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INTERVIEW
Paris, le 29 octobre 2007

Fabrice Auger : pilote français multicartes !

Fabrice Auger : pilote français multicartes !

Cinquième de son premier Dark Dog Moto Tour, Fabrice Auger a tourné cette saison en Superbike français et a remporté le Bol d'Or en catégorie Superproduction. Il revient pour Moto-Net.Com sur son année 2007 chargée... et sur son avenir !

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Si nos représentants tricolores ont parfois du mal à "percer" sur le devant de la scène moto, ce n’est pas faute d’y mettre les moyens : la preuve avec Fabrice Auger, jeune pilote Rémois en Superbike Français, vainqueur du dernier Bol d’Or (catégorie Superproduction) et classé 5ème à l’issue de sa première participation au Dark Dog Moto Tour 2007 !

Vous avez dit motivé ?...

Moto-Net.Com : Commençons par ta saison en Superbike Français : tu finis à la 22ème place loin des leaders et des espoirs nés de tes bons résultats de l’an passé (5ème en Open Stocksport et 8ème en 1000 Promosport). Qu’est-ce qui n’a pas "collé" cette année ?
Fabrice Auger : Cette année, j’ai eu la chance d’avoir du très bon matériel à ma disposition : mes Yamaha R1, mises à disposition par Sky Motos, était très bien préparées et compétitives pour être devant. Malheureusement dès la première course, je chute et je finis 15ème en serrant les dents. Puis à Nogaro, je tombe en course et je suis forfait pour l’épreuve suivante à Dijon. Enfin à Albi, je rechute : sachant que le championnat ne compte que 7 épreuves, ma saison était fichue. Mais au-delà de ces chutes et de ces blessures, ce qui m’a causé le plus de soucis est très certainement les pneumatiques.

MNC : Cette année, les polémiques sur les pneus semblent être prédominantes dans les différents championnats : quel était le problème en SBK Français ?
F. A. : Le souci, c’est que je roulai en Dunlop cette année et que malheureusement ce manufacturier n’équipait pas de la même façon les pilotes "officiels" et les autres. C’est évident que Guillaume Dietrich et qu’Olivier Four (respectivement 1er et 2nd du championnat -NDLR-) sont de très bons pilotes, très rapides et qu’ils méritent que Dunlop fassent plus d’efforts pour eux. Par contre, pour un pilote comme moi qui paie ses pneus, il était impossible d’avoir les mêmes références qu’eux ! Or, en terme de chrono, on a pu constater jusqu’à 1.5 sec au tour d’écart entre 2 pneus arrières...La seule solution pour essayer de suivre le rythme de devant était de te mettre en danger, de rouler à "bloc", alors que les leaders pouvaient parfois se garder une marge de sécurité et pourtant garder la tête de la course.

Fabrice Auger : pilote Français multicartes !

MNC : Schématiquement, tu t’alignais au départ de courses, que tu étais sûr de ne pas pouvoir gagner ?
F. A. : Exactement, même si tout n’est pas le fait des pneus : la catégorie était relevée cette année et je pense n’avoir le niveau que pour me battre dans les cinq/dix premiers. Mais l’an passé, en Stocksport, la différence de pneus était moins sensible et je finis 5ème au final, avec une deuxième place au Vigeant ... devant Olivier Four !

MNC : Pour l’an prochain, tu souhaiterais une évolution au niveau des pneumatiques ?
F. A. : D’après les informations que l’on nous donne, cela n’évoluera pas en terme de pneus : on a entendu parlé d’un manufacturier unique, mais ça ne sera certainement pas le cas. Donc le problème reste entier : prends David Muscat, par exemple, bien sûr, il lui a fallu développer sa nouvelle Ducati 1098, mais il a connu de gros soucis pneumatiques qui ne lui ont pas permis de défendre son titre.

