MNC a testé pendant un an la veste Adventure-X du manufacturier anglais RST (groupe Bihr) dans sa configuration avec airbag autonome intégré. Quelles sont les forces et les faiblesses de cet équipement trail et de son coussin gonflable fourni par In&Motion ? Réponses dans notre essai longue durée.
L'offre d'airbags pour motards comprend quatre type de dispositifs : le coussin gonflable directement sur la moto de la Honda Goldwing - la seule à en être dotée -, les gilets airbags qui se déclenchent mécaniquement via un câble relié à la moto, les gilets airbags à déploiement électronique et leurs variantes intégrées dans un vêtement moto (combinaison, veste ou blouson).
C'est à cette dernière technologie que fait appel la veste RST Adventure-X : un airbag autonome - sans liaison filaire ni capteurs sur la moto - qui prend place et se gonfle dans la doublure interne. Cet airbag provient d'In&Motion, société savoyarde à l'origine d'un gilet airbag d'abord commercialisé pour le compte d'Ixon en 2018, puis pour Furygan (voir encadré "La concurrence" ci-dessous).
In&Motion et les deux équipementiers français ont ensuite développé une version qui s'intègre directement à l'intérieur des vestes et combinaisons, solution également retenue par d'autres marques comme Held, Klim, Triumph, Tucano Urbano et RST qui se sont à leur tour associées à la start-up savoyarde pour proposer une gamme de vêtements avec airbag intégré.
Avantage de cette intégration dans la veste Adventure-X : pas besoin d'enfiler une couche supplémentaire comme l'exige un gilet airbag. Aucun risque d'oublier de l'enfiler, voire pire de le perdre : veste et airbag ne font qu'un ! Simple et pratique : un point important pour encourager le port - encore confidentiel - d'un airbag.
Revers de la médaille : l'airbag est indissociable de la veste, à l'inverse d'un gilet airbag qui peut se peut se porter sous - parfois sur - n'importe quels équipements. Ce qui signifie que si la veste est hors d'usage après une chute, l'airbag l'accompagne à la poubelle même si lui est encore fonctionnel !
Autres cas de figures contraignants avec ce type d'airbag intégré : une seule tenue est "sous protection", alors que de nombreux motards changent d'équipements selon la saison ou leurs envies. Classiquement, un blouson léger pour l'été et une veste épaisse pour l'hiver. Lequel choisir avec airbag intégré : les deux ?! Bonjour le budget !
Même chose pour les propriétaires de plusieurs deux-roues : un scooter pour les trajets boulot-dodo et une moto pour les virées "plaisir", par exemple, avec à chaque fois une tenue différente. Un gilet airbag sera là encore préférable pour des raisons pratiques, mais aussi économiques.
D'autant que l'achat de la veste Adventure-X n'inclut pas l'abonnement exigé par l'airbag In&Motion, qui s'élève à 120 euros par an ou 12 euros par mois ! A cela s'ajoutent 8 euros mensuels supplémentaires pour activer si besoin les modes "Piste" ou "Adventure", qui utilisent un algorithme spécifique pour les circuits de vitesse ou les "chemins carrossables" en tout-terrain.
Cette politique financière discutable élève sensiblement le coût de l'équipement intégré dans la veste RST à 649 euros : trois ans d'abonnement (soit 360 euros, minimum) suffisent à porter l'investissement au-delà de 1000 euros ! Certes la sécurité n'a pas de prix mais le pouvoir d'achat de beaucoup de motard connaît, lui, des limites...
Cette stratégie implique par ailleurs de créer un compte sur le site officiel de In&Motion pour choisir sa formule d'abonnement, et ce dans les 48 heures après l'achat de la veste Adventure-X : passé ce délai, le boîtier de contrôle "In&Box" de l'airbag se désactive et le dispositif n'est plus opérationnel.
A cette contrainte assez fastidieuse s'ajoute ensuite le téléchargement de l'application gratuite - ouf ! - "My In&Motion", qui permet de vérifier le bon fonctionnement de l'airbag, son niveau de batterie, le mode de détection sélectionné (Route, Piste ou Adventure) et les mises à jour disponibles gratuitement dans le cadre de l'abonnement (captures d'écran ci-dessus).
Le recours à cette application - véritable "Tableau de bord" du dispositif - est indispensable en raison de la configuration de l'airbag, composé de trois pièces essentielles : le boîtier où sont logés la batterie et les capteurs (accéléromètres, gyroscopes, GPS), la bonbonne de gaz sous pression "Inflator" et, bien sûr, les coussins gonflables d'une contenance totale de 12 litres.
