Pixel impression
  • L'essentiel
  • -
  • En savoir plus...
TEST
Paris, le 6 juin 2008

La petite espagnole dans la cour des grandes

La petite espagnole dans la cour des grandes

Avec sa Mulhacén Café 125, Derbi rajoute une touche de sport à son roadster original Mulhacén 125 : grâce à des équipements de qualité, la petite espagnole compte bien régner sur la ville et ses alentours. Moto-Net.Com a testé ses prétentions à Barcelone.

Imprimer

Non content d'avoir posé de nouvelles bases dans le clan des roadsters 125 cc avec son inédite Mulhacén, le constructeur espagnol Derbi va plus loin en dotant sa machine mi-scrambler / mi-roadster de pneus orientés sport, et surtout d'un train avant digne d'une Supersport de moyenne cylindrée : avec son énorme fourche inversée Paioli de 40 mm et son mono disque avant de 300 mm, pincé par un étrier deux pistons à fixation radiale (!), la Mulhacén Café joue la carte du suréquipement et titille les amoureux des belles pièces !

Derbi Mulhacén Café : elle a tout d'une grande !

Pour l'enseigne créée en 1922 (et rattachée au groupe Piaggio en 2001), le but avoué est simple : s'adresser à tous les détenteurs de permis voiture qui souhaitent acquérir une moto originale et performante pour s'affranchir des aléas des déplacements urbains. Une option rendue possible depuis juillet 1996, date à laquelle l'Etat a autorisé la conduite d'une 125cc de 15 ch maxi aux automobilistes ayant plus de deux ans de permis. Une équivalence pas toujours appréciée par les motards titulaire du permis A et qui a récemment été aménagée en imposant désormais une légère formation (lire Moto-Net.Com du 3 janvier 2007).

Cette mesure a littéralement précipité les ventes des petites 125 vers des sommets, à tel point que les volumes vendus en France se rapprochent petit à petit du cap des 50% des ventes des cycles de plus de 50 cc (lire Moto-Net.Com du 14 janvier 2008) ! Mais l'historique marque ibère ne vise pas que notre marché : "de fin 2004 à 2007, les ventes 125 en Europe sont passées de 94 000 à 138 000 unités, !", indique le constructeur.

Derbi Mulhacén Café : elle a tout d'une grande !

Des chiffres qui laissent rêveurs, surtout pour Derbi dont l'attachement aux petites cylindrées est avéré : le constructeur, qui s'annonce comme le leader du marché 50 cc en France et en Europe, possède un palmarès sportif impressionnant (18 titres mondiaux).

Forgés en grande partie par le légendaire Angel Nieto, ces résultats pourraient se voir enrichir cette année grâce aux pilotes Derbi en GP 125, dont le récent vainqueur de sa course nationale au Mans, le toulousain Mike di Meglio (lire Moto-Net.Com du 19 mai 2008).

Un roadster 125 qui a du chien !

Découverte au milieu de la campagne barcelonaise, la petite Mulhacén Café (du nom du plus haut sommet de la péninsule ibérique) dévoile ses atours et commence son numéro de charme : difficile en effet de rester de marbre devant les lignes de la 125 espagnole, qui reprend pourtant la plupart des caractéristiques du modèle originel : la Mulhacén 125 dévoilée lors du salon de Milan 2006 (lire Moto-Net.Com du 21 novembre 2006).

Derbi Mulhacén Café : elle a tout d'une grande !Ainsi, on retrouve la ligne compacte (mélangeant habilement les genres trail, urbain et roadster), bien mise en valeur par le châssis tubulaire en acier renforcé, le bras oscillant de bonne facture, le silencieux qui remonte sous la selle, le grand guidon et les généreux plastiques enserrant le radiateur d'eau.

Un accessoire qui rappelle la modernité du bloc moteur équipant la Mulhacén Café, puisqu'il s'agit du même monocylindre quatre-temps, quatre soupapes de 124,2 cc que celui de la Terra et de la toute nouvelle Terra Adventure (lire notre Essai Moto-Net.Com du 5 juin 2008). Un propulseur "qui allie tempérament sportif et fonctionnalité", assure Derbi, et qui se distingue de ses concurrents par son double arbre à came, sa puissance et son taux de compression élevé (15 ch et 12:1).