MNC : Selon toi, le manufacturier unique serait la bonne solution ?
F. A. : (silence) Honnêtement, je serai pour, oui. Regarde en Moto Gp : les pneus conditionnement 50 % de la course. Or, à notre modeste niveau de championnat de France la situation est en train d’évoluer dans le même sens. Après, dans le cas du mono-marque, il faut bien sûr que chacun ait accès au mêmes pneus, ce qui n’était pas évident cette année : dans ce cas il vaut mieux laisser libre cours à la concurrence, d’autant que Bridgestone compte s’impliquer dans le championnat l’an prochain.

Fabrice Auger : pilote Français multicartes !

MNC : Un manufacturier de plus : quel sera ton choix pour l’an prochain ?
F. A. : Il n’y a rien d’officiel, mais je pense rouler en 600 Supersport Français sur la nouvelle Yamaha R6, normalement en Pirelli. Bien entendu, je souhaite trouver une équipe en Endurance pour le championnat du monde et peut-être retenter le Moto-Tour. Mais tout cela reste à confirmer.

MNC : Pourquoi ce retour en 600 après deux années en 1000 ? N’as-tu pas peur de te fermer des portes, pour l’Endurance notamment ?
F. A. : C’est vrai que pour la plupart des gens, quand tu passes de la 1000 à la 600, tu régresses : mais en fait tu ne redescends pas de catégorie, tu en changes tout simplement. Qui plus est, je pense qu’à mon âge ( Fabrice vient de fêter son 26ème anniversaire –NDLR-) le Supersport peut m’ouvrir plus de portes que le Superbike. Dans le même esprit, je participe à une course à Valence en novembre afin de me "jauger". Il faut être lucide : passé 25 ans, même si tu es devant en Superbike Français, on ne te proposera pas un guidon en WSBK ! Bien sûr, ça va t’ouvrir de bonnes portes en Endurance, mais là je pense avoir fait mes preuves : on devrait normalement gagner le titre Superproduction avec Endurance Moto 38 et le fait de rouler en Supersport en 2008 ne va pas l’occulter et/où décourager des teams managers.

MNC : Finalement, tu suis une démarche inverse de beaucoup de pilotes : le Supersport est normalement un tremplin vers la 1000, puis vers l’Endurance. Quelles sont tes attentes ?
F. A. : C’est vrai, mais j’ai commencé la compétition sur le tard (en 2003 –NDLR-), donc j’ai moins d’opportunités qu’un pilote qui a commencé à 18 ans en national, puis qui peut rouler en 600 Superstock Européen jusqu’à 21 ans, en 1000 jusqu’à 25 ans et à partir de là viser un championnat du monde. Moi, à mon âge et à mon niveau, je vais sûrement trouver une bonne équipe d’Endurance pour jouer le championnat du monde, peut-être faire quelques courses en British Superbike ou en Espagne, mais cela s’arrêtera là. Si je vais en Supersport l’an prochain, c’est pour être champion de France, j’y vais pour gagner : si le matériel le permet et que j’ai toutes les cartes en mains, alors l’objectif sera le titre. Ensuite dès 2009, je voudrais tenter le Supersport Mondial : je suis conscient que cela sera difficile, qu’un bon pilote en France est un pilote "moyen" en mondial. C’est aussi pour cela que tous ne tentent pas l’aventure. En plus, un pilote bien classé en France ne va rien payer pour rouler, voir même gagner sa vie correctement. Pour accéder au WSSP, c’est au minimum 150 000 Euros que le pilote devra apporter : rien que l’épreuve de Phillip Island coûte 30 000 Euros !Mais je veux essayer de le tenter, de saisir ma chance rapidement.

Fabrice Auger : pilote Français multicartes !

MNC : En marge de ta saison de vitesse, tu roules en Endurance depuis 2005 : vous voilà leader du championnat, avec Endurance Moto 38, une autre corde à ton arc ?
F. A. : Oui. Je m’y suis mis en 2005 au sein d’un petit team, puis l’année d’après j’ai fait le Bol d’Or et j’ai été engagé pour les 24 Heures du Mans et le Bol. L’endurance a considérablement rajeunie ces dernières années, c’est vrai que tu ne roules pas dans des chronos de courses de vitesses, mais le niveau est désormais tellement relevé que chaque relais équivaut à une course Superbike ! Cela m’apporte beaucoup au niveau de la gestion de course, de l’effort, tu apprends à repousser tes limites et çà, ce n’est que du plus. Cette victoire au Bol m’a en plus remis un coup de "boost" au moral, à un moment où je doutais un peu. Mon équipe Power 113 m’avait "congédié" entre les 24 heures et le Bol à cause de mes résultats en championnat de France : là-dessus j’intègre mon team actuel, on gagne l’épreuve et nous voilà en tête du classement avec 17 points d’avance. Magique !

