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CHAMPION DE FRANCE SUPERSPORT
Paris, le 4 octobre 2007

Kenny Foray, espoir de la vitesse française

Kenny Foray, espoir de la vitesse française

Kenny Foray, le tout nouveau champion de France Supersport 600, nous a accordé une interview après la présentation Triumph au Mondial du deux-roues : le pilote parisien retrace avec sincérité sa saison 2007... Attention talent !

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Dans la famille Foray, la compétition moto est inscrite dans les gènes ! Au départ, on trouve Jean Foray et ses 30 années de courses au compteur (GP 250, championnat d’Europe et de France). Cette année encore, il a disputé le championnat de France SBK aux côtés de son premier fils - Freddy - qui s’est octroyé la quatrième place de la catégorie au sein du Junior Team Suzuki.

L’illustre lignée aurait pu s’arrêter là, mais Freddy a un frère jumeau qui, pour ses 22 ans, vient d’emporter son premier championnat de France de vitesse. Mieux : le jeune pilote parisien réalise l’exploit en s'imposant avec une Triumph Daytona 675, dont c’était la première participation, et en prenant le meilleur sur des adversaires talentueux... dont un certain Arnaud Vincent, champion du monde GP 125 en 2002 !

Kenny Foray, espoir de la vitesse française

Une catégorie 125 cc par laquelle Kenny a débuté lui aussi : c’était en Open 125 de 2001 à 2005 (7ème en 2005). En 2006, il court en Open 600 Supersport qu’il termine à la 15ème place. Mais une deuxième place à la GSX-R Cup disputée à Magny-Cours prouve son potentiel : Triumph lui propose un guidon pour 2007... avec un dénouement inespéré pour les deux parties !

Moto-Net.Com : Bonjour Kenny et félicitations pour ton titre ! Maintenant que tu as le temps de te poser et de l’apprécier, quelles sont tes sensations ?
Kenny Foray : C’est incroyable ! Tu sais, mon frère et moi, on a pas eu des débuts faciles en compétition : on a pas mal galéré les premiers temps - même si on était conscient de la chance de pouvoir vivre notre passion - et aujourd’hui, ce titre, c’est la reconnaissance dont on avait besoin. Quand tu évolues dans une structure privée, tu n’as pas le matériel pour être devant : tu paies tes pneus, tes pièces, tes déplacements et tu espères que ça va évoluer...

MNC : Tu n’as pas envie de baisser les bras, dans ces moments là ?
K. F. : Non, jamais. Il suffit d’avoir le potentiel et d’y croire. Regarde : cette année, j’ai eu l’immense chance d’avoir la proposition de Triumph, la moto était top, je ne payais pas pour rouler, j’avais le potentiel pour être devant et ça l’a fait !

MNC : Qu’est-ce qui t’as poussé à penser à la marque Anglaise ?
K.F : En fait, ça s’est fait naturellement avec Daniel Payet, qui me suit depuis mes débuts en 600. 2005 avait été une mauvaise année au niveau résultats car j’ai été handicapé par des problèmes de dribble toute la saison. Du coup, je n’avais pas vraiment d’autres propositions que celle de Triumph ! En tout cas, à ce moment-là c’était la meilleure opportunité pour moi : ils nous proposaient de ne pas payer les motos, puis en fonction des résultats de nous fournir l’échappement, les pièces de kit, les pneus ...

Kenny Foray, espoir de la vitesse française

MNC : Malgré tout avec cette moto, tu avançais à l’aveuglette : en Supersport les japonaises 4-cylindres dominent depuis des années et malgré ses succès dans les essais presse, la 675 n’avait jamais rien gagné ?
K.F : C’est vrai qu’on la connaissait pas, certains m’en disaient du bien et d’autres ... Qui plus est, je venais à peine de signer avec Triumph, que Yam’ Service (qui a fait rouler A. Vincent cette année –NDLR-) prend contact avec moi pour me faire rouler en 2007 ! Or, les performances du team et d’une R6, on les connaît ! Mais j’ai choisi de rester fidèle à Triumph : même si la R6 est une "bombe", j’avais donné ma parole.

MNC : Tes doutes se sont-ils dissipés dès les premiers essais de l’Anglaise ? As-tu pensé tout de suite : "Là, je tiens un outil pour la gagne" ?
K.F : Non, pas du tout ! En fait, la prise de contact s’est faite à Carole sur une piste mi-sèche, mi-mouillée avec une version complètement stock de la Daytona : carénages, clignos, rétroviseurs et surtout l’interdiction de tomber, car la moto était prêtée par Triumph ! Qui plus est, je n’avais pas roulé de l’hiver et j’ai dû retrouver les sensations, le rythme, etc .. Mais elle m’a mis en confiance, même si j’étais trop tendu pour véritablement entrevoir le potentiel ... La véritable révélation, je l’ai eu en l’essayant à Lédenon, avec des Pirelli que j’ai récupéré dans une poubelle...

