Duel ER-6n Vs MT-07 : Yamaha remue les Verts !

Grâce à son embrayage plus progressif et à son injection mieux calibrée, la MT-07 conserve l'avantage en ville. La petite Yamaha braque en outre plus court (5,02 m mesurés pour faire demi-tour contre 5,38) et ses vitesses passent plus agréablement et moins bruyamment que sur sa Verte rivale. Oui, vous avez bien lu : la Yamaha jouit d'une sélection sans reproche !

Plus disponible mécaniquement parlant, la MT-07 continue son récital grâce à son twin calé à 270° qui accepte de descendre à 1500 tr/mn sur les trois premiers rapports sans esquisser l'ombre d'un cognement. Sa rivale - plus rugueuse avec son twin calé à 180° - exige environ 500 tours de plus pour repartir aussi souplement.

Vive, très vive même, la direction de la nouveauté se place et se déplace d'un battement de cils, en faisant preuve d'une docilité et d'une précision qui feront mouche dans les motos-écoles. Extrêmement facile à prendre en mains, l'ER-6n "saute" elle aussi les bouchons avec une facilité déconcertante mais doit s'incliner sur le plan de la maniabilité pure.

La Verte paie ici la rançon de sa direction un peu plus ouverte (25° d'angle de chasse contre 24°) et surtout de sa surcharge pondérale face à sa rivale : 204 kg tous pleins faits annoncés (sans ABS) contre 179 kg, soit la bagatelle de 25 kg d'écart en faveur du roadster d'Iwata !

Dynamique : l'ER-6 trouve à qui parler

Cependant, si à l'arrêt et à très basse allure la différence est frappante (sortir la MT-07 d'un stationnement en dévers, par exemple, est bien plus facile), elle s'estompe avec la prise de vitesse. Grâce à son très bon équilibre et à son pneu arrière plus étroit (160 mm contre 180), la Verte ne fait aucun complexe face à la Yamaha lorsqu'il s'agit de promptement virer de pif à paf. Mieux : la voici qui commence à dicter sa loi tandis que le rythme s'accélère !

Deux caractéristiques expliquent cette prise de pouvoir de l'ER-6n : son moteur rageur et sa partie cycle plus rigoureuse. Moins bien rempli dans la première partie du compte-tours malgré des régimes similaires à vitesse égale (à 130km/h en 6ème, les deux moteurs tournent un peu en dessous de 4000 tr/mn), le twin de la Kawa offre une allonge supérieure et un tempérament plus explosif.

Si l'ER-6 perd une bonne dizaine de mètres lors de nos tests de reprise - dont l'essentiel au passage des 4000 tr/mn -, elle stabilise l'écart puis commence à le combler lorsque son aiguille approche des 7000 tr/mn : les plus expérimentés sauront en profiter pour effacer les virages poignée dans le coin !

Sur du billard, les mêmes profiteront de la rigidité de son châssis et de ses mouvements d'amortissements mieux contenus que sur la MT-07 pour rester en tête. Plus précise du train avant et moins sensible à la prise de frein sur l'angle, l'ER-6n les régalera alors avec sa motricité impériale, sa stabilité irréprochable sur l'angle et sa garde au sol nettement plus élevée que celle de la Yamaha.

Dépourvue de ce pic de puissance à haut régime, l'accélération de la Yamaha n'a rien de triste pour autant : la MT-07 fait valoir sa légèreté et ses performances moteur légèrement supérieures (74,8 ch et 68 Nm contre 72,1 et 64) pour repartir tel un boulet de canon.

Plein comme un verre dans une soirée étudiante, son moteur est un régal de polyvalence : souple et docile en bas, ce bloc comprimé à 11,5:1 (10,8 sur la Kawa) pousse ensuite gaillardement et avec constance, répondant présent sans temps mort ni violence.

Gare toutefois à ne pas se laisser abuser par cette relative linéarité, car de gros muscles se cachent sous cette apparente bonne volonté : un brusque coup de gaz en seconde dresse la joueuse MT-07 sur la roue arrière, tandis qu'il faut s'aider de l'embrayage pour faire de même sur l'ER-6n !

En remettant plein gaz en sortie de courbes serrées, ce punch mécanique met parfois à mal la stabilité du train avant de la Yamaha, en comprimant son amortisseur peu freiné en début de course et en allégeant du même coup sa direction. Pas d'inquiétude cependant : la MT-07 n'étant pas un monstre débordant de puissance, un simple renforcement des appuis sur les jambes permet d'endiguer le phénomène !

