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SUR LA ROUTE DES MONDES - ÉTAPES 3 ET 4
A bord du Professor Gül (mer Caspienne), le 27 août 2018

Voyage moto en Mongolie - Etapes 3 et 4 : De Istanbul (Turquie) à la mer Caspienne via Tbilissi (Géorgie)

Voyage moto en Mongolie - Etapes 3 et 4 : De Istanbul (Turquie) à la mer Caspienne via Tbilissi (Géorgie)

Troisième et quatrièmes épisodes du voyage moto d'Enzo en Mongolie à vivre sur le Journal moto du Net. Aujourd'hui, à bord du bateau Professor Gül sur la mer Caspienne,  retour sur Istanbul, Tbilissi, Baku et la route de l'enfer...

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D'Istanbul à Tbilissi : l'accueil, un art de vivre

Istanbul, ville impressionnante... La ville aux mille mosquées ! Les appels à la prière rythment la journée de cette cité qui bourdonne en permanence. De la vie partout, partout, partout ! Le plus surprenant, en arrivant, a été la multitude de mosquées. Il y en a dans chaque quartier, de la plus modeste à la plus grandiose. Toutes appellent les fidèles à venir prier. Les rues se mettent donc à résonner : c’est magistral !

Un jour, en me baladant et en m’écartant des sentiers battus, je suis tombé, sans le vouloir, dans un petit café avec vue sur la ville entière. Caché au fond d’un couloir sombre, cet endroit est devenu mon petit coin secret qui, à l’heure de la prière, devenait l'observatoire parfait d'une scène folle : toutes les mosquées se mettent à chanter en même temps. La ville semble larmoyer et ça ne laisse personne vraiment indifférent. Tout bonnement incroyable !

Avant de partir, je décide d’aller changer mes pneus pour anticiper les mauvaises routes que je pourrais traverser dans le futur. Pourquoi maintenant ? Car j’ai eu vent d’un garage qui faisait formidablement bien son travail et qui s’occupait de grosses cylindrées comme la mienne. Je suis content, car je sais que le résultat sera nickel. C’est au moment de passer à la caisse que j’ai compris pourquoi le travail se devait d’être nickel... Presque 300 euros pour deux pneus neufs et une vidange, c’était un peu cher mais je me suis fait une raison : le travail est nickel et le garagiste ultra compétent. J’ai désormais des pneus très polyvalents, 60% route et 40% offroad.

Après avoir visité Istanbul, je me mets en route pour de nouveaux horizons : direction la côte turque de la mer Noire. Je vais longer cette mer qui, de ce que j’ai entendu, n’est pas si empruntée que ça. Mais avant de pouvoir m’extasier devant les beautés côtières, je dois sortir de la ville en un seul morceau...

D'Istanbul à Tbilissi, l'accueil, un art de vivre

Pour cela, je dois prendre un ferry qui rejoint Istanbul Europe à Istanbul Asie. J’aurais dû emprunter un pont pour pouvoir faire la traversée, mais le Pierre Richard qui sommeille en moi a encore décidé de me jouer des tours et j’ai donc perdu la carte qui me permettait de passer ce pont sans problème. Je me décide donc à prendre le ferry, qui se révélera des plus amusants car c’était une première pour moi.

Après cette micro-aventure, je dois prendre une portion d’autoroute pour me diriger vers Asmara, ma première destination sur le bord de la mer Noire. La route se passe sans encombre : rien de folichon ou d’extraordinaire, si ce n’est le fait d’avoir changé de continent et de se rapprocher encore un peu plus de la destination finale.

Ne pas finir 30 mètres plus bas !

