Essai R1250RT 2021 : on n’arrête pas le progrès... de la routière BMW

Livré de série sur la "pas-totalement-nouvelle" R1250RT 2021, l’éclairage adaptatif Full LED est censé offrir une bien meilleure vision de la route dans les virages, grâce à un module similaire à celui monté sur la K1600 "mais plus mobile", nous assure l’équipe BMW France.

Le phare central pivote et compense les prises d’angle de la moto jusqu’à 35 degrés, afin de continuer à éclairer largement la route et éviter au motard de se faire piéger par un vilain virage qui se referme sans prévenir... Lors de ce lancement presse malheureusement - c’est le cas pour la grande majorité des lancements -, MNC n’a pas eu le loisir d’essayer la moto de nuit.

Si malgré ce nouvel éclairage de pointe, le motard termine tout de même dans un fossé, qu’il se rassure : le système appel d’urgence "intelligent" équipe désormais lui aussi toutes les RT et se charge seul en cas de chute et sans réaction de la part de son pilote - il a dix secondes pour annuler la procédure -, de contacter les secours.

Installé de série également, l’antipatinage DTC de la R1250RT n’a clairement pas été débordé lors de ce test. D’une part "à cause" des excellentes conditions de roulage, et de l’autre grâce à l’excellent grip des Michelin Road 5 que chaussait notre machine (des Metzeler Roadtec sont aussi montés d’origine).

Moto-Net.Com a en revanche pu tester pleinement et approuver totalement l’ABS Full Integral Pro, monté de série lui aussi et qui remplace l’ABS partiellement combiné de 2019 (de l'avant vers l'arrière uniquement). Désormais, chaque commande actionne l’ensemble des freins. Démonstration...

Grâce à ce nouveau système, nul besoin de recourir au frein avant pour ralentir fortement la machine : en appuyant sur la pédale de droite - pas celle de gauche, hein ! -, le pilote active non seulement l’étrier 2-pistons de son simple disque arrière de 276 mm, mais aussi la paire d’étriers 4-pistons des deux disques avant de 320 mm. Et ça marche beaucoup mieux.

Attention toutefois : le couplage arrière-avant ne signifie pas qu’il suffit d’écraser le frein arrière pour stopper net la grosse routière. En tentant cette manoeuvre, MNC s’est aperçu que l’ABS devait relâcher la pression sur l’arrière - pour éviter le blocage - et contrebalancer à l’avant, entraînant un tressautement dans le levier qui peut déstabiliser le pilote, mais ne perturbe jamais la moto ni sa trajectoire.

Pour les freinage d’urgence ou de trappeur, il faut donc continuer à utiliser le levier droit - pas le gauche, non plus - afin de générer un freinage vraiment puissant... et rassurant, dans la mesure où la moto reste toujours bien dans l’axe et ne perd jamais l’avant. Ou du moins ne l’a-t-elle jamais perdu avec nous sur les belles routes de l’Hérault !

Comme précédemment, la "Béhème" intègre une centrale inertielle permettant aux assistances de moduler leurs réactions en fonction notamment de l’angle pris par la moto dans les courbes. Là encore, la sensation de perdre furtivement le contrôle - de la pression exercée dans le circuit hydraulique de frein - est bien moins désagréable que celle d’encastrer sa monture dans un rail ou de s’envoler du haut d’un ravin, "nein" ?

Incroyable mais vrai, le régulateur de vitesse ne faisait auparavant pas partie de la dotation d’origine sur la grosse routière allemande ! En 2021, les clients n’auront pas besoin de recourir à un pack pour bénéficier de cet équipement de moins en moins gadget à mesure que la pandémie de radars (variants mobiles, embarqués, tronçons, etc.) se répand en France...

Pas gadget non plus, le nouveau klaxon biton de la R1250RT 2021 se révèle extrêmement efficace. Plus visible avec ses nouveaux phares, la "Béhème" est également parfaitement audible, dorénavant plus que certaines automobiles ou camionnettes. Un bon moyen de se faire repérer... et respecter ?

A contrario, le nouveau mode moteur "Eco" ne nous a franchement pas convaincu : sa cartographie paramétrée "entre le Rain et le Road", selon BMW France bride effectivement le moteur mais n’est pas beaucoup moins réactive lorsqu’on essore la poignée que le mode "Dynamic" optionnel et conservé la majeure partie du temps par MNC.

