Petit bonhomme jovial et bronzé, presque nonchalant - mais néanmoins 179ème fortune de France - Didier Cazeaux incarne aujourd'hui le renouveau de la moto française après avoir permis celui des yachts Guy Couach. Il croit à Voxan et il explique pourquoi.
Petit bonhomme jovial et bronzé, presque nonchalant - mais néanmoins 179ème fortune de France - Didier Cazeaux incarne aujourd'hui le renouveau de la moto française après avoir permis celui des yachts Guy Couach. Il croit à Voxan et il explique pourquoi. Interview Moto-Net.
Pourquoi avoir décidé de reprendre Voxan ?
Jusqu'à il y a cinq ans, je n'oeuvrais que dans le service et j'ai décidé de m'intéresser à l'industrie, pour voir, parce que c'est un milieu que je ne connaissais pas et que je voulais connaître. Le hasard a fait que c'est tombé sur Couach (lire Moto-Net du 18 juin 2002), alors que je m'orientais au départ vers la fabrication de portes et fenêtres ! Les bateaux Guy Couach étaient extrêmement plaisants, d'autant que j'en étais aussi client donc ça facilite les choses quand on connaît le produit. Voxan est arrivé de la même façon, à l'occasion de divers contacts. La moto m'a toujours intéressé, j'ai toujours eu des motos, et Voxan était la seule entreprise française à fabriquer des motos comme Guy Couach était la seule à fabriquer des bateaux. J'y ai peut-être vu un pied de nez, et aussi un plaisir d'essayer de ne pas laisser mourir Voxan.
Quels sont vos atouts et ceux de Voxan ?
Je ne doute pas que dans deux ans, tout le monde dira que j'ai encore eu beaucoup de chances en prenant une place facile, mais il y a un an, il n'y avait pas la guerre au tribunal de commerce de Clermont pour reprendre cette affaire, ce qui m'a d'ailleurs simplifié la vie ! Grâce à l'expérience que je commençais à avoir, j'avais de bonnes chances de sauver Voxan et il aurait été dommage de ne pas essayer de corriger cette véritable malédiction incompréhensible qui frappe la moto française. Et puis, une moto c'est avant tout un moteur et Voxan fait partie des très rares fabricants à avoir attaqué le sujet par son moteur alors que beaucoup commencent par de l'assemblage, ce qui est à mon avis systématiquement voué à l'échec. Etant passionné de mécanique, ce moteur a été un élément fort dans mon choix. Je n'aurais pas repris Voxan sans qu'ils aient un moteur spécifique et sans avoir l'appui large du personnel qui reste dans l'usine.
Quel sont vos objectifs ?
Voxan fait des 1000 cm3 qui se conduisent comme des 125, qui ne posent de problème à personne, qui sont capables de performances très élevées sans brutalité, donc la marque est très bien positionnée. Nous allons produire 800 machines cette année, peut-être un peu plus, mais notre objectif le plus ambitieux est d'arriver à suivre la demande des concessionnaires. Il serait illusoire de ma part de vous dire qu'on va faire 2500 motos l'année prochaine et 10 000 l'année d'après. Ce qui est sûr, c'est qu'il nous faudra trois ans pour avoir une montée en puissance correcte et cohérente. 2003 sera donc l'année de la relance de la production, 2004 celle du développement et en 2005, nous pourrons évaluer notre maîtrise de la production et les demandes de la clientèle. Car Voxan est une star, mais les stars ne vivent que de leur public !
Quelle diversification de la gamme envisagez-vous ?
