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REPORTAGE
Paris, le 22 novembre 1999

Les motards de la Gendarmerie

Les motards de la Gendarmerie

Comment sont formés les motards de la gendarmerie, principaux sectateurs de l'idéologie sécuritaire actuelle ? Enquête au Centre national de formation motocycliste de Fontainebleau, où sont formés les 6 000 gendarmes motards de France.

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Dans le contexte ultra sécuritaire actuel, où la sécurité est érigée en dogme quasi religieux, il nous a semblé intéressant de savoir comment étaient formés les principaux sectateurs de cette idéologie : les motards de la gendarmerie. Moto-Net s'est donc rendu fissa - 90 km/h ! - au Centre national de formation motocycliste de Fontainebleau, en région parisienne, où sont formés les 6 000 motards qui arpentent fièrement les routes de France aux couleurs de la gendarmerie nationale.

1 700 motards stagiaires par an
Le Centre national de formation motocycliste de Fontainebleau forme chaque année 1 700 gendarmes (formation initiale plus perfectionnement tous les huit ans). A l'issue de la formation initiale de 3 mois, les gendarmes ayant passé avec succès l'ensemble des épreuves se voient délivrer un permis militaire non homologué dans le civil. Le stage de formation est réservé aux gendarmes de moins de 35 ans, mais après obtention du permis les motards en képi pourront user du cylindre jusqu’à 55 ans.

Malgré l’intensité de la formation, tant du point de vue physique que psychologique, une centaine d’accidents sont à déplorer chaque année chez les stagiaires. Côté motivations, un instructeur interrogé par Moto-Net précise d'emblée que "celui qui n’aime pas viscéralement la moto ne parvient pas à passer le cap de la première semaine".

Le musée des ancêtres
Une fois passées les formalités d'usage et la guérite de sécurité, le commandant Fercoq, responsable du centre, nous accueille chaleureusement sur le perron de l’école. Cet aficionado originaire de Toulon (plusieurs affiches de corridas ornent son austère bureau de commandant), précédé de ses incroyables moustaches horizontales en forme de flat-twin, nous guide à travers le Musée de la moto de la gendarmerie française.

Les spécimens les plus représentatifs sont soigneusement mis en valeur dans un des locaux préfabriqués de la cour de l’école. Dommage, il manque la splendide Indian 1200 des années 50... On peut tout de même y admirer sous toutes les coutures des motos telles que :

    - Dollar KS II (photo)
    - BSA FA7 500 vertical-twin
    - Harley-Davidson 43 WLL (1943)
    - Monet-Goyon L5A1
    BMW R65 GS TT, qui équipait notamment les armées danoise et française jusqu’à ce que Yamaha prenne les choses en main (lire Les Yamaha de la gendarmerie, Moto-Net du 01/11/99)
    - Norton 99 Sport 600 Vertical Twin (1960)
    - BFG 1300 SL, moto française dont le moteur n'est autre que celui de la Citroën GS !
    - Ligier 600 SL (1984), dont le carénage avant est la copie conforme de celui d’une certaine R 1100 RT...
    - etc.

A l’extérieur, les épreuves du plateau occupent la majeure partie de la place d’armes. L’habituel son du clairon est avantageusement remplacé par le chant rauque des R 80 RT aux cylindres rabotés par des prises d'angles un peu optimiste.

"Terrain militaire : danger de mort"
Au coeur de la forêt de Fontainebleau, sur un terrain militaire interdit au public et spécialement aménagé pour la formation moto, force est de constater que les parcours imposés aux stagiaires ne tolèrent pas l’amateurisme. Chaque tracé présente en effet des difficultés techniques largement supérieures à celles que l'on rencontre sur le plateau du permis civil.

Les dix parcours imposés portent chacun une couleur différente en fonction de leur difficulté, comme les pistes de ski. A l’exception d'un exercice, les stagiaires n’ont le droit ni de freiner, ni de débrayer. Aucun parcours n’est chronométré, et les aptitudes de chaque stagiaire sont essentiellement appréciées à l'aune du fameux "PTRA" cher aux instructeurs : position, trajectoire, regard, accélération.

