Le dernier CISR a de nouveau annoncé son lot de mesures démagogiques et répressives, en phase avec le grand chantier national du futur ex-président, Jacques le bruit et l'odeur Chirac. Florilège.
Après la guéguerre de niveau CM2 qui a opposé pendant quelques jours le nouveau ministre des transports et le futur président de la République, finalement arbitrée par le premier ministre en faveur du second (lire Moto-Net du 29 juin 2005), le Comité interministériel de sécurité routière (CISR) a annoncé vendredi à Matignon son nouveau train de mesures démagogiques destinées à culpabiliser les usagers de la route en général et les motards en particulier.
Reprenant les statistiques 2004 déjà publiées en mai (lire Moto-Net du 10 mai 2005), le gouvernement s'est de nouveau appuyé sur LE mort supplémentaire en deux-roues (814 motards tués en 2004 contre 813 en 2003) pour considérer que "la situation des motocyclistes devient très préoccupante" car ils "accusent une hausse de +0,1% du nombre de décès par rapport à 2003".
Feignant toujours d'ignorer que les conséquences d'une chute à moto sont évidemment, forcément et irrémédiablement plus graves que celle d'un accrochage en voiture - et qu'elles le seront toujours, de par la nature même des deux types de véhicules, sauf à doter les motos d'une carrosserie et de quatre roues -, le gouvernement a comme il se doit mis en parallèle deux chiffres apparemment contradictoires : "bien que ne représentant que moins de 1% du trafic, ils [les conducteurs de deux-roues] constituent 15,6% des victimes". Un raccourci de choc qui permet d'oublier opportunément tout un tas de facteurs plus complexes, comme ces études montrant que 50% des accidents auto/moto sont imputables à l'automobiliste (qui dans près de trois cas sur quatre n'a tout simplement pas vu le motard), 37% au motard et 13% au facteur "pas de chance" (lire Moto-Net du 2 décembre 2004).
"Pour autant, la tendance est plus favorable pour les cyclomotoristes avec un nombre de personnes tuées en baisse de 13,7%", note encore le CISR, "ce qui peut en partie s'expliquer par les premiers effets de l'immatriculation des cyclomoteurs en place depuis le 1er juillet 2004".
Mais un CISR ne serait pas un vrai CISR TF1 approved sans le traditionnel couplet sur le débridage. Les éminents spécialistes ont donc de nouveau copieusement fustigé cette pratique - "quasi-systématique" sur les cyclomoteurs et sur "une grande partie" des motos de forte cylindrée -, qui "contribue à la dangerosité particulière de ces modes de transport". Afin de "renforcer la lutte contre le débridage des motos et des cyclomoteurs", le CISR a donc ajouté à un arsenal répressif déjà fort impressionnant deux nouvelles mesures coercitives :
Côté professionnel, "la commercialisation d'un deux-roues à moteur débridé sera sanctionnée plus fermement" : deux ans d'emprisonnement, 30 000 euros d'amende, confiscation du véhicule et interdiction d'exercice de son activité pour le professionnel.
Côté utilisateurs, "la circulation d'un deux-roues à moteur débridé" entraînera non seulement "l'immobilisation et la confiscation du véhicule" pour les cyclos et les motos, mais également "la suspension du permis de conduire avec un retrait de quatre points" pour le motard qui aurait eu l'outrecuidance de rouler sur un engin comparable à ceux de nos voisins d'Europe et du reste du monde.
Notons encore que la prolifération malsaine des radars automatiques (10 000 avis de contravention sont envoyés chaque jour) se poursuivra dès 2006 avec l'implantation de 500 nouveaux appareils fixes et mobiles, car "il convient de conforter le dispositif et d'amplifier son efficacité", estime le CISR qui annonce également "la suppression de l'annonce des radars mobiles par des panneaux en amont des dispositifs installés" (NDLR : contrairement aux appareils fixes, les radars mobiles n'ont jamais été signalés en amont, lire notre Dossier spécial).
La dose de démagogie et de répression déployée par le gouvernement de Dominique de Galouzeau de Villepin - nommé par Jacques "le bruit et l'odeur" Chirac pour succéder à un premier Baudet du Poitou usé jusqu'à la corde - est cette fois si énorme que même Le Figaro - vous avez bien lu ! - s'en est ému, regrettant que la politique de sécurité routière soit à ce point dictée par les "associations des victimes de la route" qui "interviennent dans le débat public en qualité d'experts autoproclamés au seul titre d'une compétence tirée hélas d'un accident de la route".
"C'est un peu comme si des familles de victimes d'un accident d'avion signifiaient ensuite une nouvelle façon de piloter aux navigants ou une autre façon de construire les aéronefs auprès de Boeing ou Airbus", poursuit le quotidien dit "de droite", déplorant le fait que les hommes politiques soient devenus incapables de dépasser ces "réactions épidermiques" : "les extrémistes de la sécurité routière entretiennent la confusion des genres à dessein, assimilant le dépassement de vitesse à celui d'un acte délictueux alors que ce sont les comportements ouvertement irresponsables qu'il faut décourager".
Décidément en pleine crise de lucidité, Le Figaro regrette pour finir que "les vraies mesures telle la réforme du permis de conduire, avec apprentissage du freinage d'urgence et l'évitement d'obstacle, ne [soient] toujours pas d'actualité".... On aura tout vu !
Mais le plus beau dans tout ça, c'est que Nicolas Sarkozy n'est pas encore président de la République ! Un constat qui laisse imaginer les belles années de l'après 2007, avec des dirigeants de plus en plus coupés du monde qui s'obstinent à frapper où c'est le plus facile et le moins compromettant, pour conserver l'illusion d'un pouvoir politique disparu et faire passer comme une lettre à la poste la disparition progressive des libertés en procédant par vagues de "bouc-émissairisations" successives : d'abord les immigrés clandestins, puis les étrangers en général, les intermittents profiteurs, les plombiers polonais, les vieux desséchés, les jeunes sauvageons, les chômeurs feignants, les fonctionnaires nantis, les grévistes preneurs de la France en otage, les automobilistes criminels, les motards inconscients... La liste est encore longue !
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