Vous savez, il ne faut pas mélanger les choses dans la vie. C'est un travail qui vient d'être entrepris et des premières réunions très sérieuses auront lieu avant la fin du mois. Nous resterons pendant longtemps attachés au bicylindre en V 1000 cm3, qui est notre moteur. Je pense que les notions de cylindrées vont s'estomper petit à petit pour laisser la place à des notions de convivialité, de facilité d'utilisation, etc. Nous allons aller plus loin avec ce moteur bien né, qui a des capacités certaines - on pense à 125 cv sans problème - et nous pourrons développer des variantes autour du même concept châssis-moteur. Notre gamme restera orientée sur 3 modèles de base dans l'esprit actuel, mais avec toutes les variantes possibles : autour du Café Racer peut-être un Café Racer Plus, autour du Scrambler peut-être un Scrambler Tourisme, et à partir du Roadster tout est possible. Sans oublier le VB1, qui sera dorénavant produit entièrement en interne par Voxan. Nous pouvons faire à peu près ce qu'on veut à partir de notre positionnement, d'une machine hypersportive à une moto de balade, avec quasiment les mêmes pièces spécifiques. Le marché des hypersports va baisser en puissance, comme le marché automobile qui évolue aujourd'hui davantage vers le 4x4 de loisir ou le monospace que vers la Lotus ou la Ferrari... ce que je déplore quelque part, mais que j'agrée d'autre part ! Quoi qu'il en soit, nous serons au Salon de la moto à Paris et vous y découvrirez une nouveauté. Et peut-être même deux...
Sur quelle moto roulez vous ?
J'ai sérieusement raccourci mon MV F4 dans un accident de la circulation à Arcachon ! Je n'avais jamais eu d'accident en 16 ans de permis et j'ai eu beaucoup de chance... J'avoue que pour la beauté de l'objet, j'en aurai bien racheté un si la marque n'avait pas vraiment connu des problèmes graves. Et quand en Italie une marque connaît des problèmes, ce n'est peut-être pas comme chez nous et il s'agit certainement de problèmes très graves ! Aujourd'hui j'ai un Scrambler depuis le 1er jour, orange comme celui qui vient de sortir ce matin, parce qu'est celui-là qui me plaît. C'est une machine d'une polyvalence merveilleuse, capable de faire du tout chemin, de la route et de la ville dans des conditions exceptionnelles. Elle tient bien la route, elle freine bien et elle a largement assez de puissance pour qu'on s'amuse avec. C'est un engin rare !
Quel est votre seuil de rentabilité ?
Voxan sera rentable dès le 1er exercice ! C'est une règle que j'ai dans mes entreprises. Si Voxan n'était pas rentable dès le premier exercice, elle serait condamnée à mort d'une façon ou d'une autre à terme, et ça n'arrivera pas. J'ai repris l'entreprise Couach en 1996 et elle a été rentable dès la première année alors que le challenge était beaucoup plus difficile qu'ici. Vraiment plus difficile ! L'industrialisation a été le seul problème de Voxan. Les machines se sont révélées très fiables après 1 an et demi sans entretien très poussé, malgré des kilométrages parfois élevés. Nous avons investi 2,5 millions d'euros pour reprendre la production entre juin 2002 et avril 2003. Tous nos plannings de marche ont été jusqu'à présent respectés au mois près. Les outils prévus nous permettent de faire 5000 machines par an. Donc, normalement, on va durer dans ce métier ! Nous avons aujourd'hui un potentiel de clientèle extrêmement large et je remercie tous les clients qui nous ont soutenus, qui ont gardé leur machine et ont montré un attachement jamais démenti à la société. Le Voxan Club de France a également été très actif pendant cette période difficile.
Que pensez-vous de cette ébauche affichée dans l'entrée de l'usine ?
Il s'agit d'une étude que l'on ne fera certainement pas, car elle est très typée chopper et le marché n'est pas très tourné vers les choppers. Mais elle montre bien, comme nous vous le disions, qu'on a des projets plein les tiroirs...
Et si vous aviez une baguette magique ?
Je ne suis pas très joueur et je ne crois pas trop à ces choses là... Je serai bien embêté d'avoir à choisir, à moins d'avoir la possibilité de formuler 67 voeux différents ! Par contre, si vous me proposez la fée qui tient la baguette magique, je ne dis pas non !
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