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INTERVIEW
Paris, le 16 novembre 2000

L'OPEP favorable à une baisse des prix du brut

L'OPEP favorable à une baisse des prix du brut

Dans une interview exclusive accordée à Moto-Net, le spécialiste des questions pétrolières Francis Perrin fait le point sur les perspectives d'évolution du prix des carburants au lendemain de la réunion de l'OPEP.

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Francis Perrin est rédacteur en chef de la revue de référence des professionnels du pétrole, Africa Energy Intelligence. Alors que les pays membres de l'OPEP, réunis le 12 novembre à Vienne, ont décidé de ne pas augmenter leur production dans les prochains mois, il nous explique pourquoi l'essence ne devrait plus augmenter à la pompe quelle que soit l'évolution du brut.

Moto-Net : Doit-on s'attendre à une nouvelle flambée des prix du brut en raison de cette décision de l'OPEP ?
Francis Perrin : Je ne le crois pas. Il faut savoir qu'aujourd'hui, bien que nous soyons logiquement en période de hausse des prix à l'entrée de l'hiver, la décision des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) vient conforter ce que croient la plupart des observateurs, qui s'accordent à penser qu'il n'y aura pas de nouvelle augmentation de production cette année, ni même début 2001. On remarque en effet chaque année une constante dans l'évolution des prix du brut : le premier et le quatrième trimestres, qui correspondent à l'hiver, sont traditionnellement des périodes de hausse puisque la demande augmente (chauffage, fuel domestique, etc.). Les deuxième et troisième trimestres au contraire sont plutôt favorables à une baisse de la demande, et donc à une baisse des cours du brut. Pour autant, le cours du brut ne devrait pas subir d'augmentation sensible, et certains pays producteurs comme l'Algérie ou le Venezuela redoutent même un effondrement à l'horizon avril 2001.

Les intérêts des pays producteurs sont-il compatibles avec ceux du consommateur occidental ?
Je suis convaincu que les pays producteurs eux-mêmes ne seraient pas opposés à une légère baisse des cours du pétrole. Le Brent, ce brut britannique de la mer du Nord qui sert de référence sur les marchés, est en effet aujourd'hui à 33$ le baril, alors qu'il était à 10$ début 1999 ! Aussi, même avec une baisse de quelque dollars, il aura quand même triplé de valeur en moins de 2 ans ! Il faut en effet savoir que l'OPEP se satisfait d'un brut entre 22 et 28$ le baril. Pour tenter de rester dans cette fourchette, elle s'est même engagé à augmenter la production de 500 000 barils par jour en cas de dépassement, ou au contraire à diminuer la production de 500 000 b/j si le brut passait sous la barre des 22$. Aujourd'hui, à moins d'une crise irakienne par nature imprévisible, on peut estimer que le pétrole brut a atteint un prix plafond et qu'il ne devrait plus augmenter de manière aussi marquée dans les prochains mois.

Concrètement, quelle sera l'évolution des prix à la pompe à moyen terme ?
Une hausse des prix à la pompe est toujours possible, mais personnellement je ne crois pas que l'on puisse sérieusement l'envisager à court terme. On a vu, lors des récentes manifestations d'agriculteurs et de routiers, que le gouvernement était beaucoup plus enclin à satisfaire la demande de professionnels organisés, représentant un moyen de pression réel, plutôt que de répondre aux attentes des simples usagers. Néanmoins, il est clair qu'il a compris le message. Augmenter les taxes sur les carburants aujourd'hui, alors que nous arrivons en pleine période électorale, serait purement et simplement suicidaire ! La seule certitude positive pour le consommateur, à l'horizon mi-2001, est que les taxes sur les carburants n'augmenteront plus. Dans le meilleur des cas, nous assisterons peut-être même à de légères baisses des taxes à la pompe. Mais en aucun cas, les gouvernements d'Europe occidentale ne sont prêts à considérer, comme aux Etats-Unis, qu'une réduction drastique des prix de l'essence est une priorité politique. Concrètement, si les prix du brut chutaient au printemps prochain - comme certains pays producteurs le redoutent - les Etats européens auraient beau jeu de répercuter partiellement cette baisse dans les prix à la pompe... A long terme en revanche, je pense que si le consommateur exige de nouvelles normes de protection de l'environnement, il doit s'attendre à payer son carburant plus cher. C'est d'ailleurs, selon certains observateurs, l'une des raisons de la récente hausse des prix. Aux Etats-Unis notamment, d'importants stocks d'essence "non reformulée", c'est-à-dire non conforme aux nouvelles normes environnementales, ont été expédiés vers des pays moins regardants comme l'Inde, le Pakistan, la Chine et Taïwan.

L'OPEP est-elle seule responsable de l'augmentation du litre à la pompe ?
Une étude de l'OPEP montre qu'en Europe occidentale, le prix du brut compte pour moins de 20% dans le prix final du litre à la pompe. Quant aux taxes, elles représentent aujourd'hui en France 70% du prix de l'essence et 60% du prix du gazole. On voit donc que le rôle de l'OPEP, si important soit-il, ne joue que sur 20% du prix maximum. D'ailleurs, l'OPEP elle-même a demandé à plusieurs reprises aux Etats importateurs de baisser leurs taxes sur les produits pétroliers. Mais les gouvernements européens sont actuellement plus enclins à consentir une baisse de l'impôt sur le revenu, beaucoup plus "payante" électoralement, qu'un allègement des taxes indirectes.

Quel est le rôle des pays producteurs de pétrole non membres de l'OPEP ?
La production quotidienne de pétrole, qui est aujourd'hui de 75 millions de barils/jour, provient pour 40% "seulement" des pays membres de l'OPEP. Mais les Etats-Unis, le Royaume uni, la Russie, l'Angola, le Mexique, le Venezuela ou la Norvège notamment, qui n'en font pas partie, ne peuvent pas représenter un contrepoids suffisant aux décisions de l'OPEP, précisément puisqu'ils ne font partie d'aucune structure commune, même informelle. Leur rôle n'est par conséquent pas prépondérant dans l'évolution des cours mondiaux du brut et des produits pétroliers. Mais la grande force de l'OPEP est que certains de ses membres ont la capacité d'augmenter rapidement et fortement leur production. Ceci dit les Etats-Unis, pour ne citer qu'eux, sont non seulement un très gros producteur de pétrole mais également le plus gros importateur mondial : 10 millions de barils sont importés chaque jour par ce seul pays, ce qui représente 25% de la demande mondiale de pétrole ! Il est donc évident qu'en cas de baisse sérieuse de la production qui menacerait les approvisionnements américains, la Maison blanche mettrait immédiatement une très forte pression sur l'Arabie saoudite !

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