En exclusivité sur le web, le Guide MotoGP de Moto-Net.Com contient toutes les infos clés du championnat du monde des Grands Prix 2013. Pour être incollable sur le règlement, les pilotes, les circuits et les motos de la catégorie reine : suivez le guide !
Comme l'an dernier, le MotoGP 2013 se divise en deux catégories qui cohabitent - plus qu'elles ne s'affrontent... - en piste. D'un côté (ou devant, plutôt !), 12 prototypes construits autour de moteurs et de châssis librement développés par Ducati, Honda et Yamaha. De l'autre, 12 CRT (quatre ART/Aprilia, une Aprilia/PBM, deux BMW/Suter, une Honda/FTR et quatre Kawasaki/FTR) qui utilisent des moteurs de motos Hypersports de série "préparés" et des parties cycles libres.
Moto-Net.Com revient en détail sur les caractéristiques techniques et le potentiel de chacune des 24 MotoGP / CRT (Claiming Rule Team) du plateau 2013.
Ducati Desmosedici GP13 : vaste chantier...
Ceux qui pensaient que l'adoption d'un cadre périmétrique en alu allait sauver Ducati ont rapidement déchanté en 2012 : la Desmosedici est restée cette bête nerveuse que seul Stoner savait mener sur la plus haute marche du podium. Chroniquement sous-vireuse et incapable de sortir des courbes "en douceur", la balle rouge a eu raison de la patience et du talent de Valentino Rossi. Genre d'exploit...
Filippo Preziosi, le père de toutes les Ducati de MotoGP, a lui aussi laissé des plumes dans la débâcle et c'est désormais Bernhard Gobmeier (ancien directeur chez BMW en WSBK) qui le remplace au poste de directeur technique de Ducati Corse. Très critique envers Rossi, l'Allemand a choisi de ne presque rien changer sur le proto 2013 et d'explorer des pistes laissées en friche l'an passé sur une "moto-laboratoire" développée par le nouveau pilote d'essais, Michele Pirro.
L'objectif est de valider de bonnes bases de travail avant de se lancer dans une énième refonte de la GP13 : sur le papier, la stratégie est excellente même si le temps joue en défaveur de l'usine italienne. Ainsi, lors des essais hivernaux, les quatre représentants Ducati n'ont jamais été en mesure de jouer devant, ce qui n'augure rien de bon pour le début (ni même le milieu...) de la saison 2013.
Seule ombre d'espoir : en vue de mutualiser les compétences, le team Pramac et ses pilotes bénéficient dorénavant du soutien total de l'usine. Ben Spies et le débutant Andrea Iannone utiliseront donc le même matériel qu'Andrea Dovizioso et Nicky Hayden, ce qui pourrait permettre à Ducati de revenir plus rapidement aux avant-postes.
Enfin, le rachat du constructeur transalpin par Audi pourrait avoir deux effets à ne pas négliger : un soutien financier considérable et surtout la mise en place d'une rigueur de travail qui semble faire défaut aux Rouges de Bologne. Certains prévoient aussi une rapide accélération technologique chez Ducati grâce à des transferts de compétences avec le constructeur automobile. Une piste qui relève du voeu pieu tant la moto et l'auto requièrent un savoir-faire et des technologies radicalement différents…
En l'absence de progrès en 2013, le pire est à envisager : Ducati pourrait quitter le MotoGP par la petite porte, las de dépenser des millions chaque saison pour faire de la figuration. Néanmoins, comme l'a récemment rappelé Hayden : "Ducati a déjà construit des motos compétitives par le passé et je suis certain qu’ils en sont encore capables". Dont acte.
Caractéristiques techniques de la GP13 :
Pilotes en 2013 : Andrea Dovizioso et Nicky Hayden (Ducati Team) / Andrea Iannone et Ben Spies (Ducati Pramac)
Honda RC213V : la favorite
En 2012, Pedrosa et Stoner ont remporté huit des dix-huit derniers Grands Prix (respectivement six et deux victoires) : à l'exception du GP de San Marin, les RC213V officielles ont tout gagné de Laguna Seca à Valence ! Autant dire que la Honda sera clairement la moto de référence du début de saison.
Dans ces conditions, rien d'étonnant à ce que le premier constructeur avoue n'avoir changé que peu de choses sur son prototype 2013. La rigidité du châssis périmétrique et du bras oscillant a toutefois été retouchée cet hiver en vue d'améliorer les d'entrée en courbes, une phase où la Honda est traditionnellement moins à son aise que la Yamaha.
