Le constat amiable d'accident souffle en 2014 ses 50 bougies et en profite pour plonger - enfin ! - dans l'ère numérique et dans nos poches, via nos indispensables smartphones. Moto-Net.Com a testé l'application Assisto, lancée cette année en France.
"Avec 9 millions de sinistres automobiles par an en France selon la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA) en 2012 et 315 millions de véhicules en Europe selon les statistiques du CEA (CEA Statistics, n°38, février 2010), les gains apportés par la dématérialisation des déclarations d'accident sont évidentes", exposait en juillet le groupement européen d'intérêt économique Euresa.
Inconnu du grand public, ce groupement de quatorze assureurs mutualistes et coopératifs (dont Macif, Maif, Matmut et Ima en France) pilotait depuis près d'un an un projet de constat amiable électronique disponible sur smartphone, "mis gratuitement à la disposition des fédérations d'assurances".
Ces fédérations pouvaient alors "soit l'utiliser tel quel, soit s'en servir comme point de départ au développement de leur propre application, soit l'intégrer dans leur suite d'outils mobiles"...
"Les réactions positives des fédérations françaises GEMA et FFSA (Groupement des entreprises mutuelles d'assurances et Fédération française des sociétés d'assurances, NDLR) ouvrent la voie à une mise à disposition au grand public dès 2015", se félicitait cet été Euresa.
Mais dès le mois de mai 2014, la société Pinch (spécialisée dans la création et le développement d'applications mobiles pour le compte de tiers) sortait sa propre application de constat d'accident électronique : Assisto !
"Comme son nom l'indique, il s'agit d'une assistance qui permet à n'importe quel usager de la route de déclarer rapidement et simplement un sinistre à sa compagnie d'assurances", explique à Moto-Net.Com Lionel de Somer, l'un des associés de Pinch.
Concrètement, Assisto s'apparente à un outil - numérique ! - servant à remplir le bon vieux constat papier créé en 1964 dans le double but d'éviter les recours à rallonge et les coûts disproportionnés et d'accélérer l'indemnisation des sinistres.
Un constat amiable d'accident, mais pas seulement
"Notre appli ne se limite pas à des collisions avec un tiers", poursuit notre interlocuteur, car "elle est également utile pour déclarer à son assureur des dommages et vols ou des dégâts naturels".
Quelque soit le pépin, le fait d'avoir préalablement téléchargé l'application et rempli son profil personnel - infos relatives au conducteur, son permis, son ou ses véhicule(s) - peut effectivement épargner des bourdes et économiser un temps précieux le jour J.
Encore méconnue, l'application Assisto est cependant souvent téléchargée "au moment de l'accident", estime Lionel de Somer, chiffres à l'appui : "à ce jour, environ 12 000 personnes possèdent notre appli sur leur smartphone et un peu plus de 1 100 déclarations ont été envoyées".
Après avoir testé l'application pendant une heure, Moto-Net.Com avertit les potentiels clients (l'application est gratuite, que ce soit sur iPhone ou sur smartphone Android) qu'il est bon de simuler un accident ou deux via la fonction "test" afin de se faire la main. Sans quoi, on prend le risque de s'énerver ou de faire perdre patience au "conducteur B" qui ne tardera pas à brandir son bon vieux constat en papier !
Cette remarque est particulièrement valable pour le croquis explicatif qui ne peut être repris une fois validé, à moins de le redessiner - entièrement, grrr - si besoin est...
Sa réalisation à l'aide de pastilles (véhicules, signalisation, témoins, animaux, etc.) ne devrait pas poser de soucis aux jeunes permis, mais les conducteurs plus anciens auront peut-être un peu plus de mal : l'intégration des petits logos et le tracé au doigt levé des voies de circulation pourraient se révéler bien plus fastidieux. Pour ceux-là, le recours à la version papier du constat amiable et au dessin "tout-au-stylo" sera plus judicieux.
L'appli ne pose aucun problème au moment de cocher les cases des "circonstances" (20 en tout, de "en stationnement" à "n'avait pas observé un feu rouge", oups !). La version numérique dispose aussi d'un atout considérable sur le constat papier "analogique" : les données écrites tapées sont parfaitement lisibles.
Les employés des compagnies d'assurance ne s'arracheront donc plus les cheveux à tenter de déchiffrer le nom du conducteur, le numéro de plaque du véhicule, l'adresse de l'assuré ou toute autre information capitale écrite à la va-vite et/ou en état de choc sur un bout de capot... froissé !
Petit bonus : l'application est traduite en quatre langues (anglais, français, hollandais et allemand), ce qui peut considérablement simplifier les choses en cas d'accrochage avec un touriste en goguette dans notre beau pays, ou lors d'un déplacement à l'étranger : "disponible en France, en Belgique et au Luxembourg, l'application arrive en Italie, au Portugal, en Espagne et en Roumanie".
