Une quinzaine d'élus parisiens réfléchissent depuis l'automne 2018 à la façon de repenser le périphérique. Sans surprise, les mesures prônées par cette Mission d'information et d'évaluation (MIE) sont toujours plus contraignantes pour les 1,2 million de véhicules qui l'empruntent chaque jour... Explications.
Depuis 2014, la vitesse est limitée à 70 km/h sur les 35 km de la ceinture périphérique parisienne au prétexte d'améliorer la sécurité et diminuer les émissions polluantes et sonores... Cinq ans plus tard, une commission d'élus parisiens recommande de passer carrément à 50 km/h pour les mêmes motifs, selon Le Parisien !
Cette nouvelle baisse de la vitesse serait l'une des mesures phares du rapport que s'apprêtent à remettre une quinzaine d'élus "issus de tous les groupes politiques du Conseil de Paris" à la maire Anne Hidalgo. Ce document est le fruit de travaux menés depuis septembre 2018 dans le cadre d'une Mission d'information et d'évaluation (MIE) chargée de "réfléchir à l'avenir" du périph'.
Rappelons que l'abaissement de la vitesse sur cette voie urbaine avait eu deux conséquences dont s'était félicitée la mairie fin 2014 : une diminution des accidents de "15,5%"... et une multiplication par deux du rendement des radars automatiques !
Passer de 70 à 50 km/h durant la "décennie 2020-2030" comme le prône la commission aura probablement les mêmes conséquences, sans pour autant régler les problèmes de fond : à quoi bon ralentir la vitesse théorique sur cet axe presque toujours embouteillé ?
Ne vaudrait-il mieux pas la faire évoluer au gré du trafic, afin de ralentir le flot de circulation aux moments opportuns et l'augmenter pendant ses rares moments de fluidité (très tôt le matin et très tard le soir) ? Imaginez le périphérique à 90 km/h pendant un retour tardif du bureau : un truc de dingue !
Les membres de cette commission "pariso-parisienne" - dont MNC serait curieux de connaître leurs habitudes sur le périph', s'ils l'utilisent... - préconiseraient également de réduire le nombre de voies sur le périphérique : de quatre à cinq actuellement selon les secteurs à deux à trois files selon ces "experts" !
Une véritable gageure quant on sait que le périphérique concentre près de 40% du trafic parisien, soit près de 1,2 million de véhicules par jour ! Tout ce beau monde devrait donc cohabiter sur un espace encore plus restreint à une vitesse réduite de 20 km/h : sacré progrès !
Objectifs de la manoeuvre ? Libérer de la place pour créer une voie réservée aux transports en commun, au covoiturage et aux véhicules dits "propres" (électriques ou hybrides). Et les motos, alors ? Pourtant, un deux-roues consomme moins et occupe moins d'espace : ça aussi c'est une solution pour "fluidifier le trafic", comme le souhaite cette MIE !
La commission prévoit aussi de remettre en "pleine terre" les voies condamnées par son rapport... dans la "mesure du possible", précise-t-elle toutefois prudemment.
Enfin, autre mesure choc : interdire l'accès aux camions de plus 3,5 tonnes dans le but de repousser ce trafic dit "de transit". Où ? Vers l'autoroute A86, qui deviendra à son tour encore plus saturée ! Mais déplacer un problème est visiblement une façon comme une autre de le résoudre...
Bonne nouvelle : ces préconisations ne sont pas entérinées car "les membres de la commission ont encore d’importants points de divergence selon leur couleur politique", rapporte Le Parisien. Ouf, un court répit pendant que ça se tire dans les pattes !
Mais inutile de se voiler la face : ces restrictions sont dans la droite ligne de la stratégie "auto et motophobe" de la mairie de Paris, déjà à l'origine de la fermeture des voies sur berges, de la circulation interdite aux véhicules considérés comme "anciens" dans certaines zones (ZFE), de la vignette Crit'Air, etc. Dès lors, leur approbation n'est sans doute qu'une question de temps.
Les "mesures les plus symboliques (réduction de la vitesse et du nombre de voies) font consensus", indiquerait même l’entourage de la commission cités par nos confrères du quotidien. De quoi soulever l'indignation des associations d'usagers comme 40 millions d'automobilistes, lassées de voir associées "écologie" et "restrictions" dans tous les discours politiques...
"Après les 80 km/h d'Édouard Philipe, voici la nouvelle trouvaille d'Anne Hidalgo pour apaiser la colère des Français : réduire les voies de circulation du périphérique et baisser la vitesse à 50 km/h. Et tout cela pour sauver la Planète, en toute humilité...", ironise Pierre Chasseray. "Quand cessera-t-on enfin de justifier chaque mesure contraire à l'intelligence et au bon sens par l'urgence climatique ?" s'interroge le délégué général de l'association.
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