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RALLYE DE LA LUNE
Tataouine (Tunisie), le 19 janvier 2016

Le Rallye de la Lune en Tunisie vécu de l'intérieur

Le Rallye de la Lune en Tunisie vécu de l'intérieur

Le passionnant Rallye de la Lune, chapeauté par l'Office national du tourisme tunisien (ONTT) et malheureusement endeuillé par le décès de Talel Hamzaoui, s'est déroulé du 11 au 14 janvier 2016. Compte rendu de l'intérieur.

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Dernière étape : fin et drame...

Ce matin l'étape du jour est raccourcie. A cause de l'impossibilité de ravitaillement essence sur le parcours de cette troisième boucle le tracé a dû être modifié. Nous partons donc pour un peu plus de trois heures de course, soit environ 150 km. L'étape ne se déroulera donc que sur la matinée.

Nous voici donc assez rapidement au départ de la spéciale de Cheneni. Ce village, qui à déjà vu le passage de rallyes tels que le Tunisian Rallye Tour en 2012, est, comme beaucoup d'autres endroits traversés depuis ces trois jours de balade, un spot touristique à voir absolument ! Une légende, également écrite dans une sourate du Coran, y raconte que sept chrétiens et un chien, tentant d'échapper aux romains, se sont réfugiés dans une grotte où ils restèrent endormis allongés durant près de 400 ans. Ils ont ainsi continué à grandir et mesuraient plus de 4 mètres à leur réveil. Ils moururent peu après mais purent regagner le paradis, en s'étant d'abord convertis à l'islam... c'est la légende des sept Dormants. Leur mosquée fait partie des visites incontournables du sud tunisien.

La spéciale est superbe ! Assez rapide avec pas mal d'enchaînements mais au grip un peu douteux, une fine couche de sable recouvrant partiellement la route par endroits.

Et c'est encore Maxime Mettra qui décroche le pompon ! 1'57,57. Mais il est suivi de près par Talel Hamzaoui au guidon de sa BMW S 1000 RR qui claque 1'58,90. Le troisième temps reviendra à Fares Mufti, qui se cale exactement une seconde derrière son ami Talel (1'59,90).

Le parcours est toujours aussi sauvage et magnifique, mais il faut surveiller sa navigation et ne pas perdre du temps en prenant une mauvaise direction. Les temps, calculés pour une moyenne horaire de 60 km/h sont facilement réalisables sur ce parcours toutefois très roulant.

L'erreur, Talel Hamzaoui l'a faite à cette fourche au km 17,89, premier changement de direction après la spéciale. Talel avait perdu son road book, envolé durant la spéciale... Agacé il a rattrapé Maxime, l'a même doublé, avant de prendre cette mauvaise direction. Maxime le voyant faire cette erreur n'y apporte qu'un relatif intérêt et continue sur la bonne route, les temps sont larges, Talel devrait rapidement se rendre compte de son faux pas...

Plus tard, notre champion de France "Sport 2" regrettera de ne pas avoir attendu le pilote tunisien à ce croisement pour continuer la route ensemble...

"Je sais que ce n'est pas de ma faute, mais ne peux m'empêcher de me dire que si on l'avait attendu au changement de direction le temps qu'il se rende compte de son erreur et qu'il fasse demi-tour..." regrette encore Maxime Mettra.

Talel n'a perdu que peu de temps à se rendre compte de son erreur avant de faire demi-tour pour reprendre la bonne voie, mais dans ces cas-là l'adrénaline monte très vite et la BMW S 1000 RR à dû rouler un peu trop vite pour remonter sur ses compagnons de voyage.

Près de six km plus loin, la route est étroite, et ses fréquentes ondulations cachent très souvent ce qu'il peut y avoir derrière... Et là, derrière cette bosse, c'est un tracteur agricole qui arrive en sens inverse, roulant au milieu de la route. A la vitesse où il arrive à cet endroit, Talel voit le tracteur trop tard ! Il l'évite en percutant violemment le rail de "sécurité" (?) de l'extérieur du léger virage à gauche qui suit en descente...

Le choc est terrible. Lorsque j'arrive quelques minutes après sur le lieu de l'accident, ce que je vois est effrayant ! La BMW S 1000 RR numéro 10 est disloquée, répandue sur le côté droit de la chaussée. Talel est allongé sur le dos, à moitié glissé sous le rail. Il avait dû déjà rattraper deux ou trois concurrents qui sont à ses côtés. Lui tenant la main, lui parlant doucement comme pour le rassurer. Il est conscient.