L’intérêt de la jauge verte - en haut à droite de l’écran - est tout aussi nul puisqu’elle indique simplement que plus on pivote la poignée, moins on est "green". Enchaîner les six rapports sous 3000 tr/min pour se caler à sa vitesse de croisière consommerait moins que rester gaz en grand et en 1ère ? Merci messieurs les ingénieurs BMW, mais on s’en doutait.

La R1250RT passe du petit au grand écran

En 2019, le Journal moto du net s’étonnait que "curieusement, la R1250RT ne reçoit pas la magnifique dalle inaugurée de série sur la R1250GS", la routière conservant alors le tableau de bord de 2014, avec ses deux cadrans à aiguilles et son petit écran couleurs de 5.7 pouces.

Attention en 2021, BMW en met plein les yeux ! La nouvelle dalle TFT couleurs de 10.25 pouces installée dans le cockpit de la nouvelle RT est "la même que celle des Série 1 ou Z4", précisent les responsables communication de BMW Motorrad et auto. "Wunderbar !"

La reine du "Moto GT" profite en exclusivité du plus grand écran de la production BMW Motorrad. Pour l’instant, car les K1600 ne vont pas tarder à en profiter, tout comme le futur scooter électrique présenté cet automne sous forme de concept très avancé, remplaçant du C-Evolution.

Gros avantage de cette nouvelle instrumentation : elle incorpore la navigation (en option), que l’on peut afficher sur le tiers droit de l’écran ou sur la totalité. Accessoirement, elle dégage un peu la vue du conducteur sur l’avant pour les manœuvres dans les parkings par exemple, par rapport à l’ancien modèle dont la haute casquette pouvait accueillir le module GPS.

Petit défaut de cet écran géant : des reflets en début et fin de journée - donc en partant et en rentrant du boulot, potentiellement -, peuvent empêcher la lecture des nombreuses infos mises à disposition. Dommage qu’on ne puisse pas pivoter la dalle de quelques degrés pour contourner le problème...

La gestion des menus est simplifiée par l’affichage vaste et "Full HD" de l’écran, parfaitement secondé par des commandes inchangées. Le "Multi-controller" est toujours aussi malin, permettant de garder constamment le gant sur le volume sonore en le faisant rouler, et de valider ou sortir des sous-menus et fonctions en le pivotant à gauche ou droite.

Les quatre boutons raccourcis sur le flanc gauche sont également reconduits mais sont désormais désignés par des numéros. Étrange car ils ne sont pas multifonctions, pour l’instant ?! - et qu’aucun rappel de leur rôle n’est effectué sur le grand écran. La première - et seule pour MNC - journée de roulage, on s’emmêle parfois les pinceaux.

À l’attention des futurs testeurs et propriétaires de la R1250RT 2021 donc, Moto-Net.Com informe que le bouton 1 sert à couper ou activer le son, le 2 donne accès à la navigation GPS, le 3 à la radio ou aux autres sources audio et le 4 aux réglages des poignées et selle chauffantes (optionnelles).

Citée par MNC au même rang que l’instrumentation un peu désuète dans les points faibles de la R1250RT 2019, la connexion et la prise en charge du smartphone est désormais excellente sur la 2021. C’est d’ailleurs grâce à cela que la RT pour vous mener à bon port...

Comment, l’écran de la RT n’a pas de fonction tactile ? Pas même à l’arrêt. C’est pourtant bien commode pour entrer l’adresse de sa destination, ou tout un parcours avec étapes... Non, BMW préfère mettre à disposition une application BMW Connected (repensée, fréquemment mise à jour donc mieux qu’en 2020 et moins bien qu’en 2022).

Grâce à cette appli, le motard n’est pas obligé d’être sur sa moto pour gérer ses trajets : il peut prévoir ses vacances longtemps à l’avance de chez lui ou chez des amis, ses déplacements professionnels la veille dans son lit. L’application permet aussi de revivre ses parcours. On profite une seconde fois de ses balades à moto...

Restez connectés grâce à BMW, uniquement

MNC perçoit deux limites au système BMW. La première est le fait que l’écran de la RT ne copie que ce que l’appli "maison" lui transmet : impossible donc de faire tourner d’autres assistants comme Waze ou Coyote par exemple. Si BMW indique en continu la limitation de vitesse de la route emprunté, elle fait l’impasse sur les "zones de contrôle".