MNC : Sérieusement ?!!
K.F : Oui, car au début je voulais rester en Dunlop, mais ils n’aident que les pilotes officiels ! J’avais vraiment besoin de roulage, mais mes Dunlop avaient déjà 5 séances... Là, je vois un gars qui jette un train de Pirelli en meilleur état que mes pneus et je lui demande si je peux les monter : je sais pas si c’est les Pirelli, où l’état d’usure moins avancé, mais je fais un chrono de 1.27.2 sec. L’an passé au bout d’une saison, avec la Yamaha préparée je tournais en 1.27.9 sec ! Je me suis dis : "Avec des pneus neufs, une préparation (succincte dans cette catégorie -NDLR-) y a vraiment moyen de faire quelque chose de très bon".

MNC : A ce moment précis, tu pensais déjà à la possibilité d’être dans la course au titre ?
K.F : Ah non, pas du tout ! Mais à dire vrai, je n’y ai jamais trop pensé, sauf à la fin du championnat évidemment. Mon objectif était de finir dans les cinq premiers et de faire quelques podiums. Malgré tout, je me cachais un peu la vérité : en roulant en un petit "27" à Lédenon, alors que le rythme de course en 2006 était de 1.26.5 sec, je me voilais un peu la face. Mais quand tu es habitué à rouler dans le peloton, tu ne t’imagines pas du jour au lendemain en tête des courses !

MNC : Pourtant, dès la première course, tu joues la gagne au Mans ...
K.F : Oui, je fais podium sous la pluie. Mon entraîneur m’avait conseillé d’attaquer fort d’entrée de jeu et on a vite creusé l’écart. A un moment, j’ai réalisé que j’étais - virtuellement - sur mon premier podium et j’ai laissé les autres partir. Malgré tout, après la course je me suis dis que c’était dû aux conditions climatiques. La semaine d’après, je gagne l’épreuve du championnat suisse à Lédenon et dans la foulée je fais un super week-end sur le même circuit contre Perret, Vincent et les autres ...

MNC : Et là, tu arrives à Nogaro...
K.F : C’est le seul faux pas de l’année : j’ai choisi un mauvais pneu, que j’avais pas validé en essais et il s’est détruit au bout de cinq tours. Les trois derniers tours, je les ait fait à 5 secondes de mes chronos : je comprenais pas pourquoi, j’arrivais pas à suivre David (Perret en Kawasaki ZX-6R, NDLR) alors que j’avais la pôle ! Je finis quatrième en limitant les dégâts, mais le moral en bas ... alors que l’an passé avec une quatrième place, j’aurais fait la fête !

MNC : Ce changement de raisonnement ne trahit-il pas une approche différente de ta part : tu es premier au général et tu dois commencer à penser à autre chose que cinquième au championnat ?!
K.F : Bien sûr que dans ma tête, je commençais à penser au titre. Mais je n’en ai parlé à personne : mon objectif, en arrivant au Vigeant, était de prouver que je n’avais pas gagné à Lédenon parce que j’avais plus d’expérience du circuit que mes adversaires et pour montrer que 4ème à Nogaro c’était pas ma place. Je suis arrivé assez remonté et je fais pôle, record du tour et victoire ! Mission accomplie !

Une nouvelle victoire à Lédenon (avec un moteur prêté par son cousin !), une troisième place à Albi puis une cinquième position à Magny-Cours et Kenny accède à son rêve, la récompense suprême : son premier titre en championnat de France ! Un tremplin vers de hauts cieux, pour cet espoir de la vitesse tricolore ?

Après tout, il n’était pas l’unique pilote à rouler avec l’atypique 3 cylindres Triumph cette année et pourtant, Kenny fut le seul à en tirer la quintessence : si la cylindré supplémentaires est une alliée pour soigner les sorties de courbes lentes, le Français a dû se battre pour contrer l’allonge des 4 cylindres en ligne.

A commencer par la R6 du "World champion" Arnaud Vincent ... Une performance de taille qui n’a pas échappé à la firme Anglaise, désireuse d’aller croiser le fer en mondial Supersport...

K.F : Effectivement, je viens d’apprendre que je vais participer à des essais pour le team Carrachi (qui représentera officiellement Triumph en WSSP l’an prochain, NDLR) pour déterminer si je peux être titulaire dès 2007. Dans le cas contraire, on m’a proposé d‘être remplaçant avec des wild cards sur certaines courses, afin que je m’étalonne aux autres pilotes du plateau mondial. Car, comme on me l’a laissé entendre, au niveau de la moto, j’ai "beaucoup à leur apprendre".

Une promotion rêvée pour ce résident de la Celle St Cloud qui tient néanmoins à garder les pieds sur terre : son destin est entre ses mains et il ne s’agit pas de brûler les étapes. Pas question de tout sacrifier sur l’autel du mondial : Kenny a aussi reçu des offres intéressantes pour rouler en SBK français, un changement de cylindré qui offre en plus l’avantage de pouvoir être appelé pour rouler en endurance. Une catégorie qui retrouve ses lettres de noblesses en France, au statut mondial et qui permet à un pilote professionnel de vivre de sa passion... Affaire à suivre.

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