Arrivé pratiquement de nuit à Asmara, j’ai pu apercevoir un superbe coucher de soleil fort sympathique. Arrivé dans un appart-hôtel immense pour moi seul, je m’aperçois qu’il n’y a pas foule. Alors, quelques courses plus tard et un sandwich acheté rapidement, je me pose dans mon canapé pour regarder le match Belgique-Japon. Comme chaque soir, après de grosses journées à moto, je m’endors en moins de dix moutons et je me réveille vers 9 heures. Le temps de me préparer et de charger la moto, il est 11 heures quand je me mets en direction de Sinop, une ville à 200 kilomètres de là.

La distance peut paraître ridicule, mais la route étant assez exiguë et parfois inexistante, il faut prendre ses précautions pour ne pas finir 30 mètres plus bas ! Cependant, je ne boude pas mon plaisir. Quelle folie, cet axe de route ! La mer est d’un bleu turquoise et la route en lacets tracée à même les falaises donne à la fois le vertige et un panorama immense sur ce qui m'attend. C’est absolument grandiose ! Comme depuis mon départ de Paris, mes journées à moto sont accompagnées d’un ciel bleu infini. La température du thermomètre monte au-delà des 35 degrés, mais c’est toujours mieux que de la pluie à longueur de journée ! Donc s’il faut faire la danse du soleil pour continuer à avoir ce temps tout le long, je suis prêt à m’essayer à l’exercice.

D'Istanbul à Tbilissi, l'accueil, un art de vivre

Sur cette route j’ai rencontré un motard turc qui a tenu à prendre des photos de moi et de la moto. Il avait les yeux qui brillaient en voyant cette grosse cylindrée. Il avait une cinquantaine d’années et sur le moment ça m’a fait un peu mal au coeur de voir que moi, 22 ans, j’avais déjà une de ses plus grosses convoitises. Le niveau de vie est clairement moins élevé en Turquie, c’est de l’ordre de 300 € par mois. Donc pour obtenir une moto comme la mienne, plusieurs années d’économie sont nécessaires. C’est le système dans lequel on vit, c’est aussi "grâce" à cela qu’il est possible de voyager pour nous dans ce genre de pays sans y laisser des fortunes...

Arrivé à Sinop, je décide de repartir le lendemain pour avancer et tenir un bon rythme. Je me mets également en quête d’une bombe pour graisser ma chaîne, car cela fait un bout de temps que je ne l’ai pas fait et ça risque d’être dangereux si je n’en m’occupe pas dès maintenant. Naturellement je m’arrête dans une première station-essence qui m’affirme qu’ils n’en ont pas, mais que dans 2 kilomètres à la prochaine il y en aura. Super, j’ai de la chance dis donc ! 

D'Istanbul à Tbilissi, l'accueil, un art de vivre

Deux kilomètres plus tard il n’y a pas de bombe, mais la prochaine à 2 kilomètres oui, ils en ont ! Je me dirige donc vers la troisième et je vais vous surprendre... Ils n’en avaient pas et m’indiquaient la même chose. J’ai compris que personne ne savait qui avait quoi et que je ne trouverais rien dans les stations-service. Ce qui est compréhensible : j’ai croisé assez peu de motos sur ma route, donc l’offre suit la demande : très peu d’infrastructures dédiées à la moto.

Direction la Géorgie

Par chance, à Samsun, une ville moyenne, je  tombe sur un concessionnaire de la marque Mondial Moto qui va voir le garagiste d’à côté et me propose d’utiliser la sienne. Un vieux monsieur regardant la scène depuis le début vient m’aider pour que je graisse correctement la moto. Il la soulève sur la béquille et me permet de graisser correctement jusqu’à ce que je puisse en acheter une.

On commence à discuter, il bafouille un peu d’anglais et me dit qu’il a une BMW R 1200 GS. Bref, l’accueil turc est clairement incroyable : partout où je vais, j’ai soit des curieux, soit des gens qui cherchent à m’aider. Je trouve ça extraordinaire. Et je ne peux m’empêcher de penser que si un jour ils viennent en France, ils ne pourront qu’être déçus par rapport à ce qu’ils connaissent... On a tellement à apprendre de cette générosité naturelle, c’est fou. Et effectivement, comme on me l’avait dit, j’ai pu trouver une bombe. Le reste de la route, jusqu’à la frontière géorgienne, fut assez décevant, avec une double voie qui file tout droit sur 700 kilomètres. Le temps d’une pause à côté d’un monastère, mais il est fermé pour cause de rénovation. Tant pis, il est temps de changer de pays : direction la Géorgie !

