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ROAD TRIP
Paris, le 13 octobre 2014

Voyage moto : la traversée du Vietnam en Honda Win

Voyage moto : la traversée du Vietnam en Honda Win

Enora, motarde et prof de yoga à Paris, avait envie d'un break. Décidant de vivre ses rêves plutôt que rêver sa vie, elle vend son appartement pour se lancer dans un voyage ''sans limites'' et nous raconte sa traversée du Vietnam sur une Honda Win 110 cc.

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Episode 6 : voyage en solitaire

Toute la suite du voyage, je la cadre sur ces quelques points : pas plus de 200 km par jour, pas de conduite de nuit, m'arrêter à tout moment (pour prendre une photo, respirer, boire un café, regarder la vie autour de moi...) et trouver une chambre face à la mer (en hauteur si possible pour admirer le lever du soleil).

Shavasana sur la plage

J'ai un petit rituel qui se met en place quand j'arrive dans une ville : aller directement vers la plage, juste pour regarder au loin la mer, puis m'allonger de tout mon long sur le sable et perfectionner ma posture du cadavre (shavasana, bien connue en yoga pour récupérer en fin de cours ou simplement totalement relâcher son corps, détendre l'esprit...).

A l'occasion de mes pauses plages, il y a aussi le rituel des jeunes étudiants vietnamiens (filles, garçons) qui viennent vers moi pour me demander de parler anglais ensemble. C'est amusant, moi qui me sous-estime constamment vis-à-vis de mes connaissances linguistiques, je me retrouve à "enseigner" ! J'aurais même l'occasion d'intervenir pendant un cours d'anglais ! Expérience extraordinaire et qui me redonne confiance !

Et puis, il y a ces rires, ces regards amusés quand je m'arrête dans un café en bord de route. Certains même osent me toucher la peau et me recommandent de me couvrir plus pour ne pas bruler mes bras, me touchent les cheveux (oui, bien blonds !).

Je lis dans leur regard (parce qu'ils ne parlent pas un mot d'anglais et que je n'arrive pas bien à apprendre le vietnamien !) de l'étonnement. A plusieurs reprises, en effet, j'ai l'occasion de réaliser que c'est un voyage assez audacieux - voire fou - et symbole d'indépendance, en totale opposition avec ce que les locaux vivent ici.

En les questionnant, j'apprends que pour la plupart ils n'ont jamais voyagé à plus de 100 km à la ronde et ne connaissent en fait que très peu le Vietnam. Quant à conduire seule, de plus une fille, sur une moto ! C'est juste impensable ! Ici, c'est un scooter pour quatre ou bien le bus pour rejoindre la ville la plus proche.

Je découvre aussi beaucoup de soutien, d'encouragements et chaque fois que je quitte une ville, je sens ma sensibilité à fleur de peau.

Côté pratique, j'ai la chance de ne rencontrer aucun sérieux problème sur la route. J'ai bien eu mes pneus crevés mais chaque fois j'étais arrivée en ville quand le pneu se dégonflait complètement. Un tour au garage, quelques euros et le tour est joué, on the road again !

Je me suis aussi "paumée" une fois et me suis retrouvée au milieu de la campagne dans des petits chemins de terre... Expérience amusante ! Mais au final, on n'est jamais vraiment perdu dans ce pays, il y a toujours des locaux dans le coin pour vous indiquer la route principale.

Finalement, pour toute la seconde partie de mon voyage, je pense que les photos parleront bien plus que mes mots. Et puis j'encourage chacun à construire son propre voyage en fonction de ce qu'il cherche et veut découvrir, voir, ressentir...

Pour ma part, j'avais un grand besoin de solitude, de prendre un bain de nature, de me laisser enivrer par la conduite, les longues routes plates sur lesquelles je peux bombarder ou les routes de montages où je me laisse balancer, quelques fois sans les mains pour pimenter le tout !

Revendre la moto... ou pas ?

Le voyage se termine à Hô-Chi-Minh, il est temps de revendre la moto... Quoique...

Je me pose dans le quartier vivant de la ville, réputé des voyageurs, bondé d'agences de voyage et de scooters, motos à vendre ou à louer. La revente ne s'annonce pas facile, d'une part parce que nous sommes en basse saison (plus de motos que de voyageurs en recherche) et d'autre part, je réalise vite que ma moto est en bien moins bon état que les autres (en apparence, car ce n'est que la peinture qui s'est un peu barrée avec le temps).

Il va donc falloir faire appel à mes qualités de vendeuse de rue, alpaguer le voyageur et puis surtout baisser mon prix (de 250$, prix d'achat, je descendrais à 200$).

Je vais d'abord rencontrer deux jeunes australiennes. Elles sont à deux doigts d'acheter deux merdiques scooters. D'abord par soutien entre routards, je les oriente gentiment vers la Honda Win (le scooter c'est pour la ville, point final !). Je leur vends les mérites de cette charmante bécane, sa facilité de conduite, sa résistance, son réservoir de 7 litres permettant de rouler pendant près de 300 km, le porte-bagages à l'arrière etc., etc. et leur propose d'essayer la mienne !

Je les laisse réfléchir, elles sont un peu stressées, pressées par le proprio de leur guesthouse qui veut leur vendre ses scooters. Je décide donc de faire ma vie et de découvrir la ville, d'aller au musée de la guerre notamment, et je me prendrai la tête plus tard sur la vente de ma moto.

J'ai le temps...

Le soir, en rentrant à ma guesthouse, je les vois et comprends qu'elles ont finalement bien penché pour l'achat d'une moto... et qu'elles ont acheté celle d'un de mes voisins de chambre ! La vente m'est passée sous le nez !

D'abord je me maudis de ne pas avoir été présente et puis après je relativise, tant mieux pour lui, il décolle demain matin et moi, j'ai le temps !

L'idée me viendra de continuer à rouler, pour aller découvrir le bout du bout du Vietnam et même rejoindre le Cambodge avec ma moto ! Ca semble "risqué", les avis diffèrent sur les blogs, il se peut que je rencontre des problèmes à la frontière, et inversement certains ont passé la moto sans encombres...

Après une bonne nuit de sommeil, je décide que je vais faire ça : tenter l'aventure vers le Cambodge ! Je suis heureuse, ambitieuse quand j'ouvre mes mails et reçois un message d'un ami d'un ami : "j'arrive ce jour à Ho Chi Minh, j'ai appris que vous vendiez votre moto, je suis hyper intéressé et souhaite partir dès le lendemain". Bon... je me torture un peu la cervelle et finis par lui vendre la moto. Ce sera 200$ pour aller découvrir le Cambodge... tranquillement installée dans un bus !

Vivre ses rêves !

Pour conclure cette aventure vietnamienne, je ne pourrais qu'encourager ceux qui désirent vivre un roadtrip dans ce pays de le faire. Je confirme : c'est safe, il y a des garages partout et les prix sont vraiment très bas.

Et puis, comme partout dans le monde, vous rencontrerez des gens, plus ou moins accueillants, vous vivrez des moments plus ou moins difficiles, le temps sera de la partie ou non... Bref, vivre ses rêves est pour moi l'un des plus beaux projets qui puisse exister dans la vie et qui ouvre des portes inimaginables.

J'ai pris ce risque, je suis restée consciente et sécuritaire et je suis heureuse d'avoir découvert tant de vie, d'émotions, de plaisir et d'envie au fond de moi... Qu'importe la destination : la route est longue, la route est belle, elle est symbole de liberté.

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