Souvenez-vous, il y a 10 ans jour pour jour, MNC publiait : "Face au succès de Harley-Davidson, les constructeurs s'inspirent régulièrement de ses motos les plus emblématiques pour leur donner la réplique. Avec la XV950R, Yamaha s'attaque à l'Iron 883 : la Bolt fait-elle trembler l'entrée de gamme Sportster ? Duel".
Moto-Net.Com réédite la première page de ce duel MNC 2014 :
Il y a dix ans, donc, sur le Journal moto du Net...
Sur le papier, la récente Yamaha XV950R se veut une alternative crédible et inspirée à l'iconique Harley-Davidson Sportster Iron 883. Rien de moins qu'un "Bobber" possédant "le caractère et la personnalité des anciennes créations urbaines", le tout "revisité dans un look japonais néo-rétro", assure même le constructeur aux trois diapasons.
Bref, une réplique a priori dotée de sa propre identité et non une énième copie singeant l'originale avec plus ou moins de bonheur. "Ben voyons...", soupireront les amateurs de customs en rappelant que ce genre de discours est presque aussi vieux que la catégorie elle-même... Et qu'aussi "néo-rétro" qu'il puisse être, le "look japonais" a pratiquement toujours l'accent américain sur ce type de motos.
Il faut avouer qu'au premier abord, nul besoin d'être "tatoué" Harley-Davidson pour donner raison aux sceptiques... En opposant visuellement la nouveauté au plus accessible modèle de Milwaukee - en attendant les nouvelles Street 500 et 750 -, les ressemblances stylistiques et techniques sautent littéralement aux yeux.
Même silhouette ramassée et minimaliste, des dimensions générales presque identiques (2255 mm de long et 745 mm de large pour la H-D, 2290 et 775 pour la Yam'), une architecture moteur et une partie cycle similaires (bicylindre en V et double berceau en acier)... La XV950R, appelée "Bolt" de l'autre côté de l'Atlantique, fait certes oublier la Midnight Star XVS950 dont elle est issue (moteur et châssis), mais son aspect général renvoie incontestablement au "petit" Sportster !
Cette évidente ressemblance grandit encore lorsqu'on compare les motos plus en détails. Du garde-boue arrière bombé au phare rond en passant par le minuscule réservoir en forme de goute d'eau (12 litres sur la Japonaise, 12,5 sur l'Américaine), la transmission finale par courroie et le proéminent filtre à air sur lequel le genou droit cogne désagréablement (encore plus sur la Yam' que sur la Harley), la XV950R "s'inspire" de l'Iron 883 de manière particulièrement ostensible !
Jusqu'aux dimensions pneumatiques retenues pour chausser les jantes à bâtons noires (100/90/19 à l'avant et 150/80/16 à l'arrière) et le diamètre des simples disques de frein, similaire à l'avant et à l'arrière sur chacune des motos : 300 mm sur l'Iron, 298 sur la XV950R.
La Yamaha tente bien de se différencier par le truchement d'artifices esthétiques valorisants (ailettes moteur polies, selle façon daim surpiquée, feu à leds chromé, cache-silencieux ajourés), voire "sportifs" comme les disques à pétales ou les combinés-amortisseurs surmontés de bonbonne dorées (des amortisseurs spécifiques à la version "R", tout comme le revêtement de selle et la bande noire sur le réservoir).
Mais au final, l'ensemble se révèle insuffisamment audacieux pour se démarquer de l'Iron 883, qui dégage de surcroît une impression d'harmonie visuelle parfaitement étudiée. Il faut dire aussi que le constructeur américain planche sur la question depuis 1957, date à laquelle le premier Sportster a vu le jour (lire notamment notre Bilan occasion Sportster 1200) !
