Alors que le prix des carburants remonte en flèche dans les stations-services, les principaux distributeurs d'essence et gasoil comme Casino, Intermarché et Total répondent à l'effort sollicité par le gouvernement pour plafonner le litre à 1,99 euros. C'est trop, merci !
Réunion inflammable mardi dernier à Bercy : la ministre de la transition énergétique recevait les distributeurs de carburants pour leur demander un "effort de solidarité" face à l'envolée des prix. Cette augmentation - notamment entraînée par la réduction de la production en Russie et Arabie saoudite - fait flirter le litre avec les deux euros, voire plus.
" Certains distributeurs ont fait des opérations à prix coûtant et je leur demanderai de prolonger ce type d'opération car je pense que les Français n'ont pas l'espace pour payer plus cher le carburant et que ce n'est pas le genre de sujet sur lequel ces acteurs doivent faire une marge importante", estime Agnès Pannier-Runacher.
Jamais l'essence n'avait été aussi chère en 2023 : il faut remonter à juillet 2022 pour retrouver des prix aussi élevés, avant que le gouvernement n'accorde une ristourne de 30 centimes en réaction à la pression sociale. Cette fois, aucun effort à attendre de ce côté : l'État affirme également ne pas pouvoir baisser ses taxes monstrueuses, à hauteur de 60% par litre !
Le ministre de l'économie, Bruno Le Maire, est formel : une ristourne fiscale ne serait "pas responsable" dans le contexte budgétaire actuel. Ok : et donc ? La balle est renvoyée aux distributeurs, notamment TotalÉnergies qui représente environ un tiers des stations-services en France (3400). Bercy leur demande un effort énorme : bloquer le prix à 1,99 euros. Ah oui, quand même !
Total s'y engage "au-delà de la fin 2023, tant que les prix resteront élevés", alors que le groupe Casino opte de son côté pour des opérations "prix coûtants" chaque week-end jusqu'au 22 octobre. Même stratégie chez Intermarché, les derniers week-ends de chaque mois.
Et le groupe Système U ? "Je ne peux pas bloquer le prix à 1,99 €", répond son patron. "Je ne suis pas producteur : j'achète et je revends le carburant", précise Dominique Schelcher, qui réalise également des opérations prix coûtants. "Mais on parle d'un ou deux centimes de moins au litre", prévient-t-il.
"Je remercie Total et Intermarché de prendre leurs responsabilités, et j'attends des autres fournisseurs et distributeurs de carburants", se réjouit de son côté Agnès Pannier-Runacher, toute contente de cette aumône lâchée par les distributeurs. Ignore-t-elle, vraiment, que TotalÉnergie déclare la bagatelle de 36 milliards d'euros de bénéfices en 2022, en hausse de 90% ?!
La crise énergétique ou encore le conflit engagé par la Russie ont bon dos : les profits coulent toujours du même côté de la pompe. MNC constate par ailleurs que le prix des carburants grimpe chaque année au même moment : avant et pendant les congés d'été, pile quand voitures et motos multiplient les pleins sur la route des vacances. Une pure coïncidence, bien entendu…
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