Un an déjà que Fabrice Miguet nous a quittés, mais l'esprit du MIG demeure grâce à la fondation qui porte son nom. Interrogé par Moto-Net.Com, son président Michel Ducret présente les nombreux projets en cours : une statue à Chambois, la restauration de motos, le sponsoring de jeunes pilotes, etc.
Moto-Net.Com : Fabrice Miguet aurait-il fêté son demi-siècle le 29 juillet dernier ou se moquait-il de son âge ?
"Grand" Michel Ducret, président de la Fondation Fabrice Miguet "LE MIG" : Oui, Fabrice avait même programmé deux fêtes ! Une avec nous pour ses 50 ans : on devait partir un week-end sur Paris afin de se retrouver avec les amis car il avait besoin de ces moments "rock'n'roll", comme il disait souvent. La seconde fête devait se faire avec ses parents puisque sa maman fêtait ses 80 ans cette année. Il avait prévu de réserver une salle des fêtes dans la région...
MNC : 80% des fonds ont été récoltés pour la statue. Comment participer pour boucler le budget ? Sur la cagnotte Leetchi ou via le site officiel lemig61.com ?
G. M. D. : Lorsque l'association a été créée en septembre 2018, nous avons mis en ligne un site internet pour faire découvrir les projets à venir et les actions diverses, comme tenir des stands un peu partout en France, vendre divers objets au nom du MIG, etc. En ce qui concerne le projet de statue, nous avons reçus des dons de partout. La commune de Chambois nous appuie à fond puisque MIG était l'enfant du village et tous ceux qui le connaissaient avaient plaisir à le suivre dans ses courses. Puis nous avons lancé une cagnotte Leetchi dans le but d'arriver à finaliser ce projet qui permettra d'avoir un lieu pour que le monde de la moto puisse se recueillir en cas de perte d'un être cher, organiser un rassemblement avec une concentration sur la commune de Chambois où MIG repose aujourd'hui. Nous voulons faire découvrir la vie passionnante de Fabrice, qui a piloté ses motos avec peu d'argent aux quatre coins du monde. Nous invitons toutes celles et ceux qui souhaitent contribuer à ce monument en versant un don, aussi minime soit-il. Nous gérons également une page Facebook qui est suivie par de nombreuses personnes : Fondation Fabrice Miguet LE MIG.
MNC : Qui sont Mendanha Vânia et Mendanha Nuno Mendanha, les artistes chargés de réaliser la magistrale sculpture ?
G. M. D. : En premier lieu, nous avons fait faire deux devis en France pour cette statue, mais les résultats n'étaient pas à la hauteur - et les tarifs non plus, d'ailleurs. Nous ne reconnaissions pas son visage, donc après recherche et par le biais d'une amie du MIG d'origine portugaise, nous avons fait la connaissance de la famille Mendanha, des artistes sculpteurs très réputés au Portugal pour leurs nombreux édifices. Nous leur avons rendu visite cet été en leur apportant le ZX-10R du MIG qui servira de modèle.
MNC : Avez-vous convenu d'une date de livraison ? Êtes-vous dans les temps, ou déjà un peu "en retard sur l'avance prévue", comme disait Le Mig ?!
G. M. D. : Il faut compter six mois de fabrication. Nous sommes en retard sur l'avance prévue concernant les démarches administratives, le permis de construire, etc. Mais nous espérons bien que ses parents, qui ont plus de 80 ans, participeront à l'inauguration que nous espérions pour 2020.
MNC : Où en est le projet de musée dans sa maison d'Avoine ?
G. M. D. : Nous allons devoir rebaptiser ce projet car la maison d'Avoine nécessiterait beaucoup trop de travaux pour devenir un musée. Ce sera plutôt un lieu d'exposition des motos qui ont marqué la vie du MIG, ses palmarès, ses effets personnels. Ce sera également un lieu où nous pourrons nous retrouver pour boire un verre et manger ensemble, à l'image du barbecue que nous avons organisé fin juillet. MIG était très attaché à cette maison et il avait dans l'idée de faire la même chose pour ces vieux jours. Avec l'accord de ses parents, nous conserverons donc cette maison pour faire découvrir la passion du MIG. Et organiser des journées découvertes, pourquoi pas ?
MNC : Comment entretenez-vous par ailleurs le souvenir du Mig ?
G. M. D. : De plusieurs manières. Nous avons tout d'abord une équipe de potes mécanos du MIG qui travaillent à remettre en état des motos comme les Voxan, ZX-10R et autres modèles qui ont marqué son histoire. D'ailleurs, nous aimerions bien trouver un 250 KR1, car elle a été sa première machine de course, en 1991. Grâce aux adhésions à la Fondation (20 euros, nous avons atteint les 300 membres ce mois-ci) et les ventes de cartons de vins, tee-shirts, polaires et autres, nous allons débloquer pour l'année prochaine une bourse afin d'aider les jeunes pilotes de la région. Le MIG était toujours prêt à aider les jeunes pilotes en leur donnant des conseils importants sur les courses... Nous essaierons d'afficher ses couleurs sur les motos en les sponsorisant. Enfin, nous aimons tenir des stands lors de courses et fêtes de la moto car cela permet aussi de faire découvrir ce mythe des temps modernes qui ne vivait que pour sa passion, avec peu de moyens et surtout sans prise de tête.
MNC : Une réunion s'est tenue le 11 août pour saluer sa mémoire. Quelle était l'ambiance ?
G. M. D. : Oui, nous nous sommes réunis avec ses parents, sa famille, car nous voulions commémorer cette triste première date de l'accident du MIG. Un peu plus de 150 personnes étaient présentes, c'était un moment fort en émotion qui prouve que notre champion est toujours présent dans nos têtes. Cette cérémonie s'est terminée par un verre dans la salle de Chambois où chacun a pu se remémorer les histoires vécues avec lui.
MNC : Quels sont les plus beaux souvenirs ?
G. M. D. : Il y a des centaines d'anecdotes à propos de son parcours ! Il y a ceux qui l'ont suivi ces dix dernières années alors qu'il commençait à être connu dans le monde de la moto, et ceux qui l'ont soutenu à ses débuts en 91, avec sa première moto achetée par ses parents. Le MIG avait toujours des histoires à nous raconter lorsqu'il rentrait de ses courses. Je pense que celle qui l'a marqué le plus, c'est sa première participation au Tourist Trophy en 1999. Nous étions partis à quatre dans un camion rempli de paille pour mettre sous la toile de tente, à l'arrache, comme il aimait. Sa première participation à Macau aura été un moment fort pour lui. Il nous en a parlé longtemps. Il est tombé amoureux de l'Irlande, de cet esprit convivial et festif qui lui ressemblait beaucoup.
MNC : Enfin, d'où tenait-il son fameux salut, "Boujou" ?
G. M. D. : "Boujou" est une expression typiquement normande, plutôt de Haute-Normandie, mais son papa Gaby nous le balance encore aujourd'hui lorsqu'on le quitte : il n'y a pas à chercher plus loin d'où ca vient !
.
.
.