Proposée uniquement en noir et rouge, la Mulhacén Café avoue même une certaine ressemblance avec l'illustre Ducati Monster. Un sentiment accru par la présence d'une bande rouge qui va du garde-boue avant jusqu'au réservoir de 13 litres (fermé par une jolie trappe de type "avia") et par l'élégant châssis tubulaire d'un rouge du plus bel effet.

Destinée à séduire un public adepte des beaux objets, la dernière née du constructeur se pare de jantes à bâtons en aluminium à la connotation plus "racing", qui se marient parfaitement avec le nouveau train avant au look impressionnant et à la qualité de finition irréprochable.

Derbi Mulhacén Café : elle a tout d'une grande !

Imperceptibles à l'oeil nu, les modifications dues à l'installation de la fourche inversée Paioli entraînent de légers changements sur la géométrie de la moto : l'empattement se voit allongé de 10 mm et la longueur maximum est également en hausse, mais surtout le poids à sec grimpe de 10 kg ! Bien entendu, les jantes à bâtons (qui passent de 18 à 17 pouces à l'avant) et l'étrier de frein avant radial accouplé à un disque de diamètre plus important (+20 mm) sont tout autant responsables de ce léger embonpoint, qui stabilise la balance à 120 kg à sec.

L'assise à deux étages est agréable et permet le transport d'un passager - qui appréciera la présence de poignées de maintien - sur de courtes distances : son faible rembourrage, associé aux vibrations bien présentes passé le cap des 8000 tours/min, n'en feront certainement pas l'ami des voyageurs au long cours !

Au chapitre des détails qui fâchent, on citera aussi l'aspect vieillot des rétroviseurs (toutefois très efficaces), l'espace trop restreint sous la selle, l'absence de coupe contact et de leviers réglables, ainsi qu'un compte-tours de type barographe peu lisible, d'autant qu'il ne possède pas de graduations !

Derbi Mulhacén Café : elle a tout d'une grande !

Un préjudice qui s'ajoute à une lenteur de réaction agaçante dudit accessoire, auquel on peut toutefois pallier en affichant les révolutions à la place du trip. L'occasion de se familiariser avec les diverses fonctions du tableau de bord, comprenant une horloge, un chrono (!), la vitesse moyenne, un trip kilométrique et un totalisateur. Ce côté moderne tranche avec le look rétro de la machine et n'apporte finalement que peu de bénéfices : seule la vitesse est réellement visible en mouvement !

Comportement dynamique ludique, mais perfectible...

En raison d'une soudaine pluie diluvienne, l'essai de cette sympathique petite cylindrée espagnole s'est malheureusement vu très écourté... et largement arrosé dans ses premiers kilomètres ! Une première prise de contact tout en douceur qui permet néanmoins d'apprécier l'ergonomie générale, l'onctuosité des commandes et celle du moteur.

Derbi Mulhacén Café : elle a tout d'une grande !Expressif (pour sa cylindrée) en seconde dès 5 000 tours, le monocylindre demande toutefois 2 000 révolutions supplémentaires sur les rapports suivants. Il est possible de monter jusqu'à 11 200 tours avant la - discrète - coupure d'allumage, côtoyée régulièrement tant le bruit de l'échappement à connotation sportive incite à cravacher l'ensemble !

Inutile toutefois d'essayer de faire passer des vessies pour des lanternes : malgré sa modernité et son rendement, les 124,2 cc n'autorisent qu'un modeste 110 km/h compteur (à l'aspi') : insuffisant, donc, pour s'aventurer sereinement sur les voies rapides et autres routes à forte circulation.

Vibrant de manière sensible au niveau du guidon et des repose-pieds à partir de 8 000 tours, le moulin espagnol emmène cependant la Mulhacén Café avec bonne volonté.

Le retour du soleil sur les routes ibériques permet d'user (et d'abuser !) des retouches apportées à la partie cycle et de leurs revendications sportives. Joueuse et agile, la moto profite pleinement de ses pneus à l'adhérence irréprochable.

Le cadre et le bras oscillant - largement dimensionnés - acceptent sans broncher la cavalerie délivrée par le moteur !

Derbi Mulhacén Café : elle a tout d'une grande !

La garde au sol se révèle largement suffisante pour s'amuser et la stabilité en courbe ne souffre d'aucune critique. Plus frustrant, le manque de feeling rencontré avec le train avant de la machine nuit au comportement volontaire de l'ensemble : avec un tel accastillage, la Mulhacén se devait d'offrir un comportement de haute volée.

