Royal Enfield reste gaz en grand vers la croissance avec sa nouvelle Super Meteor 650, élégant cruiser propulsé par le bicylindre de 648 cc commun aux Continental GT et Interceptor. Suffisant pour briller sur la scène custom ? Réponses dans notre essai MNC.
Comment considérer cette nouvelle Super Meteor 650 : comme une Meteor de plus forte cylindrée ou une variante cruiser de l'Interceptor 650 ? Un peu des deux, mon capitaine, et ça lui va très bien ! Son bicylindre parallèle est repris tel quel aux Continental GT et Interceptor, tandis que ses lignes renvoient à la "petite" Meteor 350 testée par MNC en été 2021.
Plusieurs particularités cultivent cependant sa propre identité, à commencer par sa fourche inversée Showa - une première en 122 ans chez Royal Enfield -, son cadre tubulaire retravaillé par Harris, son réservoir goutte d'eau de 15,7 litres ou encore ses jantes en 19 et 16 pouces. Confidence pour confidence ("c'est moi que j'aime à travers vous !") : elle est craquante cette Enfield !
Sa finition soignée affirme ses ambitions : la Super Meteor 650 veut faire reluire ses chromes sur le segment custom. Stratégie pas idiote dans la mesure où ce genre de cruisers "rétro" de moyenne cylindrée se font rares… et chers : 10 199 euros par exemple pour la Kawasaki W800. Soit + 2309 euros que cette Super Meteor à 7890 euros (voir rivales ci-dessous) !
Traitement de surface qualitatif, soudures discrètes, éclairage Led, ailettes polies sur le twin refroidi par air-huile, long silencieux chromés saucisson, étriers Bybre (filiale indienne de Brembo) : aucun impair sur cette nouveauté qui incarne fièrement la montée en gamme vantée par le constructeur indien.
MNC apprécie également ses épaisses poignées avec "Royal Enfield" incrusté, ses leviers réglables, ses élégants commodos en métal, son joli bouchon de réservoir "aviation" sur charnière et sa pratique béquille centrale. Tout cela renvoie une image flatteuse et solide, qui se paie sans surprise sur la balance : 241 kg tous pleins faits. Trop pour ses modestes 47 ch ? Voyons cela !
Points clés Royal Enfield Super Meteor 650
L'accès à la Super Meteor 650 est évident grâce à sa faible hauteur de selle, en phase avec sa silhouette ultra-basse sur l'arrière. Cette assise est en deux parties sur la "standard" et d'un seul bloc sur la "Tourer", par ailleurs dotée d'un sissy-bar : le passager est logiquement mieux accueilli que sur le strapontin du "Cruiser".
Le pilote, aussi, est mieux installé sur la déclinaison voyageuse : la selle "en cuvette" de la version Cruiser manque d'épaisseur et bride la latitude de mouvements. Le confort est un cran au-dessus sur la Tourer, qui enfonce le clou avec son pare-brise fixe : buste et une partie du casque sont à l'abri, malgré quelques turbulences. Seul regret : les sacoches ne sont pas incluses de série sur cette Super Meteor 650 Tourer.
Tous les autres composants sont communs, notamment le large guidon recourbé à ses extrémités pour mieux tomber en mains. Ce dirigeoir est bien dessiné, sans mettre de contrainte sur les bras malgré son format relevé. Les repose-pieds garnis de caoutchouc - à l'avant comme à l'arrière, s'il vous plaît - sont avancés façon custom, mais sans excès : les jambes sont, disons, semi-dépliées vers l'avant.
La posture générale est confortable et dynamique, loin de certaines aberrations ergonomiques du genre ! Le sélecteur se place naturellement sous la botte, même si MNC n'aurait pas craché sur un format double branche sur le modèle Tourer... Reste que le passage des rapports n'entraîne aucune contorsion, en plus de se montrer assez fluide grâce à une boîte relativement rapide et précise (pour un custom).
Idem pour les commandes hautes évidentes à manipuler, ainsi que l'accélérateur facile à doser : la gestion par câble est aussi douce que progressive, pour une connexion à la roue arrière vierge de tout cahot. Du velours ! Seul bémol : le tirage long de cette poignée droite, qui tend à sur-solliciter le poignet pour ouvrir gaz en grand.
Autre petit défaut : le contact avec les flancs du réservoir se montre moyennement agréable en raison de l'appui que son format bombé génère sur l'intérieur des cuisses. Le phénomène est surtout perceptible en conduite dynamique, lorsque les jambes se resserrent autour du bidon pour affermir sa position.
Une conduite dynamique en custom ? Sur une Royal Enfiel de 47 ch, en prime ? "Quelle drôle d'idée", souriront certains. A tort : la Super Meteor 650 tient méchamment bien le pavé et possède l'allant mécanique nécessaire pour s'en payer une bonne tranche. Si, si !
Avec 47 ch pour 241 kg, la Super Meteor 650 ne peut évidemment prétendre au statut de "foudre de guerre"... Là n'est pas son intention, ni sa vocation : la performance pure n'est jamais en tête du cahier des charges chez Royal Enfield. Et pourtant la moto surprend avec son enthousiasmante facette joueuse !
Certes, son moteur est mécaniquement limité : n'attendez pas de lui des accélérations décoiffantes. Mais ce bicylindre est loin d'être mou de la bielle : hyper souple, il reprend très bas dans les tours sans rechigner - impossible de préciser à quel régime faute de compte-tours ! -, et avec suffisamment d'énergie pour s'extirper avec grâce du flot de circulation.
Sa mélodie sourde gagne en intensité au cap des mi-régimes, où la poussée reste gentille et "toute en rondeur" : la zone idéale pour flâner dans le gras du couple, sans avoir à rétrograder intensivement grâce à ses 52,3 Nm correctement étalés et disponibles "à 80% dès 2500 tr/m", selon ses concepteurs.