D'Istanbul à Tbilissi, l'accueil, un art de vivre

Le passage de la frontière s’annonça très très, très long, sauf qu’un Messager de Dieu est venu me tendre la main pour m’aider sous la forme d’un homme turc qui me débita un nombre incalculable de mots par seconde et mima avec ses mains : le faufilage ! Il me dit de ne pas attendre et de foncer au guichet en doublant tout le monde. Hésitant au début, la chaleur m’a vite convaincu et en l’espace de 45 minutes j’étais en terre géorgienne, assurance en poche. Plutôt cool !

Après une bonne semaine à Batumi à faire du montage et à regardé notre équipe de France remporter la coupe du monde, je me suis remis en route en passant par le sud du pays, c’est-à-dire en longeant la frontière turque et ensuite arménienne.

D'Istanbul à Tbilissi, l'accueil, un art de vivre

La conduite géorgienne est aussi un bonheur grâce à la "civilité" des conducteurs : dépassement en plein virage ou même frontal... Mieux vaut être bien alerte et prudent sur les routes ! Cependant, l’état de la route étant chaotique sur certains axes, les voitures roulent plus doucement et cela limite les risques. Pour moi, ce fut un vrai plaisir d’emprunter ce genre de routes. La moto répond tellement parfaitement que je prends vraiment beaucoup de plaisir, même si c’est fatigant pour le corps et pour la machine.

Mauvais état des routes est synonyme de poussière... Celle-ci se dépose dans tous les recoins, la chaîne est alors aussi mise à rude épreuve mais tout tient le coup et c’est le principal. La première partie de cette route est très montagneuse, ce qui, malgré la chaleur, est supportable. Il y a de nombreuses zones d’ombre qui me régénèrent un peu ! Comme la chaussée est mauvaise, il arrive aussi qu’il y ait des cours d’eau qui traversent les artères : route devient rivière et rivière devient route ! Mais c’est ce qui rend aussi l’expérience mémorable !

D'Istanbul à Tbilissi, l'accueil, un art de vivre

Je m’installe à une cinquantaine de bornes d’un point touristique géorgien : Vardzia, cité troglodyte creusée à même la falaise. C’est un endroit très impressionnant qui se donne des airs un peu surnaturels. Ça se visite rapidement et c’est très accessible. Après une belle journée à visiter, je repars le lendemain pour Tbilissi. Et la route de Vardzia est tout bonnement dingue. Dans tous les sens du  terme.

Si je devais rebaptiser cette région, je l’appellerais "Little Mongolia" sur un axe d’environ 100 bornes. Je me suis cru en Mongolie ! Il y a des steppes, cette vision lointaine sur ces collines. Il y a cette lumière si particulière et il y a également cette sensation d’être seul au monde. Le chaos de la chaussée et la difficulté d’accès à ce point, lorsque l’on n’est pas véhiculé, préservent énormément la découverte de ce lieu. Jusqu’aux portes de Tbilissi, la route sera incroyable avec, comme à chaque fois, un coucher de soleil qui vient dessiner des ombres sur les montagnes.

Je me rends compte alors que je suis loin de France, rien qu’à la force de mon poignet, et j’apprécie encore davantage le moment.

D'Istanbul à Tbilissi, l'accueil, un art de vivre

Je ne sais pas où tout cela me mènera, mais ce qui est sûr, c’est que je serai ce vieil homme bavard qui a plein d’histoires à raconter. La beauté des paysages découverts par le prisme de la moto est tout bonnement incroyable, à 22 ans c’est l’opportunité de faire de grandes choses !