En deux (fois moins de) temps, trois mouvements
Avec la dernière mise à jour de l'appli lancée ce mercredi 22 octobre, chaque utilisateur peut remplir sa partie du constat sur son propre smartphone. "Dans ce cas, ceci permet de diminuer le temps de la déclaration drastiquement"... De deux fois environ, d'après les savants calculs de MNC, à condition bien sûr de ne pas tomber sur un boulet - ce qui est malheureusement fréquent en cas d'accident...
De son côté, Pinch est "fier de pouvoir communiquer sur le fait qu'avec la première version de notre application, le temps nécessaire à la déclaration avait déjà été diminué d'un tiers (de 35 minutes en moyenne pour la version papier à 23 minutes avec la V1 d'Assisto). Les tests montrent qu'avec cette nouvelle version et l'échange d'informations entre smartphones via QR code, le temps de déclaration est diminué de plus de la moitié par rapport à la version papier".
Autre avantage non négligeable lorsqu'on remplit un constat électronique : la possibilité d'y joindre jusqu'à 15 photos de l'accident ! Et grâce à ses capteurs GPS, 3G, 4G et wifi, le smartphone permet en outre de situer très précisément le lieu du sinistre.
"Dans 99% des cas, le lieu exact n'est pas renseigné", estime Lionel de Somer : "à Paris par exemple, les gens se contentent très souvent d'inscrire "Paris", sans préciser le nom ni le numéro de la rue, ou ne serait-ce que l'arrondissement".
D'ailleurs, pourquoi ne pas intégrer un plan - Google Maps par exemple - au croquis ? "Nous avons essayé, mais Google ne tient malheureusement pas compte du nombre de voies", nous répond l'équipe de Pinch. Au sein de la rédaction de MNC, les utilisateurs Android et iPhone sont par ailleurs satisfaits de l'appli... mais naturellement pas pressés de s'en servir !
Professionnels, nos journalistes ne sont pas suicidaires pour autant. Aucun ne s'est donc flanqué avec sa moto sous les roues du premier camion venu afin de vérifier l'efficacité réelle de l'application Assisto... ainsi que la résistance aux chocs de son smartphone, qui a intérêt à être en état de marche - avec de la batterie - pour remplir le constat !
"Grâce à Assisto, tous les intervenants d'un sinistre obtiendront un constat d'accident à l'amiable complété en bonne et due forme en version électronique PDF", promet Pinch. "Celui-ci leur sera envoyé par email et chaque conducteur recevra un SMS de validation qui lui permettra aussi de récupérer sa déclaration sur internet".
Aux oubliettes donc les cinq jours réglementaires pour écrire et transmettre le constat à son assureur, qui sera averti en temps réel de vos déboires : "finalement, nous jouons un peu le rôle de La Poste", résume Lionel de Somer. En plus rapide !
Comme La Poste, "Assisto n'exerce aucun contrôle sur la mauvaise foi de l'un ou l'autre des signataires du constat : nous générons un document qui se base sur leurs déclarations", avertit notre interlocuteur avant d'assurer que "nous n'avons "heureusement" pas plus de vue sur les informations transmises".
Tout le monde y gagne
De même, si Assisto garantit l'envoi du constat à la vitesse de la lumière - ou plutôt de la 4G, comme dit la pub ! -, elle ne peut malheureusement pas accélérer davantage l'indemnisation... Mais la petite équipe de Pinch planche sur d'autres améliorations !
"Nous travaillons sur de nouvelles fonctionnalités qui permettront, entre autres, aux utilisateurs d’Assisto de prendre directement contact avec d'autres intervenants tels que des taxis, dépanneurs et garagistes". Un point capital pour l'application et ses concepteurs puisque ce sont ces futurs partenaires - en plus des assureurs - qui leur "assurent" leurs revenus.
À l'attention des utilisateurs qui mettraient en doute la valeur légale des documents générés par son application, Lionel de Somer nous confirme "être actuellement en discussion avec de nombreux assureurs européens. Nous espérons pouvoir annoncer d'ici la ?n de l'année la concrétisation de ces discussions".
Enfin, "il est aussi question d'offrir des services à nos partenaires du secteur de l’assurance qui leur permettront d'imprimer directement le QR code sur les documents qu'ils remettent à leurs clients lors du renouvellement de la prime d’assurance ou l'émission d'un nouveau contrat".
"A terme, l'objectif d'Assisto est d'accompagner nos utilisateurs dans toutes les démarches, du moment où se produit l'accident jusqu'à la remise des clés de son véhicule réparé. C'est donc une application qui est amenée à évoluer en continu, à travers les années". Affaire à suivre : restez connectés !
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