De plus, le HRC a aussi peaufiné sa fameuse - et coûteuse - boîte de vitesses pour que son fonctionnement devienne aussi rapide et doux au rétrogradage qu'à la montée des rapports. De type "Seamless", cette transmission - dont les détails techniques sont jalousement gardés par Honda - permettrait d'enclencher simultanément deux vitesses à chaque pression sur le sélecteur, d'où des passages de rapports éclairs et des accélérations démoniaques en sortie de courbes.
La centrale électronique développée par le HRC (Honda est le seul constructeur à ne pas sous-traiter la conception de son ECU) a aussi bénéficié de nouveaux développements conçus pour optimiser la réponse à l'accélération et la gestion du frein moteur.
Enfin, quelques retouches ont été apportées sur le carénage afin d'améliorer l'aérodynamisme et le refroidissement du moteur. En parlant de moteur justement, un secret de taille concernant l'architecture du V4 Honda a récemment été dévoilé : depuis le passage à 1000cc en 2011, l'angle d'ouverture du bloc est passé d'environ 75° à 90°.
"Avec la limitation de l'alésage à 81 mm obligeant à rallonger la course du moteur, ce choix s'est imposé à nos ingénieurs", a expliqué Shuhei Nakamoto, vice-président du HRC. Plusieurs raisons motivent cette évolution : confronté à un problème d'encombrement - du à l'augmentation cylindrée -, Honda a ouvert l'angle de son quatre-cylindres à 90° pour conserver un centre de gravité presque aussi bas qu'avec le V4 de 800cc (dont l'ouverture était estimée entre 72 et 76°).
Concrètement, le V4 de 1000cc prend à peine plus de place en hauteur que le V4 de 800cc, mais il est plus long. Une contrainte moins importante avec les nouvelles 1000cc puisque leur empattement est plus élevé que celui des 800cc.
D'autre part, un V4 à 90° est plus "onctueux" et possède surtout un calage naturel qui évite d'installer un arbre d'équilibrage. Résultats : moins de pièces en mouvements donc moins de frictions internes, soit plus de puissance et moins de vibrations. L'impact positif sur la consommation et la fiabilité constitue aussi une donnée à ne pas négliger.
Ce bouleversement technique démontre deux choses importantes : premièrement, que Honda continue à investir financièrement et techniquement dans le MotoGP. Une bonne chose, assurément. Deuxièmement, qu'un V4 à 90° est une excellente base pour s'imposer en catégorie reine : Stoner a remporté le titre dès son introduction en 2011 et Pedrosa n'en est pas passé loin l'an passé. Une démonstration qui met à mal les théories selon lesquelles tous les maux de Ducati sont dus à cette architecture...
Caractéristiques techniques de la RC213 :
Pilotes en 2013 : Dani Pedrosa et Marc Marquez (HRC) / Alvaro Bautista (Gresini) et Stefan Bradl (LCR)
Yamaha YZR-M1 : le juste équilibre...
Malgré son enviable statut de championne du monde en titre, la M1 ne part pas favorite en 2013. Pourquoi ? Parce qu'il lui manque une poignée de chevaux pour tenir la dragée haute à la Honda et surtout la fameuse boite ultra-rapide Seamless dont disposent la RCV et la Desmosedici !
A cause de ces deux facteurs, la Yam' perd du terrain à chaque sortie de courbes : Lorenzo et Rossi n'ont pas cessé de l'indiquer aux ingénieurs nippons durant l'hiver, surtout après les essais sur le nouveau tracé d'Austin où l'avantage des Honda semblait flagrant.
Yamaha a promis à ses pilotes qu'ils disposeraient bientôt de ce type de transmission, mais qu'elle était encore en développement au service course du blason d'Iwata. En attendant, les "à-nouveaux" coéquipiers vont devoir compenser en tirant parti des points forts de leur moto : un équilibre parfait, une remise de gaz progressive et une vivacité supérieure en entrée de courbe.
De plus, les techniciens Yamaha ne sont pas restés les bras croisés durant l'intersaison : le châssis périmétrique a vu ses points de rigidité revus afin d'améliorer le délicat compromis entre résistance et flexibilité. Car sur l'angle, le cadre doit pouvoir légèrement se déformer pour favoriser le travail des pneus et des suspensions, tout en offrant la rigidité nécessaire pour encaisser des freinages dépassant les 1,5 g (1,6 g dans le premier droit au Mugello !).
