Enora, motarde et prof de yoga à Paris, avait envie d'un break. Décidant de vivre ses rêves plutôt que rêver sa vie, elle vend son appartement pour se lancer dans un voyage ''sans limites'' et nous raconte sa traversée du Vietnam sur une Honda Win 110 cc.
Je décide de rejoindre Hô-Chi-Minh (Saïgon), capitale du Vietnam, pour y revendre "facilement" la moto à un autre voyageur. J'aime l'idée de parcourir ce pays du nord au sud. Et vu sa forme, c'est aussi le plus évident !
J'ai quelques vagues idées de ce que je souhaite voir, comme la baie d'Halong, Hoi an et Hué (deux charmantes villes côtières). Pour le reste, je n'en ai aucune réelle idée... Si ce n'est le désir de rouler proche de la mer, à la découverte de petits coins paradisiaques (mer, plage, soleil, cocotiers...) parce qu'il m'en faut peu pour être heureuse !
Sur la première partie, honnêtement, je me suis installée en suiveuse. Les garçons géraient les points de chute, la route (guidés par le Lonely Planet et Google Map) et nous, les filles, nous laissions gentiment guider, concentrées sur la route, le trafic et mortes de rire d'être les nouvelles motardes du Vietnam !
Scooter ou Honda Win...
Concernant le choix de la moto, disons qu'il n'y en a pas 10 000 ! Scooter ou moto Honda Win sont les plus utilisés par les jeunes voyageurs. Alors déjà le scooter : même pas en rêve ! L'achat d'une Honda Win représente un budget abordable (200 à 400$ pour les plus neuves), elle est suffisamment puissante et résistante pour faire cette longue traversée, et facile de prise en main pour des débutants.
Quelques anecdotes ont bien marqué cette aventure et ça commence dès le premier jour !
La première destination est l'ile de Cat ba où nous attend un ami du couple de français. Il nous a préparé une croisière dans la baie d'Halong sur un petit bateau juste pour nous, la guesthouse à l'arrivée et... le barbecue de fruits de mer !
Nous partons donc d'Hanoi de bonne heure, avec un autre voyageur rencontré la veille et qui était dans le même bus de nuit que nous : direction Hai phong et son port.
Premiers coups de soleil, premières frayeurs avec les camions et les traversées impromptues des vélos et autres scooters au beau milieu de la route alors que nous roulons comme des furieux. J'apprends alors que les deux-roues se placent préférentiellement sur la voie d'urgence, tout à gauche, et qu'il nous faut doubler par la gauche : c'est plus sécuritaire !
Aux embranchements, nous utilisons les klaxons pour stopper ceux qui souhaitent entrer ou traverser de droite et de gauche. Le klaxon est ici préventif, sécuritaire, et fait effet de clignotant... Bref, multi usages !
Et nous voilà arrivés au fameux port ! Nous sommes dimanche et découvrons que les prix sont donc plus élevés que prévu (parce que c'est le week-end) et que les bateaux ne prennent pas de motos ! Nous parvenons à les convaincre de le faire, attendons près de deux heures le départ et montons enfin sur le bateau.
On se pose tranquillement, heureux d'avoir trouvé la solution, quand nous voyons nos motos redescendre du bateau les unes après les autres alors même que le bateau se met en route !! Nous avons juste le temps de réagir, prendre nos sacs, sauter sur le quai quand le bateau part. Nous parviendrons à comprendre que les policiers sont arrivés et ont finalement décidé d'interdire l'embarquement de motos !
Nous trouverons finalement LA solution : un port à 20 km, utilisé par les locaux, moins cher, qui acceptent les motos... Sur la route, à nouveau une belle frayeur sur le premier tronçon non goudronné, plein de trous et où je suis à deux doigts de me retrouver écrasée entre deux camions qui tentent de se doubler ! Puis c'est une route désertique au milieu d'une zone industrielle, l'occasion de prendre un peu de vitesse et de se faire plaisir...
Et puis, il y aura la magnifique traversée de l'ile de Cat ba. Route côtière en serpents sous un soleil couchant. De très belles images pour clôturer cette première virée... mais malheureusement pas de photos à l'appui car j'étais trop plongée sur mon plaisir visuel, pas le courage de sortir l'appareil !
Néanmoins, je décide de mettre un peu de piment dans cette journée (pas encore assez riche en émotions !)... et me casse la figure ! Les cheveux au vent (oui, on s'est autorisé un petit écart en décidant de laisser les casques sur les bagages !), je descends une jolie colline verdoyante et me retrouve nez à nez avec un bus qui monte, dans un virage serré, placé royalement au milieu de la route...
Première gamelle...
Je ne trouve pas d'autre issue que d'aller rouler sur le bas côté mais je perds le contrôle de la moto et décide de m'en dégager avant de tomber et qu'elle me tombe dessus (elle part à droite, je m'éjecte à gauche).
Ce sera une jolie gamelle qui me vaudra les coudes et une partie du dos rapés... Côté moto, quelques égratignures aussi : protection du phare et du clignotant avant cassés et du jeu entre la pédale de frein et le sélecteur... Malgré ça, je remonte en selle, la moto redémarre et on file vers la ville. Donc je le dis : les Honda Win sont plutôt résistantes !
A ce moment-là, je suis aussi très heureuse d'être bien entourée de mes compagnons de route qui m'ont aidé à me relever et m'ont entourée pour finir la route. Au final, plus de peur que de mal ! Et enfin, le barbecue de fruits de mer, de bonnes bières bien fraiches : la récompense de cette journée intense est délicieuse !
Pour être tout à fait honnête, à la fin de cette journée je me questionne vraiment sur la suite de ce voyage. Du matin jusqu'au soir j'ai été totalement immergée, submergée par ce nouvel environnement. La prise en main de la moto et le trafic d'abord. Puis l'incompréhension totale au premier port. Des heures d'attente et de l'énervement, était-ce dû à la difficulté de se faire comprendre ? Ou cherchaient-ils à nous embobiner pour gagner des sous ? Et finalement, la gamelle...
En fin de journée, je sens que je me suis en fait bien attaquée le dos et ça n'est d'ailleurs pas joli à voir d'après les potes...
Bref, j'ai la chance d'être bien entourée, j'ai le luxe de pouvoir stopper à tout moment, de changer mes plans, en fait, je me rappelle que je suis libre ! Cette journée est une étape, j'ai des "leçons" à en tirer et notamment garder confiance, maintenir mon cap sereinement. Les difficultés font partie du jeu et vont m'aider à affronter la suite, calmement, en prenant du recul sur les situations.
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