A bord du Professor Gül...

Après avoir quitté Tbilissi, je vous écris maintenant ces depuis le milieu de la mer Caspienne, à bord du "Professeur Gul". Un bateau transportant beaucoup d’aventuriers à moto ou en voiture, mais commençons par le début : Tbilissi.

Je suis arrivé à cette gigantesque guesthouse qui ne me convient pas, nous sommes plus de 600 et je n’arrive pas me faire réellement de copains, c’est trop gros, a part le petit-déjeuner qui était délicieux je n’ai aucune envie de rester? Je change donc d’endroit et me retrouve dans une petite guesthouse, une maison sur deux étages qui me permet d’échanger plus facilement.

A bord du Professor Gül...

Je fais la connaissance de ces deux garçons, Chris et Lawrence. Il font la "Mongolian Race", une course en sept semaines qui part de Londres pour rejoindre Oulan Bator (Mongolie). La plupart d’entre eux reviennent par train avec la voiture ou font le chemin inverse. C’est donc un parcourt gigantesque à faire en quelques semaines, qui a l’air extrêmement éreintant mais qui permet à tout le monde de faire un voyage fou pendant la période estivale et d’être de retour à la normalité au moment de la rentrée scolaire.

Ces deux anglais à l’accent bien prononcé m’ont donc pas mal informé sur ma prochaine destination : l’Azerbaïdjan. C'est le seul pays qui m’inquiète vraiment, le seul sur lequel je n’ai entendu que des choses négatives.

Mon seul problème est à chaque fois de passer mon drone sans le dire et de le cacher efficacement. Or Chris m’indique que certains participants (ils ont un groupe Facebook ou ils communiquent sur ce qui leur est arrivé ou pas) se sont vu confisquer leur drone... Certains ont même été scellés dans une boîte. D’autres ont eu leur voiture examinée au scanner. Bref, ils ont l’air très, très pointus...

A bord du Professor Gül...

C’est un point qui m’inquiète, car je ne veux pas qu’on me supprime le drone. Du coup je mets toute les chances de mon coté : je cache mon drone au milieu de mes affaires sales. Je place la manette dans des chaussettes, puis range le sac d’affaires sales je dans mon sac de vêtements. S’ils veulent le drone, il va falloir qu’ils le cherchent jusque dans mes slips et t-shirt sales...

Je me dirige donc le lendemain matin vers la frontière où je m’apprête à attendre très longtemps, car elle est connue pour être assez longue en raison justement des vérifications. J’arrive à la frontière géorgienne : personne ! Je prends une amende pour avoir dépassé la date de l’assurance que j’ai souscrite, et après avoir payé je pars pour la frontière azérie.

Quelques voitures, et encore une fois un papy me somme de passer devant tout le monde. Je montre mes papiers, tout ce passe bien, le militaire me fait une blague sur mes bottes et me demande comment ça ce fait qu’on ait les mêmes, ça me détend et je plaisante un peu avec lui. Ensuite je me dirige vers l’étape cruciale : passeport checking + luggage checking.

Pareil, je gruge tout le monde, je passe l’étape des papiers tranquillement puis un mec me demande d’ouvrir mes deux boîtes latérales. Il jette un coup d’oeil furtif, me dit de refermer et me somme d’aller présenter mon assurance. A ce moment dans ma tête je me dis que c’est très étrange, je n’ai eu droit à rien de ce que j’avais entendu précédemment. Je suis persuadé qu'il reste l’étape du scanner aux rayons X ou quelque chose comme ça...

Je souscris donc à une assurance et on me somme de me diriger vers la sortie. Je donne mes papiers une dernière fois et là... Le code barre n’ouvre pas les portes ! Ils me disent de retourner d’où je viens. Ça y est, ma chance a tourné, j’en suis sûr... Je suis bon pour un examen complet de la moto, c’est clair. J’y retourne. Le mec qui a checké mes bagages prend mon papier avec ce fameux code barre, le met devant un scanner et me dit de retourner aux portes de sortie. Je redonne mes papiers, la porte s’ouvre : je suis libre !