Pour pallier les problèmes de garde au sol constatés en 2012 (certains pilotes prennent 62° d'angle !), Yamaha a aussi légèrement remonté le 4-cylindres en ligne dans le cadre. Afin de préserver l'équilibre de la moto, le réservoir d'essence placé sous la selle a été abaissé et reculé. Une mesure à double avantages, puisque cela permet de maintenir le centre de gravité assez bas et d'améliorer la traction grâce au poids supplémentaire placé sur l'arrière.
Revers de la médaille : la coque de selle est plus trapue, donc moins aérodynamique et le bénéfice sur la motricité s'envolera progressivement à mesure que le réservoir se videra. Ce qui pourrait pénaliser les fins de course où le pneu, plus usé qu'au départ, offre moins d'adhérence...
Caractéristiques techniques de la YZR-M1 2013 :
Pilotes en 2013 : Jorge Lorenzo et Valentino Rossi (Yamaha Factory) / Cal Crutchlow et Bradley Smith (Yamaha Tech 3)
CRT / Aprilia - ART (Aprilia Racing Technology)
L'ART (Aprilia Racing Technology) est sans doute la CRT (Claiming Rule Team) la plus compétitive... et la plus controversée ! Bâtie autour d'une version "World Superbike" du V4 de 999,6 cc de l'Aprilia RSV4, elle adopte un châssis périmétrique lui-aussi élaboré par Aprilia.
En clair, l'ART est une sorte de "Super Superbike" ! Elle ne se différencie de la moto de Sylvain Guintoli que par ses carénages inédits, l'adoption de disques en carbone et d'un cadre plus rigide - conçu pour s'adapter aux contraintes supérieures et aux Bridgestone.
Mais comme le nombre de moteurs est limité en MotoGP, le V4 de l'ART est volontairement bridé pour assurer sa fiabilité : à titre informatif, 34 moteurs ont été montés la saison dernière sur la moto du champion du monde WSBK Max Biaggi, alors que Randy de Puniet et les autres pilotes CRT n'ont le droit qu'à 12 blocs (5 pour les protos) !
A la demande des teams, le blason de Noale a cependant progressivement "lâché" quelques chevaux supplémentaires en cours de saison. Pour 2013, le cadre a été renforcé et des nouvelles possibilités de réglages font leur apparition : selon Randy de Puniet, le plus "capé" de la catégorie, ces modifications apportent un vrai plus.
Comme l'an passé, l'ART possède sa propre centrale électronique qu'Aprilia a développé en GP250 avec Magneti Marelli. Pour l'heure, les "tops teams" du constructeur italien refusent d'adopter l'ECU unique proposée gratuitement par Dorna, tout en sachant que les motos qui ne l'utilisent pas en 2014 devront embarquer trois litres de carburant en moins...
Malgré l'amélioration continue de l'ART et son statut de CRT de référence, cette "sous-MotoGP" est toutefois encore loin du compte face aux protos : lors de la deuxième séance d'essais hivernale à Sepang, le plus rapide de ses pilotes (Aleix Espargaro) était à 2,5 sec du tour le plus rapide réalisé par la RCV de Pedrosa (2'00.100 contre 2'02.628)...
Caractéristiques techniques de la CRT / ART 2013 :
Pilotes en 2013 : Aleix Espargaro et Randy de Puniet (Aspar) / Yonny Hernandez (Paul Bird Motorsport) / Karel Abraham (AB Cardion)
CRT / Aprilia PBM
L'équipe de Paul Bird aligne deux motos en 2013 : une ART pilotée par Yonny Hernandez et une CRT à moteur Aprilia, mais avec un châssis fait maison et une électronique "Magneti Dorna". Le rookie Michael Laverty est en charge de la développer, en même temps qu'il découvre la catégorie : le grand frère d'Eugène (coéquipier de Guintoli en WSBK) va devoir mettre les bouchées doubles !
Techniquement, cette ART / PBM diffère essentiellement de la moto de Randy de Puniet par son châssis : bien qu'il soit lui-aussi de type périmétrique en alu, il possède un dessin légèrement différent du cadre Aprilia, notamment au niveau de la suspension arrière.
Conçu par l'entreprise GPMS Technology, un sous-traitant avec lequel collaborait feu le team de Kenny Roberts Senior, ce nouveau châssis présente l'avantage d'introduire (ou de réintroduire, plutôt) un nouveau fabriquant en MotoGP. Une démarche que Dorna encouragerait, en apportant un soutien financier au team Paul Bird Motorsports (PBM).
