Essai Brutale 800 RR 2018 : le roadster MV Agusta se Re-Radicalise

Moteur

Des miracles ! C'est bien ce que semblent avoir accompli Brian Gillen et son équipe d'ingénieurs à Varese : ils ont dû réduire les émissions de CO (-57%), de HC (-49%) et de Nox (-73%) de leur "Tre Pistoni" afin de respecter la norme Euro4, mais ont tenu parallèlement à conserver scrupuleusement le moindre cheval ou Newton-mètre !

Contraint de brûler moins d'essence, le moteur de la nouvelle Brutale 800 RR se montre aussi puissant et coupleux que l'ancienne version : 140 chevaux à 13 100 tr/min et 86 Nm à 10 100 tr/min. "Mais il est mieux rempli dans les mi-régimes", surenchérit MV Agusta, "il est quasiment aussi doux et rond que la configuration 2018 standard".

Pour arriver à un tel résultat, le constructeur italien a revu en profondeur son 3-cylindres de 798 cc : arbre d'équilibrage, allumage et injection (double toujours), soupapes et guides, arbre à cames, tendeur de chaîne de distribution mécanique (et non plus hydraulique), collecteur d'échappement, silencieux... La liste est longue !

"Il a également fallu diminuer son "niveau sonore" de 80 à 77 dB, ce qui correspond à une réduction de "l'intensité sonore" de -51%", calcule le responsable R&D américain d'origine mais italien d'adoption. Pour cela, la firme a investi dans des caméras à traquer le son.

Selon la marque transalpine, les nouveaux carters moteur et pignons d'entraînement des pompes, ainsi que l'ajout d'une bête vis - sur l'un des flancs vers une paroi interne - diminuent grandement les nuisances sonores, tout en conservant la touche MV.

Moto-Net.Com considère qu'il faudra travailler encore un peu pour éliminer les derniers bruits mécaniques, trop audibles lorsqu'on vient de démarrer sa machine et qu'on lui laisse de temps de chauffer au ralenti, de lubrifier ses coussinets de bielles et vilebrequin... "contrarotatif, comme sur la M1 de Rossi et très vraisemblablement la RCV de Marquez", rappelle Mister Gillen, ancien responsable compétition chez MV.

La mécanique est censée être à la fois plus fiable et plus agréable : le système d'embrayage du démarreur est entièrement revu, la boîte de vitesses est redessinée, tout comme l'amortisseur de couple sur la jante arrière. Brutal, le roadster MV Agusta ne l'est pas, même quand on le cherche un peu !

En adoptant un embrayage à commande hydraulique enfin, le 3-cylindres du (top) modèle italien perd 20 mm de tour de taille en largeur maxi. Un "Rossignol Milanais" à taille de guêpe ? On aura tout vu !

Partie cycle

La partie cycle évolue moins que le moteur et MV Agusta rentre bien moins dans le détail. Il faut donc se pencher sur les fiches techniques des Brutale 800 RR de 2015 et de 2018 pour comparer, une à une, leurs principales caractéristiques...

"Effectivement, la châsse augmente car l'angle de la colonne de direction s'ouvre d'un degré", nous éclaire Mister Gillen lors de notre visite de l'usine (photos et vidéos interdites, quel dommage). "L'empattement augmente en conséquence, mais l'agilité de la moto reste excellente". MNC confirme !

Plus haute de 20 mm, la nouvelle selle n'est malheureusement pas mieux rembourrée. C'est tout le contraire même, à cause de la superbe boucle arrière ajourée ! L'adage selon lequel "il faut souffrir pour être (sur une) belle (moto)" prend tout son sens sur la Brutale 2018 !

Si les suspensions sont reconduites, leur caractère s'est révélé plus sportif lors de cette - trop courte - présentation. Les réglages hydrauliques de "notre" modèle testé fin 2014 n'étaient-ils pas restés d'origine ? MNC retient qu'en sortie d'usine, la 2018 est plus rigoureuse, notamment dans les relances en sortie de courbe.

En contrepartie, l'amortisseur Sachs et la fourche Marzocchi de 43 mm - tout en alu ! - tapent un peu trop en ville sur les ralentisseurs ou les pavés. Là encore, les motards qui cherchent avant toute chose une moto agile et réactive seront comblés.

Les esthètes et amateurs de "bella machina" se réjouiront aussi de trouver sur cette Brutale 800 RR 2018 un jeu de jantes en aluminium forgé de toute beauté, mais qui font singulièrement monter la facture : 15 970 euros, contre 13 590 euros pour le modèle 2015 à sa sortie.

Le freinage, on l'a évoqué dans l'essai, est irréprochable à l'avant : les deux disques de 320 mm sont férocement pincés par les étriers radiaux Brembo à 4-pistons de 34 mm, mais le pilote garde toujours le contrôle. À l'arrière, la puissance est au rendez-vous (220 mm, 2-pistons de 32 mm) mais le dosage est moins évident.

Indétectable sur la fiche technique et invisible dans l'absolu, la modification de la fixation avant du moteur sur le treillis - via deux vis au lieu d'un long axe - doit améliorer la flexibilité du châssis et améliorer la tenue de route/circuit. Le Journal moto du Net avoue humblement ne pas avoir senti de différence !

Électronique

"La mise à niveau de la nouvelle Brutale 800 RR est également électronique", prévient MV Agusta, souvent à la pointe de la technologie : "mises à jour de la poignée d’accélérateur, du changement de vitesse up & down EAS 2.0, des algorithmes du traction-control", sont au programme... informatique.

Le roadster italien propose toujours trois modes de conduite ("Rain", "Normal" ou "Sport") et un quatrième "Custom" entièrement paramétrable : sensibilité des gaz (faible, normale ou grande), puissance maxi ("rain" ou "full"), frein moteur (léger ou important), réponse moteur (rapide ou lente), rupteur (progressive ou abrupte)...

Les modes sont toujours aussi faciles à gérer : une simple pression du pouce droit permet d'en changer, en roulant et sans avoir à valider le choix. Doser l'antipatinage ou désactiver l'ABS est tout aussi enfantin grâce aux deux boutons du commodo gauche cette fois. MNC a pu les utiliser facilement, y compris avec des gants d'hiver.

"Autre nouveauté, le tableau de bord est maintenant équipé de la fonction OBD (On Board Diagnostic)", signale le constructeur... qui aurait pu greffer l'écran TFT couleurs de sa Turimo Veloce sur cette version haut de gamme de la Brutale 800, non ? GRR !