A l'arrêt, l'Iron 883 conserve l'avantage
Chaque pièce et les moindres éléments d'habillage parfaitement ajustés soulignent l'attention apportée aux détails sur la Harley, comme les clignotants à l'intérieur desquels de très visibles leds rouges remplissent les fonctions de feu stop et de feu de position, le réservoir "Peanuts" dont les bords inférieurs sont arrondis afin de dissimuler les soudures, les bâtons de jantes et l'étrier de frein polis, ou encore le marquage "Harley-Davidson" omniprésent.
Impossible en effet d'installer des pièces de l'Iron 883 sur une moto d'une autre marque : le logo ou l'inscription "Harley-Davidson" se retrouve d'un bout à l'autre du custom américain, des flancs de ses pneus Michelin Scorcher (Bridgestone Exedra sur la Yamaha) à ses soufflets de fourche en passant par ses étriers de frein commandés par des durits tressées (en caoutchouc sur la XV950R).
Ce dispositif de freinage voit par ailleurs son efficacité améliorée sur le modèle 2014 grâce à un nouvel ensemble "disques, étriers, maître-cylindre", mais aussi par le biais d'un ABS optionnel (en série sur le reste de la gamme Sportster). Notons au passage que cet antiblocage est pratiquement indécelable au premier coup d'oeil, puisque le capteur de vitesse de rotation des roues est installé à l'intérieur des moyeux.
En statique, la XV950R ne peut donc que s'incliner face à l'Iron 883 : la copie ne surclasse pas l'originale et s'avère même un léger cran en dessous en termes de finition. Non pas que la Yamaha souffre de détails bâclés (bien au contraire), mais l'Américaine lui oppose une qualité globalement supérieure au niveau des matériaux employés et des traitements de surface.
En outre, il est regrettable qu'à un prix extrêmement proche (9290 € avec l'option ABS pour l'Iron, 9499 € pour la XV950R uniquement importée en France avec l'ABS), la Japonaise se révèle moins bien équipée.
Son instrumentation cerclée de chrome ne contient que deux trips et une horloge, là où celle de l'Iron 883 accueille en plus - grâce à la technologie du multiplexage adoptée cette année - un indicateur de rapport engagé et un compte-tours. Certes, ces informations sont moyennement lisibles en roulant (à peine mieux sur le bloc digital Yamaha), mais l'intention est là.
Harley-Davidson enfonce le clou avec son système de démarrage sans clé, fourni de série avec une alarme. Dommage que ce pratique dispositif n'inclue pas un blocage de la direction automatique, comme sur certaines Ducati. Ici, l'opération demande de sortir la clé pour verrouiller manuellement le guidon via une serrure installée à même la colonne. A l'ancienne, quoi !
Même topo sur la XV950R, qui demande en outre de tendre le bras vers le bas de la colonne de direction pour mettre ou couper le contact. D'aucuns verront dans ce positionnement une note bienvenue de traditionalisme, d'autres railleront sa nature archaïque et peu pratique...
Côté pratique, justement, la Yamaha marque de précieux points en incluant une serrure sur son bouchon de réservoir ainsi qu'une trousse à outils plutôt bien fournie planquée sur son flanc gauche, derrière un petit carénage fermant à clé. En l'absence de coffre sous la selle biplace, c'est toujours ça de pris !
Sur la Harley, rien n'empêche de siphonner l'essence par convoitise ou de la gâter par vice, puisque le bouchon de réservoir ne se verrouille pas. Un détail aussi agaçant que le déploiement de sa béquille latérale, dont l'extrémité - mal dessinée - est franchement "casse-bottes" à manipuler.
Enfin, pas le moindre espace de rangement n'est proposé sur l'Iron 883, livré de surcroît comme une moto monoplace. Pour en profiter en duo, comptez "environ 200 euros supplémentaires" lors de la signature du bon de commande selon Harley-Davidson France pour l'installation d'une selle et de cale-pieds passager. Et si la transformation s'effectue après l'achat, il faudra y ajouter les frais de carte grise car la moto change de catégorie.
La suite de ce duel dans les pages suivantes :
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