Sur routes bosselées, la hiérarchie s'inverse de nouveau : plus rapide dans les enfilades bien revêtues grâce à son accord de suspensions plus ferme, la Verte chahute gentiment son pilote - surtout de l'arrière - lorsque des irrégularités apparaissent. Dans ces conditions, la MT-07 se montre plus conciliante, filtrant efficacement les bosses sur lesquelles sa rivale rebondit. Cette absorption bien calibrée sert à la fois la cause du confort et de la motricité, car une roue qui quitte le sol ne transmet pas de puissance !

Dans un dernier sursaut d'orgueil, l'ER-6n tente de revenir en profitant de son excellent freinage, mais rien n'y fait : même si le dosage de ses étriers à deux pistons se montre plus précis à la prise de levier, la Yamaha offre une puissance supérieure grâce à ses étriers quatre pistons. Il convient simplement de la convoquer avec plus de fermeté que sur la Kawasaki.

En sortie de virages, l'écart se creuse au bénéfice de la Yam' grâce à la fougue quasi inépuisable de son moteur. On se dit alors qu'avec un tel tempérament mécanique et un réservoir de seulement 14 litres, les pompistes vont bientôt tutoyer chaque propriétaire de MT-07...

Mais il n'en sera rien : sans trop tirer les rapports et en respectant au kilomètre/heure près les limitations de vitesse, MNC a parcouru 245 km avant de déclencher son témoin de réserve (sous forme de clignotement de la dernière barre de la jauge). Verdict à la pompe : 4,3 l/100 km ! Moralité : tout en restant joueur, un bicylindre de presque 700 cc peut se montrer sobre sans être bridé à 6500 tr/mn, à l'image des Honda NC.

Dans les mêmes conditions, la Kawasaki s'est révélée un zest plus gourmande, brûlant 4,7 litres d'essence aux 100 km. Pas de quoi rougir pour la Verte, d'autant qu'elle joue placée sur le plan de l'autonomie grâce aux deux litres supplémentaires de son réservoir (16 litres).

Qui plus est, MNC sait d'expérience qu'il est possible de consommer encore moins à son guidon : lors de notre test exclusif de consommation "mini" (100 bornes sans dépasser 4500 tr/mn en compagnie des Honda NC700S et Suzuki Gladius), l'ER-6n est descendue à 3,5 l/100 km. A ce rythme, les motos vont bientôt produire du carburant !

Verdict : une Yamaha pas piquée des Verts !

Résumons un peu : la MT-07 est nettement plus légère que l'ER-6n (25 kg !), ce qui constitue un plus quel que soit le profil de l'usager : de l'élève de moto-école au motard confirmé, tous (et toutes) apprécieront son poids plume. Elle est aussi plus tolérante d'amortissement et moins rugueuse sur le plan mécanique, deux qualités là encore assez universelles.

L'ER-6n n'est pas en reste en matière de polyvalence grâce à son excellent équilibre naturel, son confort de selle supérieur, ses poignées passager bien fichues et ses pratiques crochets d'arrimage. La Verte se distingue en outre par son tempérament moteur à deux facettes et sa cohésion de suspensions plus sportive.

Certes, ces dernières caractéristiques demandent un peu plus de "métier" pour être pleinement savourées, mais elles sont tellement savoureuses, justement ! Les motards aimant prendre de l'angle sans compter et tirer leur trajectoire au cordeau après un freinage tardif préfèreront sans aucun doute la Kawa, une moto à la fois douce et pratique la semaine, puis rigoureuse et incisive le week-end. Un must qui mérite pleinement son énorme succès.

La Yamaha remporte toutefois la mise car elle (s')offre le luxe d'être moins chère (5699 euros contre 5999) malgré son statut de "vraie nouvelle" moto. Et cette différence se creuse encore avec l'option ABS, facturée 500 euros sur la MT-07 et 600 sur l'ER-6n.

A nos yeux, cette équipement de sécurité s'avère trop cher sur ce type de motos, surtout dans le cas de la Kawasaki où il représente plus de 10% du prix total ! Un effort devrait être fait à ce niveau, d'autant que ces petits roadsters se destinent majoritairement à un public aux bourses souvent douloureusement cisaillées par les cordons de la crise...