Autre limite : la relative dépendance du motard envers son smartphone... Interdiction en effet de le perdre ou de le casser durant un périple sur des terres isolées et/ou inconnues, sans quoi le retour à la maison pourrait s’avérer délicat. Par précaution, on rangera une bonne vieille carte routière dans une valise.

Le risque de panne de batterie - du téléphone - est normalement inexistant grâce à la prise 12V de série ou, beaucoup mieux mais en option, grâce à la recharge par induction et par USB du plat mais profond vide-poche droit. Crochet de maintien, sangle de retrait et ventilation pour éviter la surchauffe : le smartphone n’a jamais été aussi bien accueilli sur une moto !

Pour info, ce kit de recharge pour téléphone est compris dans le pack Audio comprenant le système Audio 2.0 et exigeant une rallonge de 550 euros. Détaillés dans la fiche technique et commerciale (en troisième et dernière page), trois autres packs complètent l’offre RT : Dynamic à 640 €, Confort à 960 € et Travel à 1500 €. Comptez 3300 pour la totale, ou "finition Pro".

C’est dans le dernier pack que se trouve justement l’une des grandes nouveautés 2021 de la R1250RT : l’Active Cruise Control (ACC) est une première chez BMW annoncée dès l’été dernier. Sauf qu’entre temps, Ducati et KTM ont commercialisé leurs Multistrada V4 et 1290 Super Adventure (des maxitrails et non des routières !) avec le régulateur de vitesse adaptatif conçu par Bosch.

Armé de son inédit capteur radar - à l’avant uniquement, pas de radar arrière pour surveiller les angles morts -, la R1250RT maintient non seulement une vitesse souhaitée (entre 30 et 160 km/h) mais aussi ses distances avec le véhicule qui la précède (trois distances au choix).

D’une portée maxi de 120 m, le système réglé au plus court accepte de remonter sur un camion, une auto ou une - grosse - moto jusqu’à une quarantaine de mètres (une bande blanche sur le bord d'autoroute) puis se cale sur sa vitesse, à condition bien sûr qu’elle n’excède pas celle préalablement sélectionnée par le motard.

Lorsque l’horizon se dégage à nouveau, la R1250RT reprend son rythme plus ou moins vivement selon le mode ACC choisi (Dynamic ou Confort). Dans le cas où l’horizon s’obscurcit - queue de poisson , par exemple -, la RT relâche immédiatement les gaz et peut freiner doucement pour éviter la collision. "Achtung" toutefois, les freinages sont limités et ne vont pas jusqu’à immobiliser la moto !

Parfaitement au point, ce régulateur adaptatif n’a pas fini d’alimenter les discussions entre les bons et les mauvais chasseurs motards : ce type d’aide au pilotage augmente-t-il la sécurité à bord des routières ou risque-t-il au contraire de réduire dangereusement la vigilance du conducteur ?

BMW souligne pour sa part que le pilote garde toujours, toujours la main sur sa moto. Ouf ! Il peut d’ailleurs désactiver l’ACC afin de retrouver le régulateur basique, pardon, le Dynamic Cruise Control (DCC) qui peut se régler entre 15 km/h pour descendre les Champs-Elysées le 14 juillet, et 220 km/h... pour foncer sur "autobahn" !

Autre option qui fera sans doute moins débat, l’assistant de démarrage en cote évolue (Hill Start Control "Pro" désormais) et prend maintenant en compte la pression placée dans le levier ou la pédale pour que les étriers mordent plus ou moins fort leurs disques... et ainsi faciliter ou sécuriser le redémarrage. On n’arrête pas le progrès. Et BMW n’arrête pas d’améliorer la RT !

Parallèlement à ses prestations, le tarif de la R1250RT ne cesse lui aussi de s’élever : proposée à partir de 19 700 euros lors de son renouvellement en 2019, la BMW s’affiche maintenant à partir de 22 450 euros... dans son simple coloris Blanc uniquement.

Comme précédemment, il faut "casquer" un peu plus pour sélectionner un autre coloris auréolé de quelques ajouts cosmétiques : prévoyez 435 euros pour le style Elegance et son Brun "Manhattan", 610 pour le style Sport et son Bleu "Racing", et même 1870 euros pour l’option 719 et son Blanc "Mineral". Et sans peinture du tout, la R1250RT est beaucoup moins chère ?!