En parlant de finances justement, l'équipe britannique a signé cet hiver un contrat de sponsoring avec MinxFlix, un spécialiste des vidéos "pour adultes" sur le web (un site cochon, quoi !). Entre les Playmate de LCR, les renversantes Monster Girl's Yamaha et les joyeuses hôtesses de MinxFlix, la grille de départ du MotoGP va bientôt être déconseillée au moins de 16 ans !
Caractéristiques techniques de la CRT / ART-PBM 2013 :
Pilote en 2013 : Michael Laverty (PBM)
CRT / BMW-Suter
A l'origine, Giampiero Sacchi, le boss du team Ioda Racing, souhaitait développer sa propre CRT autour du V4 Aprilia... Cette moto appelée "TR 003" a fait long feu et se voit remplacée en 2013 par deux CRT à moteur BMW inséré dans un cadre Suter.
Très critiqué par Colin Edwards en 2012, ce package a pâtit du manque de mise au point de son électronique développée par BMW et Bosch. Pour contourner le problème, Ioda Racing a opté pour l'ECU unique fournie par Magneti Marelli, une solution économique et moins contraignante en développement.
Reste que cette centrale "Dorna Approved" doit encore progresser pour arriver au niveau de la concurrence, que ce soit au niveau de la fiabilité (beaucoup de bug cet hiver) et des possibilités de réglages...
Sur le plan technique, l'essentiel des changements apportés à la Suter-BMW portent sur la rigidité du châssis. Le bloc de la S1000RR n'a reçu aucune évolution majeure : tout le défi sera, cette année encore, d'améliorer l'exploitation de sa puissance via l'électronique ! A noter que le team Ioda fait rouler notre meilleur représentant en Moto2 : Johann Zarco.
Caractéristiques techniques de la CRT / BMW-Suter 2013 :
Pilotes en 2013 : Danilo Petrucci et Lukas Pesek (Came IdoaRacing)
CRT / Honda-FTR
En 2013, Fausto Gresini sera encore le seul team manager à aligner une MotoGP 100% prototype (une Honda RC213V pilotée par Bautista) et une CRT. Fidèle au premier constructeur, Gresini a choisi un moteur de CBR1000RR 2012) qui prend place dans un cadre dessiné par FTR.
Après beaucoup de soucis de "jeunesse" début 2012 (carénages frottant le sol en courbes, fiabilité mécanique aléatoire, etc.), le semi-proto Honda a considérablement progressé, au point de signer le meilleur résultat d'une CRT : à son guidon, Pirro a terminé le GP de Valence à la cinquième position sur le mouillé !
Peu d'évolutions sont à signaler pour 2013, à l'exception d'un nouveau bras oscillant conçu pour améliorer la motricité. Sur le plan électronique, Gresini n'a pas été convaincu par les avantages de l'ECU "Dorna-Marelli" et a préféré renouveler sa confiance à Cosworth. Un choix périlleux dans la mesure où le team italien est le seul à utiliser ce boîtier, ce qui ne favorise pas son développement... En contrepartie, la FTR-Honda bénéficie de toute l'attention de l'entreprise d'ingénierie britannique.
Caractéristiques techniques de la CRT / FTR-Honda 2013 :
Pilote en 2013 : Bryan Staring (FTR-Honda Gresini)
CRT / Kawasaki-FTR
Apprécié pour sa puissance et sa fiabilité, le quatre-cylindres de la ZX-10R Kawasaki propulse quatre CRT en 2013. Il prend place dans un cadre périmétrique en aluminium FTR très proche de celui utilisé pour la CRT Gresini à moteur Honda.
Cet hiver, le fabricant de châssis s'est surtout concentré à trouver le bon degré de flexibilité du châssis et du bras-oscillant. Les quatre motos sont équipées de la centrale électronique Magneti Marelli "Dorna Approved", ce qui n'a pas manqué de provoquer quelques petits "retards à l'allumage" lors des tests de pré-saison...
Bien qu'un gros travail de mise au point soit encore à réaliser, la moto a convaincu ses quatre pilotes durant l'intersaison malgré des chronos légèrement en retrait. Ravi de s'être débarrassé de la Suter-BMW - qu'il qualifiait de "tas de m...e" l'an passé ! - Colin Edwards s'est même engagé à terminer premier pilote CRT au guidon de la FTR-Kawasaki lors de l'ouverture au Qatar.
Caractéristiques techniques de la CRT / FTR-Kawasaki :
Pilote en 2013 : Colin Edwards et Claudio Corti (NGM Forward) / Hiroshi Aoyama et Hector Barbera (Avintia Blusens).
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