Concrètement, l'algorithme dans la In&Box - "cerveau" du système - étudie les données fournies par les capteurs "1000 fois par seconde" et déclenche la libération du gaz contenu dans la cartouche "Inflator" pour déployer les coussins. Le tout "en moins de 60 millisecondes" selon In&Motion, soit un laps de temps suffisamment court pour être pleinement opérationnel avant l'impact (la limite se situerait entre 80 et 100 ms).
Cette excellente réactivité et la protection étendue de l'airbag In&Motion lui valent la note maximale (5 étoiles) au classement d'homologation SRA des assureurs moto. Ses coussins se déploient - sous forme de bourrelets d'environ 10 cm - au-dessus du thorax, de l'abdomen, de la colonne vertébrale et des cervicales, protégeant ainsi la nuque des lésions dévastatrices causées par les mouvements du casque.
Le boîtier électronique prend place dans un support plastique ajouré qui se superspose à une protection dorsale homologuée, où la cartouche de gaz comprimé s'insère dans un évidemment. Cette plaque dorsale constitue une couche de protection "physique" : rassurant, au cas où l'airbag ne se déploierait pas en cas de chute…
Allumer ou éteindre le boîtier demande de faire coulisser un interrupteur "On/Off" - assez dur - sur le côté, puis de presser à deux reprises un bouton - tout doux - en façade. Cette commande est entourée de voyants qui indiquent si l'airbag est fonctionnel (voyant vert supérieur gauche allumé) et l'état de la batterie (100% si voyant vert inférieur gauche est allumé, moins de 30% quand il devient rouge et moins de 5% quand il clignote rouge).
Pour économiser la batterie et pour plus de praticité, le système se place automatiquement en veille prolongée après "plus de cinq minutes" d'immobilité et se réactive au moindre mouvement détecté par les capteurs. Cette "auto-activation" se montre agréablement réactive, mais laisse planer le doute : l'airbag est-il réellement prêt à fonctionner ou non ?!
Il est également possible d'activer et désactiver cette veille prolongée par soi-même, en pressant deux fois le bouton central. Cette action nécessite toutefois d'ouvrir la doublure en bas de la veste, puis de défaire le zip placé au-dessus du boîtier électronique pour accéder à cette commande : pas super pratique.
L'application "My In&Motion" - simple et intuitive - dévoile à cet instant toute son utilité car elle permet de s'assurer de la bonne activation du système - ainsi que l'état de la batterie - de façon beaucoup plus rapide et confortable qu'en vérifiant ces voyants dans le dos ! Seul hic : cela nécessite d'avoir de la batterie sur le téléphone.
Sur cet aspect, la technologie savoyarde manque de maturité : une commande d'activation et des diodes déportées sur l'avant de la veste ou les manches seraient bien plus pratiques et rassurantes. Les airbags Alpinestars et Dainese y font appel - leur activation se fait en fermant le bouton pression du col -, avec même des vibrations en complément des alertes lumineuses sur le dispositif Dainese.
Le rechargement de la batterie nécessite par ailleurs le démontage du boîtier In&Motion, qui reçoit sur son flanc gauche la prise de recharge type USB-C. Ôter le boîtier de son logement demande de déverrouiller une sécurité via un bouton cranté, puis de faire glisser le boîtier sur la droite pour l'extirper.
L'opération n'est ni spécialement compliquée, ni délicate à réaliser mais une simple prise à l'extérieur du boîtier aurait suffi à l'éviter ! Bon à savoir : le câble de recharge est fourni dans l'emballage, mais pas le bloc adaptateur. Un chargeur de téléphone ou de tablette en 5 Volts fait cependant l'affaire.
Le temps de charge est conforme aux indications de In&Motion, soit trois heures vérifiées par MNC. L'autonomie de la batterie atteindrait "25 heures" en usage actif : suffisant pour des allers-retours quotidiens d'une petite heure pendant une semaine. En toute logique, prévoir davantage de marge lors de longues journées de roulage en continu.
In&Motion annonce par ailleurs jusqu'à deux semaines d'autonomie quand le système est en veille prolongée, ce qui correspond également aux constats réalisés par MNC. Reste la question de la tenue de la batterie dans le temps, critère qui se dégrade à force de multiplier les cycles de recharge...
La batterie du dispositif mis à notre disposition est encore en pleines possession de ses moyens après un an, mais MNC ne l'a pas utilisé tous les jours en raison de l'orientation trail de la veste Adventure-X : impossible de la porter pour notre duel Forza 750 Vs Tmax 560 ou l'essai de la RSV4 Factory, par exemple !
