Romie Gallardo, mère de Carlin Dunne, estime que la chute mortelle de son "baby boy" près du sommet de Pikes Peak ne doit pas conduire les organisateurs à interdire les motos de cette célèbre course de côte américaine. Explications.
La mère de Carlin Dunne s'exprime deux semaines après la tragique disparition de son fils, victime d'une chute mortelle un peu avant l'arrivée de la 97ème édition de la Pikes Peak International Hill Climb (PPIHC)... Romie Gallardo remercie dans un premier temps les organisateurs qui ont su lui "témoigner soutien, dignité et respect".
Malgré l'immense tristesse d'avoir perdu son "baby boy" ("oui, à 36 ans c'était encore mon baby boy", précise-t-elle avec une poignante touche d'humour), la maman du pilote officiel Ducati ne nourrit aucun ressentiment envers la célèbre course de côte américaine et souhaite au contraire que les motos continuent à sillonner ses 156 virages, comme l'aurait voulu son fils.
"Carlin adorait cette montagne. Elle l'a mis au défi et l'a séduit, le rappelant encore et encore. Il la respectait et il était pleinement conscient de son danger", écrit dans sa lettre Romie Gallardo avec une impressionnante dignité au regard de la tragédie vécue.
Sa précision sur la connaissance des risques intervient en réaction aux propos de Megan Leatham, directrice général de la PPIHC, qui songe à arrêter les courses de motos à Pikes Peak suite à la mort de Carlin Dunne, troisième motard décédé sur la "course des nuages" depuis 2014... Seules les voitures pourraient par conséquent y participer, comme cela s'était déjà produit.
"Il a fait un high side… Ce sont des choses qui arrivent quand on est à Pikes Peak sans la moindre marge", commente la directrice de la compétition. "C'est pourquoi je pense que c’est la fin du programme moto à Pikes Peak. Le dernier pilote moto sur les 156 virages", a-t-elle confié.
"Je sais pertinemment qu'il ne voudrait pas que la course moto s'y arrête", répond la mère de Carlin Dunne. "Il voudrait que nous apprenions de cette tragédie. Il encouragerait les autorités officielles à faire ce à quoi elles sont entraînées, à mettre à mettre en œuvre les précautions de sécurité supplémentaires requises".
"Toute ma vie j'ai su que le perdre était une possibilité", souligne tristement la mère du triple vainqueur de l'épreuve. "Il est parti en faisant ce qu'il aimait. Alors qui sommes-nous pour retirer à d'autres pilotes leur rêve de participer à Pikes Peak ?"
Cette épineuse question, terriblement humaine, renvoie à une notion de plus en plus contestée concernant les activités à risques comme la moto : le libre arbitre... L'acceptation de ce choix sur la manière de vivre sa passion - avec le possible sacrifice que cela sous-entend - est pour certains devenu intolérable, au nom d'une forme de "dictature de la sécurité".
A ce titre, la position de la mère de Carlin Dunne pourrait faire réfléchir tous ceux qui estiment nécessaire de décider pour autrui des directions qu'il est souhaitable - ou non - de donner à sa propre vie...
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