Dommage que des rapports trop longs pénalisent sa bonne volonté : le bloc s'essouffle inutilement avec cet étagement plus adapté à une grosse cylindrée, surtout sur les rapports supérieurs. En ville, sa première qui monte jusqu'à 65 km/h et sa deuxième à 95 km/h font aussi hésiter sur le rapport à choisir pour manoeuvrer confortablement à très basse vitesse…
Mais c'est plus haut dans les tours que le bicylindre nous surprend : MNC s'attendait à une accélération linéaire à partir des mi-régimes puis à une placide stagnation… et découvre en réalité un regain de pêche appréciable dans les hauts régimes ! Pas étonnant, finalement, au regard de ses côtes "super-carrées".
La Super Meteor accepte et apprécie d'être maintenue dans la deuxième partie du compte-tours, que l'on prend vite le pli de matérialiser "à l'oreille". Autre indicateur de l'état de montée en régime : des vibrations qui montent en puissance à l'approche du régulateur, sans toutefois pouvoir être qualifiées d'envahissantes.
La moto devient suffisamment réactive pour affronter gaillardement le sinueux, à condition de la maintenir dans les tours pour tirer parti de cet inattendu regain d'énergie et pallier la longueur de ses rapports. En cela la Super Meteor 650 est plus enjouée que la W800 citée plus haut, mais - pour rester chez Kawasaki - va tirer la langue face à la Vulcan S et son moteur moderne de Z650 avec 14 ch supplémentaires.
Autre qualité dynamique à mettre au crédit de cette Super Meteor 650 : sa partie cycle bien née, qui peut donner la leçon à plusieurs concurrentes. Son équilibre des masses pertinent permet notamment d'effacer ses 241 kg dès les premiers tours de roues, grâce à un centre de gravité placé très bas.
Alors qu'elle demande des bras pour être déplacée à l'arrêt, la moto se montre étonnamment alerte et réactive une fois lancée : c'est un jeu d'enfants de négocier les épingles du somptueux col de l'Espigoulier, à quelques encablures de Marseille (13) ! Jeu de grands restés gosses auquel la Royal Enfield se prête avec une remarquable bonne volonté. Dire qu'elle est sportive serait exagéré, mais ce n'est pas mentir que de la déclarer joueuse !
Sa direction ne colle pas malgré sa grande roue de 19 pouces, avec une inscription sur l'angle franche et progressive. Pas besoin de forcer la manoeuvre au guidon : la fourche inversée assure un guidage naturel, en plus de renvoyer une très bonne lecture de l'état de la route. Son maintien hydraulique correctement calibré ajoute une touche de confort de bon aloi.
A l'arrière en revanche, le faible débattement de suspensions (10,1 cm !) nuit à la gestion des chocs : les combinés font preuve de sécheresse et de peu de progressivité. Pas de quoi perturber l'équilibre général, mais suffisant pour inciter à rendre la main sur les passages bosselés. Secousses d'autant moins agréables pour le bas du dos faute de rembourrage de selle suffisamment épais…
La stabilité n'appelle quant à elle à aucune forme de critique, y compris lorsque les repose-pieds puis les silencieux viennent à racler le bitume. Comme sur la plupart des customs, cette limite d'angle est facile à atteindre mais intervient suffisamment tard pour profiter du potentiel : enrouler ses virages suffit à éviter les contacts, même à bonne allure !
MNC émet plus de réserve sur le frein avant, sans surprise assez faiblard et peu mordant : convoquer l'arrière est une nécessité pour des ralentissements courts et/ou d'urgence. Bonne pioche : la pédale droite actionne, elle, une forte puissance et offre un dosage précis et constant !
Points clés dynamiques de la Super Meteor 650
Royal Enfield est en pleine ascension grâce à la refonte de sa gamme, qui réussit le tour de force de se renouveler tout en restant fidèle à ses fondamentaux. Cette nouvelle Super Meteor 650 s'inscrit parfaitement dans cette approche jusqu'ici couronnée de succès.
Ce cruiser de moyenne cylindrée possède l'attractivité nécessaire pour chiper des parts de marché, bien aidé par l'image positive renvoyée par le constructeur indien. Son prix extrêmement bien placé est un autre argument en sa faveur, ainsi que son surprenant potentiel dynamique : c'est une moto attachante car ludique, à des années-lumières de certains customs "plan-plan" qui misent tout sur le look…
Cette digne descendante de la Super Meteor lancée en 1956 possède les qualités pour atteindre les objectifs revus à la hausse par SIMA, distributeur Royal Enfield en France : "on tablait sur 1000 ventes, mais je pense qu'on va en faire 1400", nous répond Frédéric Fourgeaud (au centre en veste beige ci-dessus) avant de nous inviter à le rejoindre autour d'une bonne table sur le port de Cassis, à mi-parcours de ce lancement presse.
"Pas le temps, Fred : je dois réaliser les vidéos de l'essai pendant la pause !", lui répond votre serviteur, provoquant un haussement de sourcil mi-courroucé mi-amusé du boss de la SIMA et son éternel barreau de chaise rivé aux lèvres…
Une semaine plus tard, MNC apprend son brutal décès... La satisfaction du devoir accompli ce jour-là laisse place au regret de ne pas avoir trinqué une dernière fois avec ce personnage déterminé qui occupait tout l'espace autour de lui, donc qui laisse un grand vide…
Rivales de la Super Meteor 650 |
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CONDITIONS ET PARCOURS | ||
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POINTS FORTS SUPER METEOR 650 | ||
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POINTS FAIBLES SUPER METEOR 650 | ||
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