Le principal avantage de cet airbag intégré est de se faire oublier grâce à son insertion discrète et bien réalisée dans la doublure interne de l'Adventure-X : les coussins et la toile élastique bleu qui les recouvrent ne forment aucune surépaisseur susceptible d'entraver les mouvements.
En revanche, ces zones sont totalement étanches - c'est mieux pour le gonflage ! - et se montrent par conséquent imperméables à l'air : la ventilation s'en trouve extrêmement réduite. Les nombreuses ouvertures de la veste Adventure-X ne peuvent assurer correctement leur rôle d'admission d'air frais sur l'avant et d'extraction sur l'arrière.
Résultat : la chaleur s'accumule rapidement à l'intérieur de la veste et peine à en ressortir, tout comme la transpiration qui accompagne inévitablement cette montée du "mercure corporel". Le phénomène est forcément plus gênant par fortes chaleurs, mais se fait ressentir bien avant 25°C selon l'ensoleillement.
Une virée un peu "chaude" en tout-terrain fait également pester contre ce déficit de ventilation, qui est par ailleurs accentué par le caractère peu respirant de la dorsale incluse avec l'airbag. Cette protection rigide est aussi peu aérée qu'enveloppante avec sa coque spécifique qui accueille les pièces nécessaires au déclenchement de l'airbag.
Cette dorsale "IMP Moto" n'est pas aussi performante qu'attendue au regard de la technologie et du prix du dispositif : In&Motion s'est contenté d'une homologation de niveau 1, soit la plus faible en matière d'absorption des chocs dans la nomenclature des Équipements de protection individuelle (EPI).
La norme EN 1621-2 révèle que les dorsales de niveau 1 laissent passer une "énergie résiduelle moyenne inférieure ou égale à 18 kN" lors des tests d'impacts nécessaires à l'homologation, alors que les dorsales de niveau 2 réduisent cette force d'impact de moitié ("inférieur ou égale à 9 kN").
Autrement dit : la dorsale In&Motion offre deux fois moins de protection qu'un modèle de niveau 2, pourtant à peine plus épais - et guère plus cher - grâce aux progrès des matériaux à mémoire de forme. Radinerie fâcheuse, surtout que RST a de son côté installé d'excellentes coques aux coudes et aux épaules de niveau 2 sur sa veste Adventure-X !
La solution passe par le fabricant britannique de protections D3O, qui propose depuis peu une dorsale de niveau 2 compatible avec le système savoyard au prix de 60 euros. Le gilet airbag de Furygan est le premier dispositif In&Motion à l'intégrer de série cette année, sans supplément de prix pour ne rien gâcher.
In&Motion part sans doute du principe que la protection offerte par son gilet gonflable suffit amplement, ce qui paraît pertinent sur le papier. Mais que se passe-t-il si le coussin ne se déploie pas pour une raison imputable ou non à la technologie airbag ?
Erreur humaine (oubli de mise en route, batterie non rechargée), panne ou dysfonctionnement de l'algorithme : autant de situations qui placent le motard en dehors de la protection promise par l'airbag. Or dans ce cas de figure, on aurait apprécié pouvoir compter sur une dorsale de niveau 2… surtout à ce niveau de prix !
L'airbag intégré dans la veste Adventure-X occasionne par ailleurs un sur-poids de 0,800 kg, essentiellement porté sur l'arrière. Cette lourdeur supplémentaire est surtout perceptible lors des déambulations piétonnes, des manoeuvres à l'arrêt et en tout-terrain… surtout quand les muscles sont en fuite après avoir relevé cet âne mort de maxi-trail !
Évitez également les objets pointus, surtout dans la poche portefeuille sur la flanc gauche qui chevauche un coussin : ça serait ballot d'abîmer le dispositif chargé de votre protection avec un porte-clé "Mickey" ! A l'inverse, MNC apprécie que le port du sac à dos soit autorisé, à condition néanmoins de laisser du mou aux bretelles et de ne pas excéder 8 kg de chargement.
Autre atout du système In&Motion : sa cartouche de gaz peut être changée après déclenchement pour un prix raisonnable par son propriétaire (la procédure, simple, est clairement expliquée dans le manuel). L'inflator de rechange est à 99 euros, soit deux à trois moins cher que ces rivaux italiens précités qui exigent un retour en atelier pour changer la cartouche et tout contrôler !
RST recommande pour sa part de retourner "le système airbag au fabricant après trois gonflages, car il est possible que le gilet airbag ne fonctionne plus correctement". Conseil avisé dans la mesure où la fiabilité de cette jeune technologie doit encore être éprouvée sur le long terme : mieux vaut un examen superflu qu'un dysfonctionnement au pire moment.
