistons), les freins remplissent correctement leur office sur les deux machines.
Le moteur de la Bonneville délivre une très jolie musique via ses splendides pots "saucissons" fidèles à l'original. Feutré et rauque à la fois, le son est une invitation à rouler à lui tout seul. Mais c'est à la décélération que les pots de la Triumph s'expriment le mieux, emplissant les oreilles du pilote de sonores explosions lors de la combustion des derniers gaz dans le collecteur d'échappement. Sur ce terrain, la Triumph prend largement l'avantage sur la japonaise et pour un peu, on en viendrait presque à souhaiter que tous les feux passent au rouge, rien que pour le plaisir de couper les gaz ! Enfin, après s'être brûlé une ou deux fois sur le carter proéminent, le motard urbain pourra saisir tout l'intérêt de ne pas rouler chevilles découvertes...
Bien sûr, en prenant de la vitesse, la Triumph montre vite ses limites tant en tenue de route qu'en protection du pilote. Passé le 160 sur autoroute allemande, les épaules se dévissent et le cou s'allonge comme celui d'un cygne. Enfin, si la météo s'en mêle, revêtement mouillé et fortes rafales de vent auront raison de votre tenue de cap ! Dans ces conditions, le compteur gradué jusqu'à 220 marque soit un excès d'optimisme, soit une tendance au SM style éducation anglaise ! Au final, la Bonneville s'avère être une bonne machine urbaine qui donne très vite envie de franchir le périph pour aller tâter de la départementale... Mais ce sera pour une autre fois !
Fiche technique Triumph 800 Bonneville
Moteur | |
Type | Refroidissement à air, DOHC, bicylindre parallèle |
Cylindrée | 790 cc |
Alésage x course | 86 x 68 mm |
Compression/soupapes | 9,2:1 / 4 par cylindre |
Alimentation | Carburateurs doubles avec capteur de position de papillons et réchauffeur |
Transmission | |
Boîte de vitesses | 5 rapports |
Transmission finale | Chaîne |
Embrayage | Multidisques à bain d'huile |
Partie cycle | |
Cadre | Tubulaire en acier |
Pneu AV | 100 / 90 R 19 |
Pneu AR | 130 / 80 R 17 |
Frein AV | Disque de 310 mm étrier 2 pistons |
Frein AR | Disque de 255 mm étrier 2 pistons |
Suspension AV | Fourche de 41 mm sans réglage |
Suspension AR | Double combiné réglable en précontrainte |
Dimensions | |
Longueur | 2 250 mm |
Largeur | 860 mm |
Hauteur | 1 105 mm |
Hauteur de selle | 775 mm |
Empattement | 1 493 mm |
Châsse | 29° / 117 mm |
Poids à sec | 205 kg |
Réservoir | 16 litres |
Performances | |
Puissance maxi | 62 CV à 7 400 tr/mn |
Couple maxi | 60 Nm à 3 500 tr/mn |
Informations commerciales | |
Garantie | 2 ans, kilométrage illimité |
Coloris | Jet Black Cardinal Red |
Prix | 8 100 € |
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PARCOURS | ||
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