A l’issue de leur stage, les jeunes recrues doivent obtenir une note au moins égale à 10. Entre 8 et 10, l’administration leur octroie gracieusement une seconde chance. "Si j’ai un doute quant aux aptitudes d’un stagiaire, je ne lui délivre pas le permis", explique le commandant Fercoq, qui ne souhaite pas s’offrir le luxe d’appliquer la présomption d’innocence : l’aptitude du motard professionel ne doit pas être équivoque, un point c’est tout !

Le professionnalisme en chemisette...
Cette conception du professionnalisme s’avère payante puisqu’une fois en unité, les accidents dus à une faute personnelle du motard sont plus que rarissimes. Ce constat est d’autant plus troublant que le gendarme motorisé consacre, lorsqu’il évolue sur sa moto, seulement 20% de son temps au pilotage stricto sensu, contre 80% à son métier de gendarme. En d’autres termes, il fait attention à tout (infractions, filatures, législation sur les transports routiers, etc.)... sauf à la route !

A en croire le commandant Fercoq, le faible taux d’accidents ne milite pas en faveur d’un équipement spécifique. La chemisette est donc tolérée, même s'il recommande tout de même à titre personnel le port d’une veste de cuir.

Quant à la partie théorique de la formation elle s’articule, entre autres, autour de la réglementation sociale communautaire et des matières dangereuses (temps de travail des chauffeurs routiers, autorisations de circulation, etc.).

L’école délivre une formation uniforme (c'est le cas de le dire !), sauf cas particulier. Les brigades de recherche de la gendarmerie française, par exemple, reçoivent ainsi une formation spécifique de trois semaines axée sur la filature en motos banalisées. But du jeu : enfourcher sa moto et filer le train d'une voiture pendant 48 h sans se faire repérer !

Eh oui, l’énervé qui vous fait l’intérieur comme un dingue sur sa GSX R est peut-être tout simplement un valeureux gendarme en service commandé qui vous file le train...

Vérification et remise à niveau
Tous les huit ans, les motards de la gendarmerie doivent suivre un stage de vérification et de remise à niveau. Le délai doit prochainement passer à cinq ans, dès que le centre aura emménagé dans de nouveaux locaux plus spacieux.

En outre, les instructeurs conseillent fortement aux gendarmes motorisés d’entretenir leurs lombaires par des programmes de musculation adaptés. Un des gendarmes interrogés par Moto-Net prétend d’ailleurs qu’il vaut mieux éviter de faire de la moto toute sa vie...

D’une façon générale, le commandant Fercoq insiste sur les problèmes de sécurité, et notamment sur la vitesse en ville et sur routes secondaires. Cela étant, il admet volontiers que la cause principale des accidents résulte d’une part de l’inadaptation de la vitesse aux circonstances, et d’autre part du non respect des règles de priorité par les autres usagers. Enfin, il constate que "9 fois sur 10, un accident de moto est lié à un problème personnel dans la vie du motard". La solution préventive en cas de blues du gendarme est alors immédiate : 2 jours de repos loin des flat-twins !

Une formation comparable dans le civil ?
La formation délivrée par l’école de gendarmerie motorisée est d’une qualité incontestable. Fiable et axée sur un professionnalisme averti, elle n’a rien à envier, bien au contraire, à la formation des motards civils. Il est d’ailleurs très probable qu’un simple titulaire du permis A, même confirmé, ne serait pas capable d’accomplir un sans faute, ne serait-ce que sur le plus enfantin des parcours d'entraînement...

Par conséquent, au lieu de prévoir prison et amendes de folie pour le motard indélicat et de pleurnicher sans cesse sur des statistiques véritablement alarmantes, pourquoi l’Etat ne forme-t-il pas les motards civils comme il forme ses propres motards militaires ?

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