La pression redescend très vite, je suis euphorique comme jamais malgré les 38°C. Je m’arrête devant un supermarché acheter de l’eau et je profite : je suis en Azerbaïdjan et j’ai mon drone ! YES !!! Un homme m’aborde, il adore ma moto. Je mets les gaz pour le rendre heureux et il est super content, il pousse le moteur de sa Mercedes et nous rigolons tous les deux ! Les Azéris m’ont décidément l’air sympa !

A bord du Professor Gül...

Je lui serre la main, il s’en va et moi aussi : direction Gabala, une petite ville dans les montagnes pour y passer la nuit puis je me rendrais à Baku où une autre énorme épreuve m’attend : me rendre à Aktau au Kazakhstan depuis Baku par un ferry. Problème : il y a une cinquantaine d’équipages du Mongolian Rallye qui prend le même ferry et ça ne va pas être de la tarte. Mais on verra plus tard, pour l’instant je profite du moment présent.

La route de l'enfer...

Une partie de mon itinéraire vers Gabala est surnommé la route de l’enfer, c’est l’un des points les plus chauds d’Azerbaïdjan. Les grandes routes azéries me permettent de rouler assez vite pour avoir de l’air, mais j’ai clairement l’impression qu'un sèche-cheveux est pointé sur moi. Il fait près de 42°C à l’ombre et au soleil j’ai atteint les 48°C. Etrangement, j’ai adoré cette sensation de traverser des lieux aux températures extrêmes. C’était dur, éreintant, mais j’ai trouvé l’expérience intéressante.

Après avoir passé la nuit à Gabala sous une climatisation à 22°, je me remets en scelle pour Baku et la route ce passe merveilleusement bien. À 70 km de Baku, j’entre dans une sorte de zone aride rocailleuse. Ca ressemble en tous points à un désert, sans les dunes de sable. Je suis ébahi par le paysage sec de cet endroit. Je trouve ça magnifique. Des montagnes de roches brutes, rien d’autre. Des cailloux partout. Impressionnant !

Baku n’est pas sans reste. Cette ville a des airs de... Paris ! Il y a des immeubles haussmanniens dans beaucoup d’endroits. Je suis impressionné. Mon cerveau n’arrive pas à comprendre : j’ai l’impression d’être de nouveau à Las Vegas, au milieu d’une ville fausse, alors que ces bâtiments pour certains d’entre eux sont bicentenaires. Je trouve ça magnifique, cette ville étrangement me plaît beaucoup. Il y a beaucoup de diversité et pour une République Islamique, je suis extrêmement étonné de ce que je vois dans les rues et les magasins. Les femmes sont belles, portent des jupes qui ne couvrent même pas les genoux et les décolletés sont aussi de mise.

A bord du Professor Gül...

Après ces airs légers de Baku, il faut commencer à prévoir pour prendre le bateau pour Aktau (port du Kazaksthan de l’autre coté de la mer Caspienne). Il faut rester bien concentré, car à vivre c’est déjà à se tirer les cheveux, donc à expliquer c’est tout aussi compliqué. Commençons par le début : comment fonctionne toute cette machination...

Machination infernale

Pour obtenir ses tickets, il faut se rendre au port d’Alat qui ce trouve à 60 kilomètres de la capitale Baku. De ce port bordé d’un minuscule village habités d’irréductibles Azéris, il n’y a rien d’autre que des puits de pétrole et du sable - et de l’eau, évidemment. Ce port remplace l’ancien port de Baku pour les traversées vers le Kazakhstan. Les bateaux débarquent des wagons de trains, des remorques, des semi-remorques, des camionnettes, des bus, des voitures, des vans, des motos et des piétons.

