Incontournable best-seller de BMW, la R1200GS 2010 réaffirme son statut de référence avec la culasse à double arbres à cames de la HP2 Sport. Plus performant, le flat twin dévoile surtout une sonorité qui lui donne un supplément d'âme bienvenu. Essai.
Initiée en 1980 avec la R 80 G/S, la saga GS s'appuie sur quelque 500 000 unités écoulées à travers le monde pour illustrer sa success story. Meilleure vente moto de BMW, l'actuelle R1200GS - et sa déclinaison Adventure - propose une polyvalence à faire passer un couteau suisse pour un vulgaire économe !
Trail routier par excellence, la GS (Gelände Strasse, pour tout terrain/route) surclasse ses rivales avec une froide et méticuleuse efficacité : le Boxer de 1 170 cc s'avère agréable et performant, mais sa poussée est linéaire et ses vocalises feutrées ne sont pas sans évoquer la Citroën 2 CV (lire notre Essai de la BMW R1200GS 2008)...
Or, si l'inoubliable bande-son de la célèbre Deudeuche n'a pas empêché James Bond (alias Roger Moore) de prendre son volant dans Rien que pour vos yeux en 1981, ce parallèle acoustique avec l'un des fleurons de l'automobile française ne tourne pas forcément à l'avantage de la moto allemande...
Moto de baroudeur et de "roule-toujours", la R1200GS s'est taillé une réputation qui ne devrait théoriquement pas pâtir de ces "futilités". Mais la clientèle attirée par le gros trail routier allemand est bien plus hétéroclite que son aspect de croqueuse de bornes ne le laisse supposer : du trentenaire aventurier au quinqua urbain en passant par le quadra souhaitant s'échapper confortablement le temps d'un week-end, la GS ratisse large !
Tellement large que pour accroître son potentiel de séduction et l'accorder à la crise de jeunisme actuellement traversée par BMW, la reine du segment devait absolument gagner en caractère. Résultat : les R1200GS 2010 se dotent de la culasse de la HP2 Sport (lire notre présentation détaillée des R1200GS et R1200RT 2010). Une greffe nécessaire car la concurrence, vexée de se faire humilier par le stupéfiant équilibre du trail teuton, a décidé de rétorquer !
La Ducati Multistrada 1200, dévoilée à Milan cette année, lorgne ainsi sans vergogne sur le gâteau jalousement réservé à la star allemande : les Rouges se verraient bien y croquer à pleines dents en appliquant les mêmes recettes, ponctuées d'un zeste de sportivité aux arômes italiens (lire notre présentation détaillée de la Multistrada 1200)...
Du muscle et de la voix
Alignées comme à la parade dans la cour du concessionnaire nîmois Sport Moto Thome, les R1200GS standard et Adventure 2010 mises à notre disposition pour cet essai polaire - de 0,5 à 4,5°C maxi selon l'ordinateur de bord optionnel ! - ne provoquent de prime abord aucune surprise esthétique.
Partagé entre l'envie de réviser la ligne de la GS et la perspective de décevoir ses aficionados, le constructeur allemand a tranché en faveur du conservatisme : les actuels propriétaires auront la satisfaction d'apprendre que la nouveauté ne colle pas une ride au précédent millésime !
Au jeu des sept erreurs, l'oeil expert détectera néanmoins la nouvelle forme des mollettes de réglage de l'imposant et efficace pare-brise, les couvre-culasses de couleur magnésium - fixés par deux vis au lieu de quatre - et les cadrans redessinés de la planche de bord.
Sans véritables lacunes en termes d'équipement - bien que le passage par la coûteuse case "options" pour bénéficier de l'ABS couplé et de l'antipatinage surprenne toujours autant de la part d'un constructeur aussi sécuritaire -, les R1200GS et R1200GS Adventure 2010 reconduisent une console de bord lisible et gérée par le commodo gauche, des leviers accessibles, des béquilles latérale et centrale stables et une finition léchée.
Statutaire avec ses 203 kg à sec, ses roues de 19 et 17 pouces et son empattement de 1507 mm, la R1200GS a conservé cette remarquable qualité de fabrication générale : de ses clignotants à leds en passant par ses plastiques cossus et bien assemblés ou ses soudures irréprochables, la Behème fait honneur à la proverbiale rigueur allemande.
Plus longue (+30 mm), plus haute (+20 mm de débattements de suspensions et +40 mm de hauteur de selle), plus lourde (+20 kg à sec) et bénéficiant de caractéristiques adaptées pour partir - et revenir ! - au bout du monde (empattement allongé de 7 mm, réservoir de 33 litres au lieu de 20, protections latérales, cache-culbuteurs, pare-mains, bulle haute, jantes rayonnées tubeless, protège réservoir et selles spécifiques), l'Adventure jouit évidemment du même traitement qualitatif.
Imposante, la R1200GS Adventure demande les jambes d'Adriana Karembeu pour toucher le sol et les bras d'Amélie Mauresmo (oui, le mélange laisse songeur...) pour la manoeuvrer moteur coupé ! La bête a beau disposer d'un réservoir remarquablement fin au niveau de l'entrejambes, la débéquiller sur un terrain meuble ou en légère pente demande un gros effort.
A peine plus accessible, la GS standard permet néanmoins à un pilote d'1m75 de toucher le sol... sur les pointes ! Certes, des selles basses sont en options gratuites en sorties d'usine, mais les R1200GS ne s'adressent pas aux courts sur pattes. D'ailleurs, en découvrant les motos pour la première fois, le mot "enclume" vient inévitablement sur le bout des lèvres, serrées par l'effort demandé pour les faire reculer de leur place de parking...
Mais à Moto-Net.Com, les spécificités du trail allemand sont loin de nous être étrangères : grâce à une répartition des masses bluffante et aux pneus étroits (110 mm à l'avant et 150 à l'arrière), les GS ont le don de gommer leur embonpoint dès les premiers centimètres parcourus à leur large guidon !
Une pichenette pour activer les poignées chauffantes (en option), l'ESA (dispositif optionnel d'ajustement électrique du tarage de suspension) réglé sur Confort et le pouce se tend vers le disgracieux contacteur on-off. Première surprise : en se dotant d'une valve à l'échappement, le silencieux - dont la structure interne est toute nouvelle - laisse échapper un son ô combien plus réjouissant que sur le millésime précédent !
Cependant, les manufacturiers d'échappement peuvent reprendre leur souffle : la sonorité du bicylindre à plat de 101 mm d'alésage et de 73 mm de course est certes plus virile, mais sa mélodie est loin d'être devenue méconnaissable ou assourdissante ! Néanmoins, elle est désormais plus grondante et bien plus rauque, surtout à bas régimes. Ce réjouissant surplus de présence sonore suffirait presque à attribuer un léger côté canaille à l'allemande !
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