Or, la fourche n'est pas assez freinée en hydraulique, ce qui entraîne une plongée exagérée au freinage et "fige" légèrement l'avant de la machine lors de freinages sur l'angle.

Derbi Mulhacén Café : elle a tout d'une grande !

Un phénomène gênant en conduite sportive, mais contournable en entrant en courbe sur l'élan (le frein moteur est suffisamment important pour bien se ralentir), ou en sollicitant l'élément arrière aux capacités avérées et à la préhension aisée.

Un compliment que l'on ne peut malheureusement pas retourner à l'imposant dispositif avant : la puissance est bien là, mais le feeling à la poignée est discutable et la garde, trop courte, rend les freinages réflexes brutaux.

Derbi Mulhacén Café : elle a tout d'une grande !

Conséquence logique de cette relative "mollesse" des suspensions : un confort sénatorial sur routes dégradées qui s'allie avec le grand guidon pour octroyer à la Mulhacén Café une prise en main évidente et un guidage aisé.

Les manoeuvres à l'arrêt et autres demi-tours ne sont qu'une formalité : un véritable plus pour les déambulations en ville, où la ligne réussie de la machine fera certainement tourner beaucoup de têtes !

Pour les amateurs de beaux objets

Fiche technique

  • Moteur : monocylindre 4T, 4 soupapes, Euro 3
  • Alésage x course : 58x47 mm
  • Cylindrée : 124,2 cc
  • Alimentation : carburateur 30 mm
  • Refroidissement : liquide
  • Démarrage : électrique
  • Taux de compression : 12:1
  • Allumage : électronique CDI
  • Transmission : 6 rapports
  • Cadre : tubulaire en acier renforcé
  • Suspension AV : fourche hydraulique 41 mm (déb. 110 mm)
  • Suspension AR : mono amortisseur (déb. 130 mm)
  • Frein avant : disque 300 mm
  • Frein arrière : disque 218 mm
  • Pneumatiques : 100/80*17 - 130/70*17
  • Réservoir : 13 litres
  • Poids à sec : 120 kg
  • Prix : 3899 €
  • Coloris : noire et rouge
  • Disponibilité : immédiate
  • Le constructeur espagnol destine cette 125 aux très nombreux citadins désireux d'acquérir "un objet unique, amusant et confortable" qui boudent le côté trop lisse des Yamaha YBR, des Zongshen ZS-R et autres SYM XS.

    S'il est vrai que son look original et réussi agrémentera le quotidien et que ses magnifiques pièces (fourche, freins, cadre...) ravira les esthètes, son comportement dynamique mériterait plus de rigueur pour que la Mulhacén Café réalise un sans faute.

    Et ce sentiment se renforce lorsqu'on sait qu'il faudra débourser 3 899 € pour acheter de la belle, soit 300 € de plus qu'une Mulhacén "classique" : un tarif élevé pour la catégorie, d'autant que la "grosse" Mulhacén 659, prochainement à l'essai sur Moto-Net.Com, s'échange actuellement pour 4 490 €...

    .

    .

    Commentaires

    Ajouter un commentaire

    Identifiez-vous pour publier un commentaire.

    .

    Les derniers essais MNC

    Essai Mash K750 : le côté sportif de la force Jedi !

Hors budget les Daytona 660, GSX-8R et autres R7 ? Poussez la porte d'une concession Mash : la marque SIMA et son partenaire chinois Jedi Motor lancent une sportive sexy et efficace de 75 ch à moins de 7000 euros ! Essai de la nouvelle K750, accessible A2.
    Routière 1 commentaire
    Kawasaki Z1100 2026 : l'essai vidéo de MNC

Après la Versys et la Ninja SX, c'est au tour de la ''Zed'' de recevoir la dernière génération du gros 4-cylindres Kawasaki ! La Z1100 conserve la partie-cycle de l'ancienne Z1000 mais hérite de l'électronique de la récente Z900. MNC a pu tester le maxiroadster vert (en version SE, noir en standard) en Vallée de Chevreuse… et en combinaison de pluie. Zut.
    Roadster 1 commentaire
    Kawasaki Ninja ZX-6R 2025 : le Petit test MNC en moins de 6 min

Pas le temps, le courage ou le besoin de visionner notre duel ultra-complet des sportives ZX-6R Vs R9 ? Optez pour notre formule allégée : le Petit test Moto-Net.Com ! Quelques minutes suffisent pour vous placer au guidon de la Ninja 636 de Kawasaki en allant directement à l'essentiel.
    Essai routière GT750 2025 : une trop grosse Mash ?