Un des pilotes arrêtés a la direction de course au téléphone. La route étant déjà bien encombrée par les motos garées en catastrophe je dois vite dégager pour ne pas obstruer davantage le passage. Je reprends donc ma route, une petite boucle d'une trentaine de minutes nous ramène au départ de la spéciale de Cheneni pour un second chrono.

Je suis choqué, j'ai du mal à rouler et c'est à faible vitesse que je rejoindrai le départ de la seconde spéciale du jour.

Les derniers pilotes du premier passage sont encore là. La deuxième ambulance va partir sur l'accident, la direction de course a choisi d'y envoyer les secours depuis la spéciale, l'intervention sera plus rapide ainsi, l'accident n'étant situé qu'à une vingtaine de kilomètres d'ici.

Le départ de cette seconde spéciale ne sera pas donné, les ambulances mettaient trop de temps à se remettre en place. Les départs seront donc redonnés en liaison, le deuxième passage chrono à Chéneni est annulé.

Nous rejoindrons Tataouine sans envie de rouler. Le parcours de cette fin de troisième étape est pourtant magnifique, mais comme dans n'importe quel rallye, lorsqu'il arrive ce qui ne devrait pas arriver et qu'on laisse un pote sur le carreau, la passion s'amenuise.

Une fois rentrés à l'hôtel Sangho, à Tataouine, tout le monde prend des nouvelles du blessé. Le médecin du rallye tente de nous rassurer en nous faisant part du diagnostic. Talel a très violemment tapé le réservoir de la BMW S 1000 RR avec son torse pendant le choc. Il aurait plusieurs côtes cassées, celles-ci ayant perforées plusieurs organes, dont le foie, ce qui aurait provoqué une importante hémorragie interne...

Mais l'hémorragie aurait été stoppée, "patchée", et l'état de Talel serait stable. Il faut cependant attendre plusieurs heures pour s'assurer que le "patch" tienne...

L'ambiance de fête a maintenant disparu. Tout le monde est inquiet et la remise des prix prévue en ville à 15h est annulée. Cette remise des prix se fera ce soir, durant le dîner de gala prévu, qui aura quand même lieu. Français comme tunisiens sont tous pleins d'espoir pour Talel.

Tout était en place pour une grande fête, les nouvelles prises régulièrement à l'hôpital ne donnent aucune évolution de la situation du blessé. La remise des prix se fera vers vingt heures, lançant la soirée avec un spectacle de fakir-cracheur de feu.

Maxime Mettra, vainqueur du Rallye de la Lune, se verra remettre un splendide trophée, ainsi que les vainqueurs des trois catégories : Topsport (hypersportives), Sport (Roadsters) et Trail (... Trails !). Marc Troussard remporte la coupe du premier Trail (cette grosse béhemme est un vrai régal de pilotage, stabilité et tenue de route, mais ça, les lecteurs du journal moto du net le savent déjà !), devant la magnifique Honda 750 Africa Twin de Mahdi Klila et la BMW 1200 GS "moderne" de Heykel Bouthour.

Du côté du classement tunisien, les premiers de chaque catégorie vont se partager les 2 000 dinars (environ 1 200 euros) mis en jeu à l'origine pour le meilleur pilote tunisien. Une solidarité à l'esprit différent de chez nous... Une autre culture !

Pour couronner le succès des pilotes français, Kevin Cheylan aura mené sa petite 125 MZ à la 10ème place du classement général (4ème Trail, sur 8 classés), "mission accomplie" confiera-t-il fièrement à Moto-Net.Com ! Un excellent pilote ce petit Kevin, il ira loin... Ou pas.

Tous les pilotes "finishers" recevront une médaille et des photos de groupe seront prises avec les bénévoles et les organisateurs.

Ainsi s'achève la première édition du Rallye de la Lune, une fabuleuse course parfaitement organisée par un club moto de passionnés, malheureusement non affilié à sa fédération, qui mériterait plus d'attention.

La soirée de gala s'achèvera assez rapidement, l'ambiance n'étant plus à la fête depuis l'accident de Talel dont tout le monde attend des nouvelles... Mais celle qui tombera nous aurions préféré l'avoir différente. Il est une heure du matin, beaucoup sont déjà couchés, lorsque la triste nouvelle tombe : Le jeune pilote tunisien succombe à ses blessures et s'éteint à l'hôpital. Une terrible annonce qui éclipsera la Lune...

Talel était comme une étoile... Trop pressé de décrocher la Lune ! En reprenant les termes employés à propos de notre très regretté Coluche, nous retiendrons tous cette expression : "Putain de tracteur"...

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