Mais les tickets d’embarcation ne sont pas les mêmes selon les véhicules : un camion paye 1200 $ pour embarquer sur un bateau, tandis que moi je paye 110 $. Ce ticket n’inclut pas le prix d’un lit en cabine (80 $) et la "bridge tax" d’environ 13 $, obligatoire pour tous les passagers.

Les bateaux sont tenus par des entreprises privées et donc vous me voyez venir : elles marchent au rendement. Priorité à ceux qui rapportent le plus d'argent : les camions. Les motos sont donc presque tout en bas de l’échelle de priorité de ces compagnies maritimes...

A bord du Professor Gül...

Environ 98% des voyageurs en voiture font partie de la Mongolian Race et ils sont plus d'une cinquantaine à vouloir passer. Il n’y a pas assez de place pour tout le monde en général à cette période de l’année car c’est l’été et tous les aventuriers à roulettes sont sur les routes et la Mongolian Race occupe pas mal de place.

Personne ne se bat, mais la tension pour finir toutes les étapes se fait ressentir. Il faut bien avouer qu'à ce moment de l’année, une seule personne pour faire tous ces papiers c'est clairement insuffisant. Certains s’insurgent contre ce monsieur qui a malgré tout beaucoup à faire. D’autre attendent plus calmement. Certains deviennent carrément hystériques et personnellement je m’auto-congratule de voyager tout seul pour ne pas avoir à gérer un ami qui pète un câble, car il faut simplement attendre de longues heures.

Ce qui est frustrant dans cette attente, c’est que ce monsieur s’enferme de longues heures dans son préfabriqué pour faire d’autres aspects de son travail et que l’on ne sait pas vraiment ce qu’il fait. Cette porte qui s’ouvre est la seule opportunité d’obtenir son reçu...

A bord du Professor Gül...

Une fois dans ce port, il faut obtenir un note de paiement faite par un Azéri qui - vu de l’extérieur - fait tout aléatoirement. Pour obtenir ce premier sésame, il faut alors rester devant la porte du bureau de ce monsieur. Ce bureau est dans un cube préfabriqué posé à côté du parking d’embarquement des véhicules. On attend donc sous le soleil. Moi, d’autres motards, des gens en voitures, des camionneurs... Tous ceux qui n’ont pas leur ticket ou leurs note de facture attendent que la porte s’ouvre pour essayer de s’infiltrer et que cette homme se décide à faire les formalités pour aller à l’étape suivante, qui est pour moi le paiement de cette note à un guichetier dans un autre préfabriqué.

Dès le début je suis accompagné d’un autre motard, espagnol, qui se nomme Carlos. Un jeune homme de 42 ans super sympa qui est arrivé en même temps que moi au port avec une superbe BMW 850 GS. Il est Youtubeur et fait la promotion de cette nouvelle gamme de chez BMW en faisant le même voyage que moi : l’aller- retour en Mongolie.

A bord du Professor Gül...

Bref, nous payons et nous obtenons un papier de confirmation de paiement : deuxième étape validée ! Il faut alors retourner voir le premier homme avec ce même papier pour qu’il nous fasse les tickets. Même procédé : attendre avant de rentrer dans ce préfabriqué climatisé au bon moment. Après plusieurs d’attente, il faut encore le tampon par ce même homme qui confirme le tout. Une fois à ce stade, je donne ce qu’il reste à faire à Carlos, car je dois aller chercher mes affaires à Baku...

Le Saint-Graal en poche

En effet, en arrivant le matin, je venais pour une prise d’information mais ce n’est qu’une fois sur place que je me suis rendu compte de la longueur d’attente et de toutes les démarches. Je fais donc un aller retour express vers Baku et reviens en moins de 2 heures sur place. Carlos a fini les démarches pour moi qui ne nécessitaient plus ma présence : récupérer les tickets tamponnés qui nous confirment que nous sommes dans la liste pour le bateau indiqué sur le ticket : "Professor Gul". Nous faisons partie des chanceux qui sommes arrivés à temps au niveau du timing pour obtenir une place sur un bateau en une journée et nous allons embarquer sur le même bateau que certains qui attendent depuis 5 jours, voire plus (j’ai discuté avec des français qui ont attendu près de 9 jours)...