Avec ses 275 kg, la Mash GT750 est la plus grosse moto de la marque SIMA. Cette nouveauté construite par Jedi est aussi la plus confortable avec son carénage intégral, son pare-brise électrique et ses valises. Mais son "petit" bicylindre de 730 cc et 74,8 ch suffit-il pour emmener dignement cette authentique routière ? Réponses.
    Routière 1 commentaire

    A lire aussi sur le Journal moto du Net

    Les nouveautés moto Honda 2026 à l'EICMA de Milan en vidéo

Honda expose ses nouvelles motos pour l'an 2026 au salon Eicma ! Moto-Net.Com s'est rendu sur le stand du constructeur japonais pour s'informer sur sa routière CB1000GT (son prix !), sa moto électrique WN7, son prototype V3R 900 E-Compressor, le déploiement de son E-Clutch sur les 500 et 750cc, et sa néo-rétro CB1000F. Interview...
    EICMA 2025 : nouveaux coloris et nouvelles ambitions pour Harley-Davidson 

Harley-Davidson occupe un vaste stand au salon de la moto de Milan (Italie), pour la deuxième année consécutive, pour exposer entre autres ses nouveaux coloris 2026. Les visiteurs de l'EICMA peuvent aussi admirer les Road Glide des championnats de BaggerGP et même passer au guidon sur un simulateur testé par Moto-Net.Com !
    BSA dévoile un nouveau trail de 350 cc : la Thunderbolt

BSA, propriété du groupe indien Mahindra, présente une importante nouveauté au salon de la moto de Milan : le trail Thunderbolt. Cette nouveauté de 334 cc reprend le monocylindre de 39 ch de la récente Bantam, avec de grands débattements, une fourche inversée de 41 mm, une roue de 21 pouces et un poids de 185 kg avec 15,5 l. Sa disponibilité est annoncée pour mi-2026, à un prix non communiqué. 
    Nouveautés 2026 Suzuki : SV-7GX, l'alternative routière V-Twin

En voilà une idée qu'elle est bonne : Suzuki dévoile au salon EICMA de Milan une version routière à grand guidon de sa cultissime SV650. Cette concurrence désignée des Tracer 7 et Versys 650 s'en démarque par son joyeux bicylindre en V de 73 ch, aux normes Euro5+. Présentation de la SV-7GX 2026.
    Roadster 1 commentaire
    Kawasaki veut faire redécoller sa Ninja ZX-10R en 2026

Meilleure vente 2016 de Superbike en France, la ZX-10R n'est plus montée sur le podium. Pour décoller de ses cinquièmes places obtenues depuis 2022, la Ninja évolue en 2026 : Kawasaki lui greffe des ailerons - forcément - et un nouveau carénage, un moteur Euro5+ et un nouvel écran connecté. Découverte de la Verte.
    Nouveautés 2026 Yamaha : une R7 plus confortable et sophistiquée

Yamaha étend à sa R7 les évolutions technologiques apportées sur sa dernière génération de MT-07, sa donneuse d'organes. La sportive d'Iwata reçoit au passage l'IMU, un châssis et une ergonomie retravaillés ainsi que des jantes forgées. Présentation  de la R7 2026.
    Triumph dégaine une Trident 800 à moins de 10 000 balles

Après ses salves de motos électriques TXP et de Modern Classics renouvelées, Triumph continue de canarder ses nouveautés 2026 ! Dans le chargeur se trouve cette fois-ci un roadster inédit qui reprend l'esprit de la Trident 660 et pique le moteur de la Tiger Sport 800. Présentation de la Trident 800 !
    Roadster 1 commentaire

    POINTS FORTS

    • Lignes réussies et aguicheuses
    • Moteur vivant dès 5 000 t/min en seconde
    • Freinage puissant
    • Stabilité en courbe impériale
    • Boîte de vitesse agréable et efficace
    • Ergonomie et confort général appréciable

    POINTS FAIBLES

    • Prix et poids en hausse par rapport à la Mulhacén "classique"
    • Vibrations à 8 000 t/min
    • Feeling de la fourche et du frein avant à l'attaque
    • Tirage de la poignée de gaz trop long
    • En savoir plus...