MNC : Forcément, dans ces conditions tu as abordé le Moto-Tour avec une grosse motivation ! Mais pourquoi ce choix du rallye routier, pour un pilote de vitesse comme toi ?
F. A. : En vérité, j’ai été poussé par un de mes amis, habitué de l’épreuve : cette année il souhaitait que je le fasse à sa place, pendant qu’il s’occupait de tout pour moi. D’après lui, cela ne pouvait qu’être que de l’expérience bénéfique et je me suis dis "pourquoi pas ?". En plus ça me tenait à cœur d’essayer de gagner à Reims, ma ville, tout comme un pilote que j’admire beaucoup : Bruno Bonhuil. Pour moi, il est un modèle, c’est lui qui a fait connaître le sport moto à Reims.

MNC : Cela n’a pas été trop dur de se remettre à la conduite sur routes ?!
F. A. : Si ! Enormément ! Sur les reconnaissances dans le Sud, je n’osai pas freiner de l’avant car, je me voyais partir à chaque virage ! Mais, nous formions une bonne équipe, avec 4 pilotes de la région et l’encadrement était au top : ça permet de se concentrer sur l’épreuve et d’être serein. Là, je remporte l’épreuve Rémoise, grâce à la partie piste de Carole et je suis deuxième au classement FFM.

MNC : A ce moment précis tes objectifs sont revus à la hausse ?
F. A. : Oui, d’autant que je gagne la troisième étape à Croix en Ternois, puis à Magny-Cours et le jeudi soir je suis 1er au classement FFM !

Fabrice Auger : pilote Français multicartes !

MNC : Trois circuits, trois victoires : la suite s’annonce plus dure pour toi, avec que des liaisons, des spéciales piégeuses ...
F. A. : Effectivement, je savais que j’avais joué mon "va-tout" et que sur les spéciales j’allais souffrir, face à des adversaires beaucoup plus rapides et expérimentés. Ma seule stratégie consistait à limiter les dégâts et je termine 5ème pour ma première participation !

MNC : Maintenant que c’est terminé, penses-tu rééditer l’expérience, t’entraîner sur la partie "route" et pourquoi pas participer à l’IRC ?
F. A. : C’est vrai qu’à un moment donné, j’ai regretté de ne pas être plus expérimenté sur routes, car dans ce cas la victoire aurait été plausible. Pourtant, lorsque j’y étais, je pestai et j’étais parfois effrayé par le rythme des spéciales ... et maintenant que je suis rentré j’ai envie de me préparer à "bloc" pour l’année prochaine ! Maintenant, participer à toutes les épreuves, je ne pense pas : j’ai déjà ma saison de vitesse et d’Endurance à bien gérer. À voir l’an prochain, car je n’aime pas faire les choses à moitié : si je faisais l’IRC, ce serait pour le gagner !

En marge de sa carrière, Fabrice a créé Marne Moto Sport en 2004, une association qui est reconnue comme organisme d’intérêt général. Le but ? Sensibiliser les motards au danger de la route et dispenser des stages de pilotages moto à des jeunes qui, comme lui, auraient la vocation de la course et la volonté de gagner, mais qui ne savent pas comment s’y prendre.

Car, si Fabrice se veut "multicartes", c’est pour pallier une arrivé tardive dans le milieu de la compétition : grâce à ses stages et à son Brevet d’Etat, cet autodidacte de la moto souhaite aider les jeunes les plus doués, leur faire partager ses expériences, ses erreurs et sa soif de victoires !

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