Une fois le Saint-Graal en poche, nous attendons donc l’arrivée du bateau et dans ce port on entend tout et son contraire... A 16h00, j’entends que le bateau arrivera dans la soirée. À 20h00, qu’il partira dans dix heures. Nous dormons tous sur place, à même le sol. Je gonfle mon matelas, me cale à coté de ma dulcinée à moteur et je m’endors. Et surprise : je dors super bien, toute la nuit il a fait 25° avec un vent permanent qui soufflait sur nos corps fatigués. Seul le soleil du lendemain nous rappelle à l’ordre et nous nous réveillons tous entre 7h et 8h30.

A bord du Professor Gül...

Je me suis fait des copains français qui font la Mongolian Race. Ils sont très drôles, on passe le temps comme on peut, on mange des pastèques entières qui nous coûtent 1,50 € pièce. On achète des bidons d’eau de 5 litres. Et comme avec nos parents plus jeunes, on se remet à jouer à des jeux pour passer le temps. On fait des petits bacs (je les ai fumés large les deux petits lyonnais !), on discute, on fait des blagues et on essaie de se trouver des coins d’ombre pour ne pas finir brûlé par ce satané soleil. Certains s’installent entre des containers avec leur hamac, d’autre qui n’en ont pas s’installent en dessous. Bref, l’ambiance de ce côté est bien plus détendue. On a tous nos tickets et il nous reste plus qu’à faire la queue pour montrer nos papiers à la frontière azérie pour nos véhicules, puis on attendra que le bateau veuille bien nous accueillir.

Enfin l'embarquement !

Et c’est ainsi que vers 17h nous sommes informés de l’embarquement. Chaque véhicule est fouillé à la frontière, passeport revérifié etc. Les motards passent en dernier. Je suis fouillé sommairement quand j’entends tout à coup qu’un des militaires parle à son collègue en lui parlant de drone, c’est le seul mot que je comprend dans les phrases. En effet, c’est interdit en Azerbaïdjan. Et celui qui parle anglais me dit :

- Est ce que l’on peut voir tout vos bagages, s’il vous plaît ?

Je ne panique pas, mon drone est dans mes affaires sales ainsi que la télécommande tout enveloppée de ces affaires qui sentent la bonne sueur de 2 ou 3 jours. Il faut ce qu’il faut pour garder des biens aussi chers avec soit.

C’est donc sans hésiter que je réponds "mais oui, bien sur", tout en me dirigeant clés en main pour ouvrir le tout. Et voilà que l’on me répond :

- OK c’est bon alors, allez embarquer. Merci et bonne soirée.

C’était un coup de bluff. Je l’avais senti des le début. Nous étions les derniers passagers et ça se voyait qu’ils en avait marre, du coup il ont juste testé ma réaction pour voir si je paniquais. Bien essayé !

A bord du Professor Gül...

Une fois dans le bateau, on commence à s'installer. Une des chefs de cabine est assez excentrique et très drôle, il règne une euphorie à bord qui fait penser aux colonies de vacances. C’est marrant. Le bateau et les équipements sont dans un état tout à fait acceptable, bien mieux que ce que je m’imaginais. Les lits, les cabines, les douches et les toilettes sont propres, cela reste sommaire mais c’est parfait pour nos jours à bord de ce bateau.

Et me voilà en train de finaliser ces lignes à bord de ce Professor Gül qui vogue tranquillement vers le Kazakhstan pour pouvoir m’emmener vers d’autres aventures qui je le sais d’avances vont être folles, rageantes et incroyable à la fois.

Un autre monde s’ouvre à moi et la route de la soie n’est plus qu’à quelques noeuds de là, mais c’est pour un peu plus tard les amis !

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