Malgré son indéfectible conscience professionnelle et son indécrottable curiosité, MNC n'est pas parti à la faute de façon volontaire pour éprouver la technologie airbag de cette veste RST/In&Motion. Impossible, donc, de jauger son efficacité réelle en cas de chute : qui a dit "dégonflés" ?!
Sur ce point précis, le Journal Moto du Net ne peut que s'en remettre à la démonstration - très convaincante - que nous avons filmée lors de notre visite chez RST, ainsi qu'aux témoignages positifs de motards victimes d'une chute publiés sur le site In&Motion. A noter que l'expérience du fabricant s'appuie sur "plus de 1000 chutes" à ce jour !
Pour autant, notre essai apporte son lot d'enseignements importants au premier rang duquel la fiabilité sans défaut du système dans des situations "ordinaires". L'airbag ne s'est pas déclenché de façon intempestive même lors de freinages très appuyés, d'accélérations brutales ou encore de wheelings reposés comme un gros sac sans délicatesse !
MNC n'a par ailleurs pas activé le mode "Adventure" et pourtant le système ne s'est pas fait surprendre à la descente d'une marche abrupte en tout-terrain, ni par les réceptions pas toujours académiques de nos - timides - sauts au guidon de maxi-trails d'un quart de tonne. Autant de situations pourtant à l'origine de chocs soudains et secs, mais qui n'ont pas abusé l'unité de contrôle de l'airbag.
Rassurant de savoir que l'algorythme IN&Motion est suffisament bien calibré pour faire la part des choses entre "situations à risques" et "situations de chutes". Surtout quand on sait que certains motards interrogés par MNC redoutent autant les déclenchements intempestifs de l'airbag que son non-déclenchement en cas de chute !
Enfin, l'électronique est restée à l'abri de l'humidité lors de nos journées de roulages sous la pluie et nos divers passages à gué, bien aidée aussi par l'isolation efficace de la veste Adventure-X. Aucun dysfonctionnement ou message d'erreur ne s'est manifesté à cause des conditions météo, y compris par fortes chaleurs et par grands froids.
Dernières informations à prendre en considération à propos de cet airbag RST/In&Motion : la longue liste de ses usages interdits ou non recommandés ! Le manuel d'utilisation précise notamment que cette technologie "pas recommandée pour des personnes souffrant de problèmes de dos ou de cou".
Probable que le gonflement des coussins pourrait réveiller ou amplifier ce type de douleurs. Mais à tout prendre, ne vaut-il mieux pas porter une minerve après une chute plutôt qu'un costume dans son cercueil ?!
Mêmes restrictions pour les "moins de 16 ans" et les personnes "ayant des prothèses mammaires" ou les personnes portant "un stimulateur cardiaque (pacemaker) ou souffrant d'antécédents cardiaques". Bref, déjà pas mal de monde finalement !
In&Motion recommande également de désactiver le dispositif dans tout autre moyen de transport que la moto pour se préserver d'un hypothétique déploiement de l'airbag durant le trajet en voiture vers votre concessionnaire ou, pire, dans l'avion vers vos vacances.
L'airbag In&Motion intégré dans la veste Adventure-X est une avancée incontestable pour la sécurité des motards. Ce dispositif de protection actif séduit par sa réactivité de première ordre - un clignement d'oeil -, la couverture étendue de ses coussins et son autonomie satisfaisante en usage quotidien.
Le confort qu'apporte son intégration directement dans la doublure de la veste RST est également très appréciable, puisqu'il préserve des contraintes liées au port d'un gilet airbag utilisant le même type de technologies. En cela, le dispositif savoyard est une réussite.
MNC regrette cependant la politique tarifaire "à tiroirs" proposée par In&Motion, qui peut constituer une barrière dissuasive au regard du coût supplémentaire non négligeable lié aux offres d'abonnement. L'offre concurrentielle est plus transparente et "plug and play"... Par ailleurs, une dorsale de niveau 2 devrait être de série au regard du prix d'ensemble !
L'impact sur l'aération de la veste est un autre bémol, bien qu'il faille y voir une contrepartie logique de la conception même de l'airbag : impossible d'installer des coussins gonflables autour du tronc du motard tout en lui assurant une circulation d'air optimum ! Ce n'est pas un défaut, simplement une conséquence physique inévitable... pour l'instant, en tout cas.
La concurrence de l'airbag In&Motion |
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CONDITIONS ET PARCOURS | ||
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POINTS FORTS RST ADVENTURE-X | ||
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POINTS FAIBLES RST ADVENTURE-X | ||
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