Rallye de Corse : un corse peut en cacher un autre...

Le tour de reconnaissance se passe "presque" sans problèmes... Enfin, presque en ce sens que les temps sont un peu serrés ! La liaison de 21 kilomètres entre les deux spéciales est assez tendue comme l'explique à MNC une habituée des rallyes en la personne de notre confrère de la revue Moto et Motards, Karine Sliz, ici au guidon d'une KTM 690 Duke.

"C'est des dingues !", s'exclame Karine interrogér au téléphone par Marcus à la fin du tour de reco : "21 kilomètres en 22 minutes, sur les routes d'ici, avec plein de traversées de mini-agglomérations, c'est quasi impossible à tenir si on respecte scrupuleusement les limitations de vitesse... On a dû rouler comme des malades avec Alain (Frattini, NDLR). Alain et Karine étaient tous deux venus participer à cette unique épreuve du championnat, par habitude et pour leur simple plaisir, comme sur les rallyes tunisiens...

Karine a perdu du temps au départ de reco de la première spéciale car sans horaire imposé, il était facile de perdre 5 minutes si on s'arrêtait un brin avant de rouler... Chaque minute est importante en rallye !

Les rebondissements s'accentuent dès la première spéciale chrono, durant laquelle le leader du championnat de France 2017, Christophe Velardi (Ducati 1200 Multistrada Ducati West Europe), certainement un peu stressé par cette victoire promise sur son territoire, part à la faute et perd plus de 5 minutes pour rejoindre l'arrivée de la spéciale d'Albitreccia : Christophe est out pour cette étape !

Mais ici, les corses sont en force et Thomas Verdoni (BMW S 1000 RR) corrige tout le monde en obtenant le meilleur chrono, 23 centièmes devant Laurent Filleton (KTM 1290 Superduke) et 74 centièmes devant la KTM 1290 Superduke R "CTM83" de Bruno Shiltz (1'51,99 contre 1'52,22 et 1'52,73).

Dans la même seconde on retrouve aussi l'Aprilia 1100 Tuono de Laurent Corchia, quatrième temps avec 1'52,99.

La deuxième spéciale chrono du rallye s'enchaîne donc une vingtaine de minutes plus tard et Thomas Verdoni confirme sa première performance en s'octroyant également celle-ci ! Derrière, ça bouge : Bruno Shiltz peut bénéficier de l'erreur de Christophe pour tenter de prendre la pole du provisoire du championnat et s'octroie le deuxième chrono en 1'33,41, à 69 centièmes de Thomas (1'32,72). Laurent Filleton obtient le troisième temps (1'33,84).

Le premier tour de cette première étape se sera donc bel et bien déroulé de jour pour tout le monde avec un retour à Porticcio comme prévu pour les 15 minutes d'assistance.

Puis le départ nocturne est donné. Il y a déjà eu quelques chutes et ça continue avec celle d'Antoine François Caviglioli au guidon de sa Honda 650 Dominator : l'ancien vice-champion de France de la catégorie Classique va lui aussi s'en mettre une mémorable, qu'il nous raconte comme si on y était...

"Le Dominator n'a pas dominé ce soir ! Violente sortie de route dans cette 3ème spéciale... J'étais en 4ème à fond et tout d'un coup, je ne sais pourquoi, la moto se dérobe, chute et glisse sur une cinquantaine de mètres avant de plonger 4 mètres en contrebas de la route ! Moi je la suis de près avec un nombre impressionnant de roulades ! Je suis un peu sonné, les idées embrouillées... Bon, je me relève, les jambes tiennent c'est déjà ça, mais grosse douleur au poignet gauche et aux deux genoux ! Je respire un grand coup et me penche sur ma moto dont les phares et le contact sont allumés. Après un gros effort je réussis à la relever et tout couper car l'essence pisse du réservoir ! J'allume ma frontale et lève la tête pour apercevoir le trottoir à 4 m au dessus de moi ! Putain, je suis dans la m...e, comment vais-je sortir de là ? J'écoute et j'entend des voix, ce sont les commissaires qui viennent à la rescousse, je vois de la lumière... Hé ho je suis là, si personne ne m'a vu aller au trou par contre ils m 'ont bien entendu avec le raffut que ça a fait ! Deux femmes m'aident à remonter sur la route et là on attend la fin de la course pour faire venir des gens, dont mon ami Rémy Duguet que je remercie chaleureusement ainsi que les commissaires pour remonter mon beau destrier terrassé ! Il faudra mobiliser huit personnes pour la remonter sur la route ! Je constate aussi avec une sueur froide que je viens de passer à 50 cm d'un gros chêne à gauche et à 1m d'un autre à droite... J'ai eu de la chance dans mon malheur ! Après un examen rapide je vois que la poignée de frein avant est partie en vacances et que le carénage est bien poncé, mais apparemment elle devrait redémarrer... Après une poussette dans la descente le moteur repart, je décide donc de rentrer avec, mais aussi avec une douleur lancinante aux poignet et genoux. Hors course, évidemment ! En enlevant ma combi, je constate que les genoux ont doublé de volume ! Je vais essayer de repartir demain, mais demain est un autre jour... Basgi à tutti bona notè"...

Sur cette troisième spéciale, c'est encore Thomas Verdoni et sa BMW S 1000 RR en tête de liste, toujours devant la KTM 1290 Superduke R de Bruno Schiltz qui ne lâche rien, suivi par Laurent Filleton (KTM 1290 SUperduke R) et Maxime Mettra (KTM 690 Duke 4, CTM83), premier "Rallye 2 Tecnoglobe" de la bande.

Coup de chapeau au premier "Rallye 3", Romain Cauquil, qui place sa KTM 390 Duke "KTM 34 Suttel Motors Group" en 10ème position juste derrière l'armada de tops pilotes insulaires sur leurs gros cubes !

Dernière spéciale de cette première étape : Thomas Verdoni est toujours en pole position, suivi de très près (51 centièmes) par Bruno Schiltz. Un peu plus loin (2,28 secondes) se trouve Laurent Filleton toujours en embuscade, talonné par le premier Rallye 2, Maxime Mettra. Romain Cauquil, premier Rallye 3, est à la 8ème place.

Au terme de la première étape "mi-jour mi-nuit", Thomas Verdoni est en tête avec 3,10 secondes d'avance sur le second, Bruno Schiltz, en passe de prendre la tête du provisoire du championnat "Elite SW Motech" suite à la faute de Christophe Velardi.

Une bonne quinzaine de pilotes ont écopé de pénalités horaires durant cette première étape mouvementée et font les comptes en reconditionnant leurs machines pour la deuxième étape de demain. Allez, tout le monde au lit : demain il fera jour !