Triste nouvelle pour les amateurs de motos à grosses sensations : l'explosif roadster MT-10 sort du catalogue faute d'homologation Euro5+. Son retrait entérine l'abandon de la motorisation 4-cylindres en ligne chez Yamaha, alors que la R1 n'est plus homologuée pour la route.
Mauvaise surprise en navigant sur le site officiel Yamaha : la MT-10 est référencée en millésime 2024, alors que l'année 2025 est déjà bien entamée. Renseignement pris auprès de la filiale française, le roadster à moteur de R1 prend effectivement la direction de la sortie : ce sont les stocks qui s'écoulent actuellement à 15 999 euros (18 999 euros en SP).
Lancée - et testée par MNC - en 2016, la MT-10 succédait avec panache à toute une génération de maxi-roadsters japonais devenus obsolètes, FZ1 en tête. Son 4-cylindres "Crossplane" de R1 bousculent les habitudes : le calage asynchrone de son moteur de 160 ch lui donne le caractère et la sonorité d'un V4. A 13 200 euros, c'est l'un des meilleurs rapport sensations-prix du moment !
La MT-10, c'est du bourre-pif dans les gencives dès les intermédiaires, suivis d'uppercuts et d'une allonge propre aux blocs multicylindres. Le tout servi par une bande-son à tomber par terre et un look qui semble, également, fracassé au sol ! "Une gueule de tueuse dans un corps d'athlète", titrait notre premier essai. Nos tests suivants seront dans la même veine, y compris celui de la dernière évolution de 2022 qui faisait de nouveau la part belle (façon de parler !) à un parti-pris esthétique toujours clivant.
Bref la MT-10, c'est une authentique machine à baffes capable de donner la banane à tout le monde avec son tempérament et son look "borderline". Une moto à tester au moins une fois dans sa vie, pour le fun ! De là à l'acheter, il y a un pas… que vous n'êtes plus si nombreux à franchir : le roadster le plus puissant de la gamme Yamaha s'est vendu à 507 exemplaires en 2024. Loin, très loin, du "road-star" MT-09 et ses 2154 immatriculations.
Plus embêtant aussi pour Yamaha : son moteur de R1 "dégonflé" exige de passer aux normes Euro5+ pour négocier le nouveau millésime. Or, le blason d'Iwata a fait le choix - douloureux, inévitable, discutable, sensé : rayez la mention inutile - de justement faire sortir sa Superbike du champ de l'homologation routière pour s'affranchir du passage aux normes.
Autrement dit : les frais et contraintes d'homologation du Crossplane 4 (CP4) doivent uniquement être portées par le roadster MT-10. Pas rentable au regard des volumes, alors même que la catégorie des maxi-roadsters sportifs donne par ailleurs des signes d'essoufflement. La faute, selon nous, à cette fuite en avant dangeureuse vers le toujours plus performant, plus sophistiqué et plus cher. Mais c'est un autre débat. Quoique ?!
Le retrait de la MT-10 soulève aussi un autre constat, plus général : Yamaha n'aura plus de motos à moteur 4-cylindres homologuées pour la route dans son catalogue. Seules les YZF-R1 et YZF-R6 Race et GYTR restent fidèles à cette architecture "historique", mais l'une comme l'autre sont désormais uniquement utilisables sur circuit.
En conséquence, la gamme motos de grosse cylindrée Yamaha se resserre exclusivement autour du bicylindre vertical des MT-07, Tracer 7, Ténéré 700 et XSR700 et du trois-cylindres des MT-09, Tracer 9 et XSR900. Une page se tourne sur une époque, pas si lointaine, où les constructeurs n'hésitaient pas à créer un moteur pour chacun de leur modèle !
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